Réputée la plus éprouvante de la saison, cette édition n’a pas failli. Contrairement à 2008, et 2009 années où l’on retiendra qu’elle furent ventées, cette année a été “pétoleuse”. Départ dans moins de 8n., favorable à droite du plan d’eau je pars d’autant plus lentement que j’avais pris l’option d’un solent taillé et dessiné pour plus de 15n. Goué Vas du Four est passée en avant dernière position, je profite du changement de cap pour mettre le gennaker et troquer le solent pour le génois, enfin (!), comme diraient certains.
La marque de parcours suivante, les Birvideaux est aussi le début de ma remontée au classement, je recolle au milieu de la flotte. Ensuite place à la grande descente vers la marque sud, la Nouch au niveau des Sables d’Olonnes. Cet endroit du parcours est aussi le signe du repos puisqu’il est dégagé d’obstacle mise à part Belle Ile et l’ile d’Yeu, les pêcheurs, les concurrents et c’est tout. Au petit matin de ce deuxième jour c’est spi, je rencontre de nouveaux copains et la régate reprend, super il fait encore beau. Le vent faiblit à Yeu, je vois le paquet de tête, El Nono cause beaucoup à la VHF et…un spi me ratrappe avec aisance et je demande à ce 488 de passer sous le vent par courtoisie, malheureusement le français n’est pas sa langue natale et le fair play ne se traduit pas en espagnol. J’entame donc un petit lofé sous spi afin de lui dire de passer ailleurs, dommage. Il passe. Arrivé à la Nouch je revois Guo et le passe avant la bouée. Guo est le prénom du seul concurrent chinois du circuit, qui véhicule sa légende personnelle, bavard comme une huitre, au demeurant très sympathique, il peut se targuer d’être tour du mondiste de la dernière Volvo Race. La remontée sur Yeu dans l’aprés midi vent de 15n, joli, je revois les copains, et puis la nuit. Je prends le chemin que j’ai l’habitude de prendre le long de Yeu et ça marche. Je recolle un groupe de minis, dont Yann sur le 755, il a du mal à régler son bateau, je l’entends pester de plus en plus au fur et à mesure que le vent disparaît. Troisième jour, plus un souffle, je me fais passer par un filet, que j’évite avec beaucoup de chance. Nous sommes éparpillé sur une grande toile cirée où se reflète le ciel, un cargo arrive, des silhouettes de minis semblent glisser le long de cette masse motorisé. Toujours le calme, le courant enfin nous déporte dans la bonne direction. Le vent moyen reste aux alentours des 1n. La VHF s’anime, les langues se délient et la tête de la course se délite. Les “ras le bol” votent et s’auto-proclament “abandon”. Les autres, dont moi, dorment, mangent, aèrent “la bête”. Le vent se pose dans l’après midi, certains ce sont égarés au large et auront quelques difficultés à revenir dans la course. Le 512 barré par Cyril est sous le vent à raser Houat et Hoedic, il fait beau, pas de vague, pas de houle, un temps idéal pour me familiariser avec ce coin que j’ai toujours évité pour ces petits cailloux. Donc je le suis, nous sommes trois à nous laisser guider par Cyril. Merveilleux, génial, ce coin est magique, nous atteignons le chenal de la Teignouse et là, l’ascenseur, nous sommes au prés et avançons en crabe poussés par le fort courant de marée descendante. La fin de journée et le début de nuit sont consacrés à la progression vers Groix au près toujours. Goix, Pen Men le bout de l’île, c’est aussi le signe du retour et du dicton : “qui voit Pen Men, voit sa peine”. Le vent refuse à un mille de cette pointe. L’année derniére le vent avait fait la même au passage d’un front avec 40n., là c’est 15n et je remercie la météo d’avoir eu la main plus légère cette fois.