Je rigole suffisamment fort pour ne pas me mettre en colère. Quand je m'ennuie et qu'il fait moche, comme aujourd'hui, j'efface des trucs. Des photos. Des morceaux écrits qui traînent comme des papiers gras. Des statuts facebook. Je n'alimente la mémoire collective qu'avec des extraits choisis. Il y probablement une raison plus profonde, mais, disons que ça m'occupe. Je rate des dessins. Je fais la vaisselle. Globalement, je me fais chier et j'attends l'inattendu qui ne se produit jamais. Ou rarement. Je lis les secrets du dimanche, il y a en a un sur lequel je m'arrête une minute puis repart finalement, comme un feu rouge ou un panneau stop - ça ne change plus rien. La lumière du jour est crasseuse, et mes volets régulièrement se ferment d'eux mêmes. Tout ça est assez irritant. J'ai un peu faim mais tout ce qui reste dans mon frigo à un air dégueulasse. Je me fais probablement un bleu en repoussant une fois de plus un des volets. Je corrige les choses qui ne vont pas sur mon livre. Je suis la seule l'avoir lu en entier je crois, on dirait que les gens ne comprennent pas. On dirait qu'ils se disent, tu vois la fille, là : triste. N'importe quoi. C'est l'histoire fragmentée de ce qui n'est plus en train de se produire, sauvée de justesse de la benne à ordures. Ce que j'ai fait, c'est seulement : ramasser les instants dont personne ne veut et leur donner de la valeur. Parce que faire du beau avec ce qui est déjà beau, franchement. Venant de moi ce serait comme cracher dessus.