Mon premier semestre -pas des plus sereins- d'enseignement s'est achevé cette semaine.
L'enseignement. Cette grande inconnue.
Si je savais déjà aimer la recherche, cet exercice de transmission de connaissances n'était pour moi qu'une idée très abstraite. Faire des discours à un public d'une trentaine d'apprentis adultes ayant quasiment le même âge que moi n'a jamais fait partie de mes hobbies. De nature effacée, guère attirée vers la lumière des projecteurs, je n'avais jamais endossé ce rôle auparavant.
Se retrouver du jour au lendemain de l'autre côté du bureau, tournant le dos au tableau noir blanc a été la grande expérience de ces derniers mois. Une expérience intimidante sans aucune doute, stressante sûrement, mais aussi toujours enrichissante. Avec le recul, je dresse facilement un bilan plus apaisé. La discussion avec certains, l'évaluation anonyme des étudiants, les échos ne m'ont pas semblé négatif.
Ayant passé tout le semestre à craindre que le sol ne se dérobe sous mes pieds et ne brise un masque d'imposteur, j'avoue, c'est aussi un soulagement.
Reste que l'adaptation a été brutale. Un jour étudiant, le mois d'après, soudain propulsé enseignant, avec pour unique formation quelques conseils glanés ça et là lors d'une réunion de pré-semestre entre chargés de TD. La belle formation.
Pragmatiquement, pour résumer, votre guide réside avant tout dans les souvenirs de vos anciens TD et un certain feeling plus ou moins biaisé. Il est illusoire de croire contrôler ses réactions, réagir en suivant à la lettre le livre "comment manager ma classe". En fait, une fois confronté à la réalité d'une classe vivante et bruyante, où les cours filent dans des directions parfois inattendues, où les situations et conflits potentiels requièrent une pédagogie, tout cela vous fait avant tout puiser dans un relationnel instinctif.
La survie passe finalement par une certaine relation de confiance que vous parvenez à établir avec une partie de la classe. Le but ultime étant de ne pas montrer à quel point vous êtes inexpérimenté, à quel point vous doutez parfois, combien certaines questions vous prennent complètement à contre-pied. C'est un jeu autant de fond que d'apparences.
En remplissant les papiers administratifs pour leur attribuer la note de leur semestre, ça m'a fait repenser aux bulletins que nos professeurs remplissent au collège et au lycée. Je n'ai jamais voulu enseigner dans le secondaire, mais les appréciations du professeur qui se lâche en fin de semestre et sort une ligne particulièrement inspirée m'a toujours bien fait rire.
Ainsi, je me souviendrai toujours de mon professeur de latin qui avait écrit sans sourciller sur un de mes bulletins : "Bon travail, mais l'air d'être en exil". Certes, je conviens que je passais sans doute plus de temps à contempler les montagnes qu'à écouter effectivement le cours. Mais c'est si joliment tourné...
Donc, pour se détendre et fêter cette fin de semestre, quelques "perles" reçues par e-mail il y a quelques temps sur "Les professeurs" et les fameux bulletins de fin de trimestre.
Moment détente & humour ! ^_^
Attentif en classe... au vol des mouchesA touché le fond mais creuse encore
En nette progression vers le zéro absolu
A les prétentions d'un cheval de course et les résultats d'un âne
Participe beaucoup a la bonne ambiance de la classe. Se retourne parfois pour regarder le tableau
Ensemble bien terne, élève peu lumineux.
Élève brillant... par son absence
Dors en cours sur le clavier ou le tapis de souris selon l'urgence.
Ne se réveille que pour boire son café a l'intercours
Des progrès mais toujours nul
L'apathie a un visage
Sèche parfois le café pour venir en cours
Un vrai touriste aurait au moins pris des photos
En forme pour les vacances
Tout comme son acolyte, William plonge inexorablement dans les profondeurs de la nullité
Fait preuve d'un absentéisme zélé
Fait des efforts désespérés pour se rapprocher de la fenêtre
Hiberne probablement
Printemps arrivé, toujours pas réveillé
Elle mâche, Elle parle, Elle mâche, Elle parle
La plupart du temps dans les nuages. N'en redescend que sous forme de perturbation.