La Sainte Trinité, par Hendrik van Balen (Anvers)
Très sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit
je Vous adore profondément
et je Vous offre
les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ
Présent dans tous les tabernacles de la terre
en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences
par lesquels Il est Lui-même offensé.
Par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie
je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.
(Prière enseignée par l’Ange en 1916 aux trois voyants de Fatima)
Introduction
L’Evangile de Saint Mathieu se termine par l’envoi solennel de Jésus dans le monde entier, pour enseigner les nations, et les baptiser au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit (Matthieu 28, 19). Il s’agit bien des trois Personnes divines, mais le nom de « Trinité » n’est pas prononcé. Il ne l’est pas non plus dans les autres Evangiles, et moins encore dans l’Ancien Testament.
Dom Guéranger fait remarquer à ce sujet : « Nous avons vu les saints Apôtres, au jour de la Pentecôte, recevoir l'effusion de l’Esprit-Saint, et bientôt, fidèles à l’ordre du Maître, ils vont partir pour aller enseigner toutes les nations, et baptiser les hommes au nom de la Sainte Trinité. Il était donc juste que la solennité qui a pour but d'honorer Dieu unique en trois personnes suivît immédiatement celle de la Pentecôte à laquelle elle s'enchaîne par un lien mystérieux. Cependant, ce n'est qu'après de longs siècles qu'elle est venue s'inscrire sur le Cycle de l'Année liturgique, qui va se complétant par le cours des âges » (Année Liturgique, temps après la Pentecôte).
Comment et quand est « née » la Sainte Trinité ?
Posée sous cette forme, cette question surprendra certainement, car nous savons et croyons tous que Dieu est Eternel. Mais, dans l’Ancien Testament, nous voyons surtout Dieu Père, dans le Nouveau Testament Dieu Fils, avec l’annonce du Paraclet du Saint-Esprit. Il semblerait que la Trinité soit « née » au cours des millénaires et des siècles, selon les circonstances, avec l’apparition de Dieu à Abraham, avec l’Incarnation, avec la Pentecôte.
C’est pour quoi il m’a semblé important d’aller voir si, dans l’Ancien Testament, on ne trouverait pas des allusions, des annonces de ces trois personnes appelées « DIEU », qui plus est : « DIEU UNIQUE », UN SEUL DIEU ».
La Genèse
Dès le début de la Bible, la Genèse nous présente le récit de la création du monde, puis de l’homme et de la femme :
Genèse, chapitre 1° :
1. Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
3. Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut.
6. Dieu dit : Qu'il y ait un firmament au milieu des eaux et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux et il en fut ainsi.
9. Dieu dit : Que les eaux qui sont sous le ciel s'amassent en une seule masse et qu'apparaisse le continent et il en fut ainsi.
11. Dieu dit : Que la terre verdisse de verdure : des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence et il en fut ainsi.
14. Dieu dit : Qu'il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit; qu'ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années;
20. Dieu dit : Que les eaux grouillent d'un grouillement d'êtres vivants et que des oiseaux volent au-dessus de la terre contre le firmament du ciel et il en fut ainsi.
24. Dieu dit : Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce et il en fut ainsi.
Le Créateur est appelé du seul nom de « DIEU ». Et, dans la création des éléments qui composent le monde, ce Créateur crée toutes choses par sa Parole. La formule utilisée est « DIEU DIT », répétée sept fois. Ce chiffre « sept » semble indiquer que la création non seulement est parfaite que tout est bon, comme le déclare le texte ; mais il peut aussi indiquer que la création du monde matériel est menée à son terme, qu’elle est terminée.
Le texte se poursuit pour passer à ce qui ressemble fort à une autre création, je dirais, à une autre forme de création, à une création nouvelle. En effet, si l’expression employée est la même « DIEU DIT », une « précision » est ajoutée, et le texte explique le pourquoi de cette précision. Voyons le verset 25 :
Genèse chapitre 1° :
26. Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu'ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre.
