On parie ?

Le timing est idéal : en pleine effervescence “mondialiste”, la loi “relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne” a été officiellement promulguée au Journal officiel, le 13 mai dernier. Je trouve en l’occurrence qu’il ne s’agit vraiment pas d’une avancée.

On va donc pouvoir parier sur les matchs de la coupe du monde, mais aussi sur toutes sortes de compétitions sportives. D’aucuns y voient une fabuleuse caverne d’Ali Baba, une source de revenus quasiment inépuisable. J’y vois, moi, un paradis artificiel supplémentaire, intronisé avec la bénédiction des plus hautes autorités, alors que franchement nous n’en avons vraiment pas besoin.

Je suis souvent estomaqué devant les queues que suscitent les lotos divers et variés, morpions, et autres jeux de hasard. Je n’y vois rien d’autre qu’une attirance, certes très ancienne, pour un ailleurs trompeur, une vie inespérée. C’est une fuite devant la réalité.

J’accorde une très grande importance aux valeurs que le sport est capable de véhiculer. Le don de soi, l’esprit de groupe, le dépassement de ses limites sont susceptibles de construire les caractères, de forger des femmes et des hommes qui sauront apporter un plus à un groupe, à une société. J’ai l’impression que ces valeurs sont gangrenées par le fric omniprésent, la recherche de la performance à tout prix, quitte à tricher. Or on sait que les paris sportifs multiplient les truquages, les tripatouillages dignes des réseaux mafieux. Et nous n’avons vraiment pas besoin de cela pour redonner au sport un peu de sa noblesse.

Je connais les arguments qui vont nous être rétorqués : nous nous contentons de nous mettre au diapason de ce qui est déjà possible à l’extérieur de nos  frontières, et de “réguler” une activité qui se jouera quoiqu’il arrive sur le terrain de jeu mondial que lui offre le “net”.

Certes. On pourrait aussi la limiter, lui contraindre un peu l’accès aux écrans publicitaires. On pourrait l’interdire aux mineurs. On pourrait la taxer très fortement, en ces temps de recherche de fonds. J’ai l’impression que pour le moment, on lui aménage surtout un boulevard.

Je n’aime pas les jeux de hasard, quels qu’ils soient, même s’ils sont vieux comme le monde. Et pourquoi ne pas le dire, je ne pense pas que l’arrivée d’un casino sur le territoire de notre métropole lilloise soit nécessairement une bonne nouvelle. Et je redoute un peu de voir arriver dans mon bureau les premières victimes de ces nouveaux jeux du cirque…

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