L’hiver s’est enfin éloigné et avec lui nos jérémiades quotidiennes : « J’ai trop froid. Encore de la neige ! J’ai un orteil gelé ! Tu parles d’un réchauffement climatique ! ».
Le printemps a fait un petit tour et puis s’en va, nous laissant insatisfaits : « C’est Novembre en Mai ! Sandales ou bottes, que choisir ? Les Saintes Glaces késako??" (mais non, les Saints de Glace, merci Sandra!)
L’été est en route avec un avant-goût de canicule : « La chaleur me tue ! Vivement un peu de fraîcheur… »
Mais surtout, surtout, avec l’été, nos vos corps livrent des secrets intimes qui, parfois, feraient bien de le rester ! Des effluves s’échappent de notre votre organisme, lesquelles sont loin de ressembler à celles des grands parfums (même si, lorsqu’on sait quels composants sont nécessaires à leur élaboration, on est en droit d’avoir une petite moue de dégoût…)
Déjà qu’on avait à supporter l’haleine putride de notre collègue de gauche – ou de droite, je ne fais pas de politique ! -, en été, voici que vient s’ajouter celle de sa transpiration ! Avec l’image en plus !
C’est avec une appréhension justifiée qu’on le – ou la, je ne suis pas sexiste ! - voit surgir à notre hauteur, la bouche ouverte sur ses chicots, les aisselles fortement humidifiées formant des auréoles qui s’élargissent à mesure qu’il approche. On a beau se dire que ce n’est pas de sa faute, que ses glandes sudoripares sont en pleine ébullition, une tentative irrépressible de fuite nous assaille mais, tel le prédateur avec sa proie, il s’avance inexorablement jusqu’à nous accoler au mur. Sa face, déjà bien rouge, se congestionne sous l’effort, des gouttes apparaissent sur son front, elles dégoulinent lentement au coin de l’œil, descendent doucement le long de sa joue, atteignent la mâchoire, font une courte halte avant de se laisser choir… sur notre main !
Alors qu’on était en apnée pour échapper à l’insupportable fumet, on lâche un « Oh ! » de surprise prenant en plein nez l’infection pestilentielle !
Une deuxième goutte empruntant joyeusement le sillon creusé par la première, la panique nous gagne déclenchant un mouvement de défense spontané : Les deux mains en avant, on repousse l’agresseur – non, décidemment, je suis sexiste, ce ne peut-être qu’un homme ! - s’imbibant ainsi de sa sueur qui, entre temps, a inondé le torse de l’animal!
Toutefois, le pire reste à venir, car, si l’on peut se soustraire au bouquet de cet importun, il n’en va pas de même de la promiscuité imposée des transports en commun que l’on doit emprunter pour atteindre notre douche…
Si, le matin, une telle expérience est à peu près supportable, à l’heure de la sortie des bureaux, des centaines de transpirants en nage inondent les wagons et, dès la fermeture des portes, nous voici coincée dans un sauna improvisé aux relents corporels très éloignés de la senteur délicate du jasmin en fleur.
Une multitude de nuques humides, de mains moites, de pieds mouillés envahissent l’espace, incommodant sans complexe nos narines délicates.
Et que dire de cette femme dont nous apercevons le reflet dans la vitre !
Elle avait pourtant l’air de se tenir lorsqu’elle a pénétré dans la rame saturée ! Pourtant, au bout de deux stations à peine, nous assistons à l’humidification de ses racines, le fond de teint malmené se liquéfie sans retenue, les paupières s’agitent frénétiquement au risque de souiller son visage de quelques traces de mascara. Ses aisselles fraîchement rasées du matin, déodorisées d’un produit « spécial-anti-perspirant-efficacité-24-heures-garantie » commencent elles aussi à donner des signes d’abandon.
D’un discret mouvement de la tête, elle approche son appendice de la zone à risque, inspire par à-coups, constate, horrifiée, que son produit miracle a fait long feu et que ses glandes sudorales sont à la fête !
Nous lui trouvons la mine bien pitoyable à se renifler ainsi et rions sous cape de la voir se noyer comme les autres dans un océan d’odeurs suspectes !
D’ailleurs, cela nous incommode grandement, nous nous éloignons autant que possible de cette source d’exhalaison (qui, étrangement nous semble familière…) mais la puante nous suit, ne nous lâche pas du regard et va même jusqu’à imiter le moindre de nos gestes.
Serait-ce possible que…. ?
Non ! Pas nous !!