"Plusieurs événements récents nous conduisent à vous rappeler, de la manière la plus ferme qui soit, les règles élémentaires qu'il convient d'adopter dans nos rapports avec la presse et les médias : les interventions officielles publication de livres mais également sur internet ou dans le cadre de colloques sont rigoureusement interdites sauf autorisation exceptionnelle". D’où peut bien sortir une telle note de service ??? D’une secte ??? D’une organisation clandestine ??? Des services secrets ??? Non, tout simplement de l’Elysée sous la plume de David Martinon et d’Emmanuelle Mignon, la directrice de cabinet du chef de l’Etat.
Et cela ne s’arrête pas là : les "contact informels sont proscrits, sauf autorisation spécifique" au motif que "trop d'informations, de rumeurs, de bruits sortent de l'Elysée, qui sont d'ailleurs très souvent infondées. Nous vous demandons de veiller aux informations que vous divulguez aux autres cabinets ministériels ou tout simplement dans votre entourage et parmi vos amis". Bah oui c’est vrai quoi à la fin, déjà qu’on laisse les conseillers du président de la République avoir des amis, il manquerait plus qu’ils leur parlent de la vie privée de ce dernier (enfin à ceux qui ne lisent pas la presse people…). Et surtout pire, il ne manquerait plus que les salariés de l’Elysée fassent de l’ombre à leur chef dans les médias (ce qui au passage relèverait de la performance vu le temps qu’il y passe…).
Dans l’absolu que les conseillers du président se doivent par contrat de lui être totalement inféodés ce n’est pas choquant, tout juste un peu ridicule quand cela est rappelé de façon aussi formelle que cette note (qui, ironie du sort, a fini par fuiter). Mais qu’un député UMP écope d’une "la suspension immédiate" pour avoir osé exprimé un avis sur une déclaration de Nicolas Sarkozy, cela est pour le moins choquant. C’est pourtant ce qui est arrivé à Jean-Pierre Grand pour avoir osé accuser le chef de l’Etat, alors en Algérie, de "raviver le débat à la veille du 5 décembre", journée "d'hommage, de mémoire à l'action de la France outre-mer et en particulier en Algérie". Bien entendu la sortie du député villepiniste est affligeante, mais le suspendre de l’UMP comme s’est empressé de le faire Patrick Devedjian en l’incitant à "un minimum de réserve dans son expression publique" concernant le président de la République, le gouvernement et l'UMP l'est tout autant. En effet, Yves Jégo en rajoute une couche en précisant bien que les propos de Jean-Pierre Grand sont "inacceptables parce qu'un député de la majorité devrait éviter de commenter et de critiquer les propos du chef de l'Etat" et en aucun cas parce que le député est à deux doigts de faire l’apologie de la colonisation…
Il est cependant intéressant de voir qu’il existe une procédure (très) rapide de suspension de l’UMP… Il est simplement dommage qu’elle n’ait pas été appliquée à Christian Vanneste pourtant condamné par la justice pour ses sorties homophobes…