Marie, parente d’Elizabeth est de descendance davidique
Elizabeth est elle aussi descendante d’Aaron, ce qui veut dire que son père était un prêtre, au même titre que Zacharie, et qu’il pouvait entrer, au tour de sa classe, dans le Saint des Saints, pour y accomplir le service du Seigneur. L’Ange Gabriel nous donne aussi une autre précision importante : « Et voici qu’Elizabeth, ta parente, vient elle aussi de concevoir un fils en sa vieillesse ».
Elizabeth et Marie sont donc parentes. Comment ? Quels liens de parenté unissent les deux femmes ? Cette question a soulevé une littérature considérable, sans apporter de solution raisonnable. La plupart des auteurs tiennent le raisonnement suivant : Elizabeth est descendante d’Aaron, Marie est sa parente : donc Marie est descendante d’Aaron, de race lévitique ; c’est un syllogisme erroné, un raisonnement simpliste, qui, malgré sa conclusion séduisante, n’a toutefois aucun fondement : Jésus réunirait ainsi en lui le sacerdoce lévitique et le sacerdoce de Melchisédech, l’Ancienne Alliance et la Nouvelle Alliance !
C’est une belle vision des choses, mais qui ne résiste pas à une étude sérieuse (pardonnez-moi Père Laurentin !). Tirer cette conclusion hâtive manifeste une ignorance profonde de la science généalogique. En généalogie, tous les cas de figures sont possibles, et peuvent même se présenter comme probables… Mais ils doivent passer par l’étude impitoyable de la chronologie, et par l’étude de tous les cas de figures possibles réellement, compte tenu des lois régissant les successions et l’établissement des généalogies ! Ce qui est possible se montre souvent impossible, et ce qui se présente comme impossible se révèle être la solution ! J’ai pu le constater au cours de mes longues recherches généalogiques commencées à l’âge de 12 ans.
Affirmer l’ascendance lévitique de Marie, sur cette seule donnée de Luc, manifeste une « légèreté » dans la lecture des textes, voire même la volonté de justifier à tout prix un a priori conscient ou inconscient, en s’appuyant sur des données soi-disant bibliques et spirituelles. C’est une grave erreur, car c’est négliger un autre texte non moins important, et même capital pour traiter cette question, à condition de le lire objectivement, sans a priori, comme l’a écrit son auteur.
Les données du recensement sur l’ascendance de Marie
Luc chapitre 2° :
1. Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité.
2. Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.
3. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville.
4. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem - parce qu'il était de la maison et de la lignée de David -
5. afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
César Auguste publie un édit, qui ordonne le recensement de tout le monde habité, c’est-à-dire de toute le monde qui se trouve sous la domination de Rome. Le but est « financier », établir les biens de chacun pour fixer les impôts qui leur incombent. Chaque juif doit ainsi se rendre dans sa ville, c’est-à-dire dans la ville qui était le « centre » de la Tribu à laquelle il appartenait, même s’il habitait en un tout autre endroit du Pays.
C’est le cas de Joseph. Il habite en Galilée, dans le nord, mais la « ville de sa tribu », est Bethléem en Judée, non loin de Jérusalem « parce qu'il était de la maison et de la lignée de David ». Ce qui représente un voyage non négligeable, de plus de 200 km au moins, traverser la Samarie, en caravanes, à dos d’âne ou à pieds. De plus, d’après ce que nous avons vu ci-dessus, en hiver. Or, Marie, son épouse était enceinte ; elle ne pouvait ignorer que le moment de la naissance de l’enfant était proche, et qu’il était risqué d’entreprendre un tel voyage ! Elle aurait pu rester à Nazareth et laisser Joseph partir tout seul pour se faire recenser, et faire enregistrer les biens de sa famille. Et pourtant, Marie entreprend ce voyage dangereux et risqué pour l’enfant,. En effet, Luc écrit :
4. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem - parce qu'il était de la maison et de la lignée de David -
5. afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
Que celui qui a des yeux pour voir, apprenne à bien lire ce texte ! Joseph monte de Nazareth en Galilée et se rend en Judée à Bethléem la ville de David pour se faire recenser. Jusque là, tout est clair. Mais Luc écrit :
4. Joseph aussi monta de Galilée, avec de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem - parce qu'il était de la maison et de la lignée de David -
5. afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
Sa fiancée est enceinte, et Joseph monte avec elle de Nazareth de Galilée, pour se rendre en Judée à la ville de David, « parce qu'il était de la maison et de la lignée de David » pour se faire recenser « avec Marie ». Joseph fait ce voyage pour se faire recenser avec Marie sa fiancée qui était enceinte ! C’est-à-dire « pour se faire recenser en même temps que Marie sa fiancée qui était enceinte », qui devait donc se faire recenser elle aussi.
Luc aurait pu écrire : « Joseph aussi, avec Marie sa fiancée qui était enceinte, monta de Galilée de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s’appelle Bethléem – parce qu’il était de la maison et de alignée de David, pour se faire recenser ». Joseph se fait recenser ». Marie, en bonne et aimante épouse, malgré la proximité de la naissance, n’aurait pas voulu le laisser faire ce voyage tout seul.
Non ! Luc écrit, je répète ce texte capital :
4. Joseph aussi monta de Galilée, avec de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem - parce qu'il était de la maison et de la lignée de David -
5. afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
Il monte en Judée NON PAS EN COMPAGNIE de Marie pour se faire recenser, mais il monte en Judée pour se faire recenser AVEC MARIE, qui devait donc se soumettre elle aussi à ce recensement. Cela veut dire clairement que Marie était elle aussi « de la maison et de la lignée de David ». C’est incontestable, et ne pas lire le texte comme l’a écrit Luc, c’est lui faire violence et trahir ce qu’il écrit. Cela veut dire que le Père de Marie, Joachim selon la tradition, est un descendant de David en ligne masculine. Et en effet, étaient soumis aux recensements tous les héritiers mâles de chaque famille ; mais, en cas d’absence d’héritiers mâles, c’étaient les filles héritières qui devaient le faire. Marie n’avais pas de frère, probablement une sœur bien plus âgée, connue sous le nom de son deuxième époux, Cléophas, frère de saint Joseph, et mère de 4 enfants cités dans les Evangiles. Marie était donc tenue à se faire recenser. Et c’est pourquoi elle doit se rendre à Bethléem, malgré son état avancé.
Un petit excursus en passant, mais qui rentre dans la même mentalité : si une famille n’avait que des filles, ou une seule fille, elle(s) devai(ent)t épouser un proche parent, pour que l’héritage ne passât point dans un autre clan, dans une autre tribu. Et c’est pourquoi Joseph a épousé Marie, une parente. Marie était en quelque sorte obligée de prendre un époux, malgré son voeu de consécration totale au Seigneur, qu’elle n’a certainement pas caché à celui qu’on lui donnait comme fiancé et futur époux. En se fiançant, Joseph montre qu’il accepte de respecter en tout le vœu de celle qui sera son épouse et qui s’est consacrée corps et âme à Dieu En cela, il nous faut admirer et imiter Saint Joseph dans sa sainteté et dans sa chasteté !
(à suivre)