Le ton a changé : certes, c’est la Parole toute puissante de Dieu qui va créer quelque chose de nouveau, en disant : « FAISONS », qui, n’est pas un singulier, mais un pluriel qui n’a rien d’un pluriel de majesté, car il indique le caractère exceptionnel de cette nouvelle création, de cette nouvelle créature : elle est faite à « NOTRE image, » à « NOTRE ressemblance » : elle possède quelque chose qui la rend proche, qui l’unit et la relie de manière particulière et exceptionnelle à ce Créateur à ce Dieu qui a dit : « Faisons ». De plus, l’homme reçoit en quelque sorte une participation au privilège divin du Créateur, qui lui donne mission de dominer sur toute la création.
FAISONS ? Ce n’est plus simplement DIEU DIT »… Une pierre d’attente. Une première piste de réflexion. D’autant plus qu’il y a, dès le début, cette mention mystérieuse :
Genèse, chapitre 2° :
2. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, l’esprit de Dieu planait sur les eaux.
Dans sa note (c) la Bible de Jérusalem écrit à propos de la parole « esprit » : « come l’oiseau qui vole au dessus du nid où sont ses petits ». Ce qui renforce la compréhension que l’homme, créé par Dieu, a bien une place privilégiée dans cette création : il est le « petit » de Dieu. Il a avec Lui un rapport particulier, que n’a pas le reste de la Création. Ce qui explique l’intimité entre Dieu et Adam et Eve, qui parlent avec Dieu, dans le Paradis Terrestre.
Abraham
Faisons brièvement connaissance avec la famille d’Abraham :
Genèse chapitre 11° :
27. Voici la descendance de Térah : Térah engendra Abram, Nahor et Harân. Harân engendra Lot.
28. Harân mourut en présence de son père Térah dans son pays natal, Ur des Chaldéens.
29. Abram et Nahor se marièrent : la femme d'Abram s'appelait Saraï; la femme de Nahor s'appelait Milka, fille de Harân, qui était le père de Milka et de Yiska.
30. Or Saraï était stérile : elle n'avait pas d'enfant.
31. Térah prit son fils Abram, son petit-fils Lot, fils de Harân, et sa bru Saraï, femme d'Abram. Il les fit sortir d'Ur des Chaldéens pour aller au pays de Canaan, mais, arrivés à Harân, ils s'y établirent.
Abraham qui s’appelait alors Abram, habitait tout d’abord la ville de Ur en Chaldée (Basse-Mésopotamie), puis celle de Harân (nord-ouest de la Mésopotamie). La Mésopotamie était une région que l’on appellerait « païenne », car elle adorait de nombreux dieux, des idoles. Mais, un jour, DIEU parle à Abraham, et lui demande de quitter Harân avec sa famille et ses troupeaux pour aller à l’endroit que Dieu lui désignera.. Dieu lui promet de faire de lui une grand peuple, de le bénir, de magnifier son nom qui servira de bénédiction. Par lui se béniront toutes les nations (cf. Genèse 12, 2-3). Alors, Abram part avec sa femme Saraï, son neveu Lot, et tout ce qu’il possède, et se dirige vers le Pays de Canaan (Genèse 12, 5).
