Notre Saint Père le Pape n'a pas attendu la proclamation de l'année du prêtre pour s'interroger sur la place du sacerdoce dans l'Eglise et les fondements théologiques de la grâce qui l'habite. L'abbé Christian Gouyaud, prêtre du diocèse de Strasbourg et modérateur de l'association sacerdotale Totus Tuus, s'est efforcé de relier les principaux fils de la pensée de Benoît XVI, exprimée à l'occasion d'homélies et de rencontres diverses avec le clergé de telle ou telle région. Il le fait dans un petit ouvrage facile à lire préfacé par Mgr J.P. Batut, évêque auxiliaire de Lyon.
Le plan articule « l'être sacerdotal » (chapitre 1), « l'agir sacerdotal » (chap. 2) et ce qu'on pourrait appeler la mystique sacerdotale (« la nécessité pour le prêtre d'identifier sa personne et sa mission », chap. 3). Tout l'intérêt se porte d'abord sur la première partie, où il s'agit, on s'en doute, de se démarquer d'une conception « socio-fonctionnelle » aujourd'hui très répandue, qui voit dans le prêtre un simple moyen pour accomplir certaines tâches au profit de la communauté. Le pape affirme on ne peut plus nettement le changement « ontologique » introduit par l'ordination, la réelle transformation qui unit d'une manière particulière un homme à Jésus-prêtre, selon une vraie consécration de tout son être dans la ligne de Jn 17,19 : « pour eux je me consacre moi-même, afin qu'ils soient eux aussi consacrés dans la vérité ». Le propos n'étant pas polémique, on s'abstient des discussions qui sans doute seraient nécessaires pour retourner des décennies d'exégèse réductrice qui ont voulu exclure du Nouveau Testament toute conception « sacerdotale », à l'exception de ce qui est dit du Christ (dans l'Epître aux Hébreux) et des baptisés (notamment dans 1 P 2,9). Le lien n'est pas fait avec la méditation de l'Ecole française sur le lien qui unit le caractère sacramentel reçu à l'ordination et l'onction sacerdotale de Jésus dans son Incarnation, mais on n'en est pas loin. Dans la deuxième partie, on lira avec intérêt les pages sur le prêtre et la messe, ainsi que sur le sacrement de la réconciliation, vu avec le curé d'Ars comme cette poursuite du pécheur par Dieu lui-même qui passe par le prêtre pour le rejoindre et l'inviter à revenir à lui.
Un livre tonique, qui pose tranquillement les bases d'une nouvelle évaluation du sacerdoce dans l'Eglise et la société. Michel GITTON
Abbé Christian Goyaud, Le Sacerdoce selon Benoît XVI, préface de Mgr J.P. Batut, La Nef, 2010, 19€, 158pp