Plus tard, je me suis passionnée pour un des personnages de Molière et me suis délectée lorsqu’il fut joué par Louis de Funès. Que voulez-vous, je me sens assez proche de certains de leurs traits de caractère…
J’essaie tant bien que mal de faire taire ces désagréables penchants, mais, par un fait exprès, ceux-ci font irruption, une fois l’an, tel un volcan islandais au nom imprononçable.
C’est là que l’on mesure que le temps passe bien trop vite car il me semble que c’était hier que je remplissais ma déclaration d’impôt 2008…
Dès que l’on prononce le mot « impôt », mon pouls s’accélère, la rougeur envahit mon visage, la fumée me sort par les naseaux et je grogne en montrant les dents. Car, comme Picsou et l’Avare avant lui, je suis assise sur mon tas de sous et mets au défi quiconque aurait l’outrecuidance d’en retirer la moindre piécette.
Mais le premier coup de bâton ne vient pas de l’Inspection Générale des Impôts, oh non, il provient d’un être proche, à qui j’ai donné ma confiance – entre autres ! -, avec lequel j’ai fait cause commune de deniers… Depuis le temps, je devrais savoir que lorsqu’il m’attache pieds et poings liés à la chaise du bureau, ce n’est pas pour m’initier à un nouveau jeu mais pour refaire une partie de :
- - Sors ton chéquier ma poule, ça va saigner !
Le mine concentrée et le sourcil froncé, il sort de toutes parts des dossiers volumineux, me délie les mains et me somme gentiment de ne pas la ramener :
- - Commence pas à m’engueuler, les impôts, c’est pas moi qui les ai inventés, plus vite ce sera fait, plus vite tu oublieras !
Oublier, oublier, c’est vite dit !
Déjà, moi, la case TK 22, je ne la trouve pas, je ne sais pas ce qu’il faut y mettre et au-delà de deux chiffres, cela commence à me donner des envies de cogner ! La seule partie qui est à peu près intéressante, c’est celle des déductions, des exonérations, des abattements, encore qu’à mon avis, elle mériterait d’être un peu plus conséquente pour que je puisse abattre les trois jeans que Gremlin Mâle a troué, les 15 paires de chaussures que Grande Gremlin a usé, les deux cafetières qui m’ont lâchées et aussi, on devrait me reverser une petite prime pour ne pas avoir contribué à augmenter le gouffre de la sécu !! Au lieu de quoi, après 2h30 de :
- - « Donne-moi la dernière fiche de paie.
- - J’trouve pas !
- - Mais là !!! Elle est sous ton nez !
- - Oh, ben, si c’est comme ça, t’as qu’à le faire toi-même !
- - Ouais… Ca revient au même…
- - Hé ho ! Je ne demande pas de récurer les toilettes, alors me demande pas de faire les impôts !
- - Je ne vois pas le rapport…
- - Moi non plus si ! Très bien même ! »
Cette saleté de feuille est enfin remplie et, comme je suis masochiste, je demande à Mr Gremlin d’appuyer sur la touche « Calculer votre impôt ».
Un hurlement de bête qu’on achève s’échappe de ma gorge et, alors que je ne peux décemment pas jeter l’ordinateur par terre, je me tourne vers l’unique responsable :
- - Eh ben, c’est encore de ta faute ça !
- - Dis-donc, il me semble que tu y es aussi pour quelque chose non ?
Ahhh, la mauvaise foi masculine : Depuis quand une femme entretenue devrait-elle payer des impôts ????
PS : Il serait de bon augure que le « Trésor Public » changeasse de nom, car, s’il était vraiment public, il serait aussi à moi !