Magazine Journal intime
L'histoire a beau avoir l'air simple, tous les sentiments qu'elle met au jour sont tellement forts et marquants qu'on est accroché par ce qui se passe.
L'horreur de l'acte est contrebalancé par le côté onirique de l'entre-deux monde dans lequel se retrouve cette si jeune adolescente, à peine éveillée à la vie. Le tout est superbement filmé avec beaucoup de recherche de cade, travail sur la lumière et aussi beaucoup de soin apporté au montage qui permet de basculer d'un endroit à un autre, d'une scène et revenir à une autre si rapidement que ce rythme imposé devient la source de notre angoisse bien plus que si tout avait été simplifié à une scène après l'autre sans mélange.
J'aime beaucoup la façon dont la fille passe directement de la fuite à l'entre-deux monde. Elle est d'autant plus désorientée et nous également, qu'elle semble toujours vivante à errer dans les lieux où elle vivait. J'aime toute la partie mettant l'accent sur le pouvoir qu'ont les souvenirs qu'on a des morts. Les morts continuent de vivre grâce à cela, à cette mémoire. J'ai aussi aimé voir comme la vie continuait malgré tout et tous les changements que cette disparition a entraînés. Ces situations familiales pas évidentes qui se construisent d'elles-même, on ne s'y appesantit pas. Ce n'est pas rose mais il y a de bons moments, chacun essaie de trouver sa place et de faire au mieux. Le film n'en rajoute pas avec tout le mélo qui était à disposition. On passe de l'un à l'autre sans y rester, ce qui importe c'est ce qui se passe ensuite.
Je dois dire que le casting était pas mal du tout également : Mark Wahlberg, Rachel Weisz pour les parents, la grand-mère est joué par Susan Sarandon que je ne m'attendais pas du tout à voir et qui est excellente, Stanley Tucci toujours impeccable et pour le coup très effrayant, la petite Saoirse Ronan (Atonement) qui a bien grandi et joue l'héroïne du film, sa soeur dans le film Rose McIver est très impressionnante aussi.
Toute la petite histoire d'amour avec cet anglais est absolument charmante. Ce tout, ce père qui ne perd pas espoir, cette soeur menacée et pourtant si courageuse, cette grand-mère alcoolique qui est là pour ses petits enfants et assure depuis le départ de la mère, qui elle est dévastée par la perte de sa fille. Tous ces sentiments de perte, d'incrédulité, d'implacabilité de la mort, de deuil et toute cette vie qui foisonne malgré tout, l'espoir qui s'invite et cette envie de revanche, de justice. Tout est distillé tout au long du film par regards et simples phrases. A la fin tout s'accumule le plus beau et le plus triste et m'a fait pleurer à gros sanglots.
Alors le film n'a pas du tout bonne critique donc il risque d'ennuyer les trois quart des gens qui le regardent, vous êtes avertis.