J’invite le lecteur à lire dans le Livre de l’Exode, à partir du chapitre 12°, (le 2° livre de la Bible) les pérégrinations d’Abram-Abraham, en Egypte et dans tout le pays de Canaan, et ses « aventures » familiales, avec son neveu Lot, avec sa servanteet son fils Ismaël, son intercession en faveur de Sodome, l’épreuve avec Isaac son fils unique que Dieu lui demande d’immoler, selon les coutumes du pays dont Abram était originaire. On voit Abram parler aisément avec « le Seigneur Yahvé » qu’il ne connaît pas encore, dont il ne connaît pas le nom, qui sera révélé à Moïse 7 siècles plus tard, mais qui lui dit pourtant « Je suis le Seigneur Dieu qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens pour te donner ce pays en possession » (Genèse 15, 7) sans lui révéler son Nom, et sans lui révéler qu’il est le Dieu Unique. Mais le contexte donne l’impression que c’est un dialogue entre deux « personnes », Abraham et Dieu qui se présente comme un Dieu Puissant, pour ne pas encore dire tout-puissant et unique. Et Abraham ne semble avoir aucun hésitation à écouter Dieu, même quand il lui demande d’immoler son fils. Qui plus est, nous dit le texte de la Genèse, après que Dieu lui eut promis une descendance, Abraham passa la montagne, à l’orient de Béthel, y dressa sa tente, ayant Bethel à l’ouest et Aï à l’est ». Sichem est un lieu saint situé à environ 90 km au nord de ce qui sera Jérusalem. L’endroit où Abraham installa ensuite sa tente est situé plus au sud, à 20 km au nord-est de Jérusalem. C’est là que « Abraham bâtit un autel au Seigneur et invoqua son Nom » (cf. Genèse 12, 6-8). Quel nom ? Nous ne le savons pas.
Plus tard, Abraham reçoit un jour une visite singulière et fort significative, et par sa rédaction, et par les personnages présentés, mais surtout par le mélange du pluriel et du singulier dans la conversation : Dieu apparaît à Abraham au Chêne de Mambré :
Genèse chapitre 18° :
1. Le Seigneur lui apparut au Chêne de Mambré, tandis qu'il était assis à l'entrée de la tente, au plus chaud du jour.
2. Ayant levé les yeux, voilà qu'il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui; dès qu'il les vit, il courut de l'entrée de la Tente à leur rencontre et se prosterna à terre.
3. Il dit : Monseigneur, je t'en prie, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, veuille ne pas passer près de ton serviteur sans t'arrêter.
4. Qu'on apporte un peu d'eau, vous vous laverez les pieds et vous vous étendrez sous l'arbre.
5. Que j'aille chercher un morceau de pain et vous vous réconforterez le cœur avant d'aller plus loin; c'est bien pour cela que vous êtes passés près de votre serviteur ! Ils répondirent : Fais donc comme tu as dit.
6. Abraham se hâta vers la tente auprès de Sara et dit : Prends vite trois boisseaux de farine, de fleur de farine, pétris et fais des galettes.
7. Puis Abraham courut au troupeau et prit un veau tendre et bon; il le donna au serviteur qui se hâta de le préparer.
8. Il prit du caillé, du lait, le veau qu'il avait apprêté et plaça le tout devant eux; il se tenait debout près d'eux, sous l'arbre, et ils mangèrent.
9. Ils lui demandèrent : Où est Sara, ta femme ? Il répondit : Elle est dans la tente.
10. L'hôte dit : Je reviendrai vers toi l'an prochain; alors, ta femme Sara aura un fils. Sara écoutait, à l'entrée de la tente, qui se trouvait derrière lui.
11. Or Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d'avoir ce qu'ont les femmes.
12. Donc, Sara rit en elle-même, se disant : Maintenant que je suis usée, je connaîtrais le plaisir ! Et mon mari qui est un vieillard !
13. Mais le Seigneur dit à Abraham : Pourquoi Sara a-t-elle ri, se disant : Vraiment, vais-je encore enfanter, alors que je suis devenue vieille ?
14. Y a-t-il rien de trop merveilleux pour le Seigneur Dieu ? A la même saison l'an prochain, je reviendrai chez toi et Sara aura un fils.
15. Sara démentit : Je n'ai pas ri, dit-elle, car elle avait peur, mais il répliqua : Si, tu as ri.
Dieu apparaît à Abraham, qui, reçoit trois hôtes. La conversation qui s’ensuit ne présente pas de confusion. Mais, Abraham semble tout d’abord s’adresser à une seule personne, et demande à ses serviteurs de leur apporter de l’eau pour se laver pieds. Il leur présente de quoi manger. Ils lui demandent où est son épouse, et « l’hôte » (comme s’il s’agissait d’une seule personne) annonce une naissance à la vieille Sara pour l’année suivante. Et le récit se termine par cette appellation significative, qui ne peut que désigner Dieu : « Le Seigneur dit à Abraham » (verset 13°) et qui termine sa visite en disant « l'an prochain, je reviendrai chez toi ».
