Bonjour mon p'tit clou!
En ce moment, niveau jardin, dans mon quartier, c’est Byzance. Roses, glycines, lilas, massifs fleuris artistiquement disposés, arbres irréprochablement taillés, tonte de la pelouse au millimètre. Jardins d’inspiration un peu anglaise, feuillage variés, hasard subtilement maitrisé.
Couleurs pastels, ou flamboyantes.
Les arbres fruitiers sont impeccables, les cerises rougissent, les figues-fleurs mûrissent.
Dans les potagers, grossissent les salades alignées au cordeau et les tomates.
Les jardiniers s’observent dans leurs carrés respectifs. C’est un concours perpétuel, une bagarre contre les éléments, les nuisibles, les maladies, la tendance naturelle à l’entropie, à coup de soins, tailles, tontes, engrais, traitements, bataille sans fin, qui se solde chaque dimanche soir par l’abandon sur le trottoir de sacs entiers de déchets végétaux, récupérés lors de la collecte spécifique du lundi matin.
Dans mon quartier, c'est un ravissement pour les yeux, un rêve de photographe un peu cucul, limite mauvais goût parfois, version nain de jardin et faux puits.
Et puis il y a mon jardin.
Je suis un jardinier du genre free style. C’est à dire que je considère que pour pousser, une plante a besoin de terre, et d’eau de pluie.
Mon rôle se borne donc à regarder tout ça, et à me demander pourquoi diable les rosiers ne savent pas se défendre seuls contre les pucerons, et les autres plantes contre les cochenilles. Ou pourquoi mes arbres fruitiers font des branches à 10 mètres de haut, ce qui n’est certes pas pratique pour cueillir les fruits, tu l’avoueras.
Parfois, j’ai un élan soudain, je prends mon vaporisateur géant, que je remplis de bouillie bordelaise (j’ai décidé que c’était un traitement souverain contre tout, et puis c'est le seul que j'ai dans mon placard), et j’en arrose copieusement toutes mes plantes. Je me retrouve donc avec un jardin uniformément bleu jusqu’à la pluie suivante.
Après quoi, je laisse passer un an avant de me préoccuper de son sort.
Mon jardin, en ce moment, en comptant les tas de gravats et de terre issus des travaux, est un vague terrain avec de la terre nue, plus loin une pelouse constituée essentiellement de mauvaises herbes, des arbres fruitiers à foison qui produisent peu ou pas, et des plantes issues des précédents propriétaires et qui végètent tristement. Sauf la citronnelle, qui kiffe l’endroit. J’ai toujours pas compris pourquoi.
En fait, je sais faire certainement beaucoup de choses, mais pas jardiner.
Déjà, quand j’avais du temps pour le faire (dans une autre vie), la seule chose que je réussissais parfaitement, c’était le raisin. Le truc qui pousse tout seul quoi. Tout le reste avait une tendance à foirer.
Enfin bon, c’est joli tous ces jardins, c’est vrai, faut avouer.
Surtout le massif de pivoines dans le jardin du voisin.
Chaque matin quand je passe devant, j’échafaude des plans pour venir le déterrer durant la nuit et le replanter chez moi.
Mais finalement, les massifs de fleurs, ça gêne pour jouer au ballon.
Non?
A bientôt mon p'tit clou!