Zacharie, Elizabeth, et Marie
Luc présente en parallèle Jean appelé plus tard le Baptiste, et Jésus : l’annonciation à Zacharie son père, l’Annonciation à Marie et la Visitation ; la naissance de Jean Baptiste et sa
circoncision, la naissance de Jésus et sa circoncision. Mais Luc, selon un procédé qui lui est propre, nous présente Jean Baptiste, aussitôt après le récit de sa circoncision, comme adulte déjà,
en survolant les années de l’adolescence, et qui « demeure dans les solitudes jusqu’au jour où il se manifestera devant Israël » (Luc 1, 80). Le Précurseur laisse ainsi, en Luc, la
place à Celui qu’il annoncera plus tard, à Jésus, le Fils de Marie. Ce qui permet à Luc de nous parler de l’épisode révélateur de la présentation de Jésus au Temple, de sa vie à Nazareth et de sa
« fugue » à Jérusalem à l’âge de 12 ans.
« Il y eut aux jours d’Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie de la classe d’Abia, et il avait pour femme une descendante d’Aaron, dont le nom était Elizabeth » (Luc 1,
5)
Zacharie est donc prêtre, et descendant direct d’Aaron puisqu’il peut entrer dans le Saint des Saints, la partie la plus sacrée du Temple, où se trouvaient avant l’exil à Babylone en 597, l’Arche
d’Alliance qui contenait le bâton miraculeux de Moïse, les tables de la Loi, et de la manne qui avait nourri les Hébreux pendant 40 ans,. L’Arche était surmontée de deux Chérubins, dont les ailes
étendues formaient un trône où Dieu siégeait : c’est pourquoi les Psaumes parlent de « Yahwé qui siège sur les Chérubins ».
Prêtre, et non pas simple lévite. Les descendants de Lévi, rappelons-le, étaient tous prêtres, du sacerdoce lévitique, chargés des nombreux sacrifices offerts au Seigneur. Mais Aaron, de la
descendance de Lévi avait été choisi, lui et ses descendants, pour être les grands-prêtres admis à entrer dans le Saint des Saints. Zacharie était donc descendant d’Aaron ! Et Luc ne le
mentionne pas, alors qu’il indique que son épouse, Elizabeth, était descendante d’Aaron. Il nous dit simplement que Zacharie était « de la classe d’Abia ». Il était évident que
Zacharie, s’il pouvait entrer dans le Saint ds Saints, était nécessairement descendant d’Aaron. Et il n’étai point nécessaire de le dire. Mais pourquoi citer « la classe d’Abia » ?
Quelques versets plus loin, Luc indique que « au jour de sa classe, Zacharie remplissait devant Dieu les fonctions sacerdotales ». Le Roi David avait en effet réparti les prêtres en
vingt classes, et chaque classe assurait le service au Temple durant une semaine, deux fois l’an.
Cette mention d’Abia, qui pourrait sembler inutile, qui semble ne rien ajouter au récit qui suit, revêt pourtant une grande importance. Et si Luc l’a mentionnée, c’est qu’elle a une signification
précise, « une pierre d’attente », une « énigme » pourrait-on dire, une « porte ouverte » sur quelque chose à découvrir et à approfondir. Il en est bien ainsi. Des
découvertes récentes (cf. Hermas, mai 2009, Marie Mère de la Mission) ont permis de retrouver le cycle du service de chacune des classes, de dire avec précision quand Zacharie a accompli son
service au Temple, et donc quand l’Ange Gabriel lui a annoncé la naissance d’un enfant qui serait le précurseur du Messie : durant la quatrième semaine de notre mois de septembre.
Qui plus est, Luc, aussitôt après le récit de l’annonciation à Zacharie de la future naissance d’un enfant, présente le récit de l’Annonciation à Marie, en ces termes « Le sixième
mois ». Il s’agit bien sûr du sixième mois à dater de la conception de Jean ! Et l’Ange Gabriel ne le contredit pas. Luc, en effet, dans le récit de l’Annonciation à Marie, ne manque
pas de citer cette précision apportée par l’Ange lui-même, comme « garantie » de la véracité de ses paroles : « Et voici qu’Elizabeth, ta parente, vient elle aussi de
concevoir un fils en sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu’on appelait stérile » (Luc 1, 36). Cette précision est précieuse, ô combien, car elle permet de fixer la
chronologie des événements : la date de l’Annonciation et donc de l’Incarnation du Verbe de Dieu dans le sein de la Vierge Marie (6 mois après le mois de septembre : le mois de Mars, 25
mars), la date de la naissance de Jean-Baptiste, il restait trois mois de grossesse à Elizabeth (24 juin), et la date de la naissance de Jésus, 9 mois après l’Annonciation, le 25 décembre. Luc
n’avait pas besoin de donner plus de détails chronologiques ; la mention d’Abia suffisait.
(à suivre)