Il m'a été difficile de choisir les textes que je désirais vous faire connaître, tant ils étaient de qualité. J'ai essayé de recopier ceux qui me semblaient le plus léger. J'aurais préféré bien entendu vous épargner le paragraphe "Disparitions", mais cela aurait été une supercherie, car à un moment donné de notre existence nous sommes tous confrontés à la mort. Dans son introduction, Jean-Pierre Guéno, nous rappelle d'ailleurs que les fondamentaux de l'existence humaine ne sont autres que la vie, l''amour, la mort... Peut-on évoquer la vie, sans songer à la mort? Je ne pouvais éluder ce chapitre.
La conclusion, de ses quelques jours passés ensemble autour des Premières fois, c'est naturellement Jean-Pierre Guéno qui va nous l'offrir... Et puis j'invite aussi Jean Ferrat, ce grand poète, qui avait si bien chanté : "C'est toujours la première fois". Première fois de la rencontre amoureuse, première fois éternelle que nous voudrions tous pouvoir connaître et vivre, lorsqu'il n'y a jamais de lassitude, lorsque chaque jour est un recommencement, une nouvelle aventure, lorsque chaque rencontre est une fête. Première fois chimérique bien sûr, mais première fois magique..."Tu peux m'ouvrir cent fois les bras, c'est toujours la première fois!"
"Qu'ils aient eu l'air insignifiants ou spectaculaires, ces instants fragiles et décisifs qui ont changé nos vies ont tous eu un point commun; chacun d'entre eux nous a renvoyé de nous-mêmes une double image : celle de ce que nous étions devenus, et celle de ce que nous étions au tout début de notre existence.
Au moment où tout a basculé, nous avons perdu nos armures, nous avons perdu nos masques; chacun de nous a retrouvé la fragilité, le désarroi, la vulnérabilité du point de départ. Nos vies se sont alors projetées sur l'écran de nos enfances...
Alors en nous ayant incité à comparer ce que nous étions progressivement devenus à ce que nous étions à l'origine, l'instant du basculement nous a permis de faire le point; il nous a éclairés, il nous a révélés... Il nous a ouvert la possibilité peut-être pour la première fois de tracer notre propre route, notre propre chemin."
Jean-Pierre Guéno
Claude Monet - La femme à l'ombrelle -
C'est toujours la première fois
Enfin enfin je te retrouve
Toi qui n'avais jamais été
Qu'absente comme jeune louve
Ou l'eau dormante au fond des douves
S'échappant au soleil d'été
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras
C'est toujours la première fois
Absente comme souveraine
Qu'on voit entre deux haies passer
O toi si proche et si lointaine
Dès que l'amour file sa laine
Entre nos doigts désaccordés
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras
C'est toujours la première fois
La faim de toi qui me dévore
Me fait plier genoux et bras
Je n'aurais pas assez d'amphore
Ni de mots encore et encore
Pour y mettre son terme bas
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras
C'est toujours la première fois
La soif de toi par quoi je tremble
Ma lèvre à jamais desséchée
Mon amour qu'est-ce qu'il t'en semble
Est-ce de vivre ou non ensemble
Qui pourra m'en désaltérer
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras
C'est toujours la première fois
L'amour de toi par quoi j'existe
N'a pas d'autre réalité
Je ne suis qu'un nom de ta liste
Un pas que le vent sur la piste
Efface avant d'avoir été
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras
C'est toujours la première fois
JEAN FERRAT