Trois hommes, donc trois personnes, mais un interlocuteur qui se présente dans le texte comme s’il était seul ( !), et puis le titre « le Seigneur », qui ne peut être que Dieu. Ebauche de la Révélation du Mystère de Dieu ? de la Trinité ?
La Bible de Jérusalem écrit à ce sujet (note a) : « Ce récit narre une apparition de Dieu accompagné de deux <<hommes>> . Le texte hésite en plusieurs endroits entre le pluriel et le singulier. Il n’est pas impossible que dans sa première rédaction, le texte parlait seulement de <<trois hommes>>, et laissait leur identité dans le mystère. Dans ces trois hommes et l’adoration unique d’Abraham, beaucoup de Pères ont vu l’annonce du Mystère de la Trinité, dont la révélation était réservée au Nouveau testament ».
(Note : L’icône de la Sainte Trinité, également appelée icône de l’Hospitalité d’Abraham, fait référence à la Genèse chapitre XVIII, 1-15.
A Mambré, petit village de Mésopotamie, Abraham et sa femme Sarah, représentés ici de part et d’autre de l’icône, accueillent trois pèlerins qui se révèlent en fait être des anges messagers de Dieu.
L’icône de la Trinité la plus célèbre est, bien entendu, le chef d’œuvre peint en 1441 par Andreï Roublev. Au XVI° siècle, il fut décidé au concile de Moscou, que toutes les icônes de la Trinité devraient respecter la structure de composition de l’icône d’Andreï Roublev.
Cette icône respecte ainsi le célèbre modèle de référence, chef d’œuvre d’équilibre de la composition et de transparence des lumières, aujourd’hui conservée à Moscou, à la Galerie Tretiakov.
Les trois figures des anges s’inscrivent dans un cercle, et cette géométrie est encore soulignée par les deux cercles des marchepieds.
On s’est beaucoup interrogé sur l’identification des trois anges d’Andreï Roublev, pour savoir quel ange représentait le Père, lequel représentait le Fils et lequel le Saint-Esprit.
Le mystère demeure, les trois anges symbolisant en fait une unité.
Traditionnellement, l’ange central, aux larges ailes déployées qui dominent l’ensemble des personnages, est Jésus-Christ, et derrière lui, est toujours représenté le chêne de Mambré, représentant l’arbre de vie.
On considère généralement que l’ange représenté devant la montagne est l’Esprit, tandis que l’ange devant le Temple est le Père.
Cette icône est fêtée notamment le lundi après la Pentecôte.
La vision d’Isaïe dans le Temple (vers 740)
Chapitre 6° :
1. L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé. Sa traîne emplissait le sanctuaire.
2. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui, ayant chacun six ailes, deux pour se couvrir la face, deux pour se couvrir les pieds, deux pour voler.
3. Ils se criaient l'un à l'autre ces paroles : « Saint, saint, saint est Yahvé Sabaot, sa gloire emplit toute la terre. »
Là aussi, la Tradition des Pères a vu dans cette triple répétition, une annonce du Mystère de la Trinité, les Séraphins chantant la gloire des trois Personnes de la Trinité, qui seront révélées dans le Nouveau Testament.
Le « Sanctus » chanté ou récité durant la Sainte Messe, est souvent appelé « hymnus angelicus » car la première partie du texte a été chantée par les « Séraphins aux six ailes » (Isaïe 6, 3) et par les « Quatre Vivants » de l’Apocalypse (4, 4-11) aussi aux six ailes ! Généralement considéré comme louange à la Trinité, le Sanctus existait dès le IVème siècle dans la liturgie orientale.
(à suivre)