Expérience, épreuve, voila ce que je peux dire de la Mini Pavois 2010.
Cette traversée du Golfe de Gascogne, était en soi le premier but, la faire. Elle était bien avant le départ un défi à mes angoisses, à mes limites. Toutes les conditions de sécurité réunies, une balise, un litre de rouge, 30litres d’eau rochelaise, l’avitaillement pour 15 jours (restons autonomes) la trousse à outils, etc.
Départ ! Mais non avant il y a les contrôles de “sécu”!
Suivant les courses les accents sont mis sur tel ou tel aspect ? Cette fois l’accent était sur l’eau, pas plus, pas moins. 20l. en jerrican et 10l. en bouteille, plus le bidon de 10l. de sécu plombé. L’affaire n’est pas aisé, surtout sur mon bateau qui n’était pas rangé. C’est OK. Deux jours plus tard, 30mn avant le départ re-contrôle, ah! il y a une bouteille en trop, et hop poubelle. Et là, c’est quoi ? Une bouteille de rouge (bio s’il vous plait), un sourire, ce n’était pas de l’eau !?Mais j’oubliais, comme quoi, il y a toujours une surprise dans ces régates où l’on joue sa carrière: les feux de nav’. Un, oubli qui nous donne droit à un “Avertissement” pour avoir pris la préposé à la vérification pour ce qu’elle n’est pas.
Revenons au départ, 20-25n. , je suis au clair, pour ne pas me perdre j’ai mis des WP tous les 10 milles. Le seul point important est de savoir si je mets le gennak’ ou le petit spi. Décision vite prise, le spi! Ce sont des bateaux de portant alors on va s’amuser. Aprés la bouée de dégagement c’est l’envoi du spi…et de son sac, ouah comme c’est beau cette nouvelle figure. Immédiatement je
<pense au sac, ce sac payé si cher ça serait trop bête. Affalage du sac, qui chalute, entrainant le spi. Ballot !Je ne suis toujours pas dernier, miracle. Re-spi et là…là c’est fort, la vague courte, 2 ris dans la GV et nous voilà tranquillement au planning puis enfournement puis au tapis et hop on recommence. Une fois en mer, le large quoi, tout devient plus aisé. Je suis trempé jusqu’à la moelle mais ne veux, ni ne peux lacher la barre, excitant, étonnant. Le vent refuse un peu, trop, et finalement au bout de quelques temps, je rentre le “torchon”. Tout s’apaise ma vitesse est entre 9 et 11n. tout va bien je me dévêt entièrement pour enfiler ma tenue de nuit et des chaussons néopréne qui m’éclairent le moral.
Aprés, le reste de la course est paisible, je bouquine pour évacuer le stress des grosses vagues la nuit ,et puis dodo, et apport de calories pour des séquences de 30mn. jusqu’au lever du jour où je renvoie de la toile. Le vent faiblit personne autour, le soleil apparait ainsi qu’une voile trés loin à l’horizon plus au nord. Le 488 ! Encore lui ! (Nacho de son prénom m’avait passé sous spi et au vent, sacrilège à la bienséance, pendant la Select).Donc, le voyant fondre sur moi, je lui fait signe de passer. Et bien non, il met un temps incroyable, et puis zut ! Je rebordes le spi et voila que je le double. Pendant 30 milles je l’ai tenu et puis j’ai laché à 5 milles de l’arrivée. Je n’en pouvais plus et Gijon était là. A peine croyable, Le Havre n’a qu’à bien se tenir. Virer une cardinale et droit sur la ligne…bien sûr. La chose, un point lumineux au pied d’un mur, j’avance au ralenti la carte sur les genoux, et puis, oui, il y a bien un passage de 100m à peine. Un bruit sourd, des lumières orangées, des cocons accrochés à la colline, deux cheminées qui crachent et une odeur de produit chimique et au loin une ville, c’est ça Gijon de nuit.
Je coupe la ligne 20mn après le 488, un zodiac me prend en charge, il ne parle que l’espagnol et qu’est ce qu’ils sont sympas. Amaré, je reçois le cidre local, Isabelle prend une photo et le tour est joué, j’y suis arrivé. A propos de Gijon côté ville, c’est St Adresse en mieux, une ville quoi, propre surtout, on pourrait se croire à Paris. Pas de sourire, pas de bonjour, chacun dans son “cantasoi”.