Aujourd'hui, si mon visage est encore un peu rouge, c'est au soleil de plomb qui agite le week-end les rues pavées du Panier ou la plage de la Pointe Rouge qu'il le doit. N'oublions pas qu'avant de briller dans les dîners en ville, le véritable Bad Camel vient de là où la chaleur cogne aussi fort qu'une série bien rythmée de Jägerbombs, de là où le dimanche soir on ne commande pas des sushis mais on déguste des sardines grillées au barbecue.
Marseille, deuxième ville de France la plus peuplée (d’après le recensement de l’Insee en 2007), offre pourtant des paysages exceptionnels que l'on ne retrouve qu'en Corse ou en Afrique du Sud. Il n'est en effet pas superflu de faire quelques brasses salvatrices tout en perfectionnant son bronzage dans la calanque de Mourgiou lorsque la veille on n'a pas triché sur les doses et soulevé quelques trophées au hasard du Cours Julien puis collé quelques mauvais timbres dans les établissements peu recommandables qui longent le vieux port.
A l'heure où l'on exagère tout, Marseille fait figure d'exception et souffre d'une réputation indigne de son statut. Loin de prétendre connaître cette ville si particulière, je sens parfois le besoin de défendre le berceau de ceux qui ont un drôle d'accent. Quand j'entends sur les terrasses du 8ème deux banquiers endimanchés dire que Marseille est une ville dangereuse, je ressens le même agacement que lorsque je repense à toutes ces premières de classe en léger surpoids de mes années lycée qui sortaient systématiquement de DST (Devoir Sur Table, incroyable, comme s'il existait des devoirs qui ne se font pas sur table...) les larmes aux yeux, prétextant avoir complètement raté l'Exercice B sur 8 points pour finalement avoir une meilleure note que moi qui avait l'impression d'avoir bien réussi.
Quand on apprivoise Marseille et qu'on fait abstraction des maillots ciel et blanc et des cagoles maquillées comme des voitures volées, on comprend que les mots du général de Montsabert quand il libéra Marseille à la tête de ses goumiers et F.F.I s'appliquent autant à Notre-Dame de la Garde qu'à Marseille: « C’est elle qui a tout fait ». Arrivé à la gare Saint-Charles, on sent qu'on se rapproche de quelque chose qu'on ne pourra découvrir qu'en se risquant à y aller, comme lorsque, plus jeune, on vous disait "tu chauffes... tu chauffes... tu brûles..." en cherchant des objets quelconques au jeu du chaud-froid.
Les petites causes produisant les grands effets et puisqu'il convient malheureusement de parler de foot quand on évoque la citée phocéenne, si Valbuena joue énorme pendant la Coupe du Monde, je quitte Paris en petit vélo pour rejoindre définitivement Marseille et m'achète un pull brodé en lettres d'or « 13, fais attention »!
La Couente, chemise ouverte, coude dehors, IAM à fond, au volant d'une Golf VR6 pour aller-retour dans le Sud.