Je me mis à la recherche des ex de Luis. En vain. Bizarrement elles semblaient toutes avoir disparu de la circulation. Bye, bye, les filles, passées à la trappe ! Certes la recherche n’était pas des plus aisées, étant donné la vie nomade de mon sujet : la plupart de ses amantes vivait dans des zones où ni le téléphone ni Internet ne semblaient jamais avoir eu accès.
J’en vins à me demander si Luis ne les avait choisies selon leur éloignement géographique. C’était romanesque à coup sûr. A croire qu’il ne sortait qu’avec les dernières survivantes de tribus en voie d’extinction ! Quelle place pouvais-je bien avoir dans cette liste ?
Finalement, je retrouvai la trace d’une seule, Laura l’américaine, l’ex miss Monde : décédée tragiquement, et surtout bêtement, dans un accident de grand huit, étranglée par son écharpe. La piste se refermait en cul de sac.
J’avais soudain l’impression d’être plongée dans un livre de Mendoza où le mystère s’ouvre aussi grand que les cuisses des femmes pour ne jamais se refermer. J’imaginais, pendant un temps, que Luis s’amusait à tuer chacune de ses maîtresses pour mieux raconter ensuite ce crime dans ses polars à succès.
Pas étonnant alors que l’inspecteur Palikao ne termine jamais aucune de ses enquêtes, mieux vaut ne pas trouver le coupable. Parce que leur auteur, on le connaît bien assez…
Je m’égarais, ne discernais plus très bien les frontières entre fiction et réalité. J’en vins à douter de la vie même de Luis Mendoza. Tous ces carnets, ces journaux intimes n’étaient-ils pas des faux ? Inventés par mon amant pour mieux me fourvoyer ? Est-ce que l’histoire que j’étais en train d’écrire, n’était-elle pas une immense escroquerie montée de toutes pièces par Mendoza ?
Je devais décider, et vite, si j’étais dans un piège littéraire ou si ma vie était réellement en danger…