degré VIII, XXXVI

Publié le 09 juin 2010 par Moinillon

Il faut lier et enchaîner, comme un tyran cruel, un cœur colère et emporté; mais c'est avec les chaînes d'une douceur et d'une patience constantes; il faut encore le frapper avec les verges de la clémence, et le faire conduire par la charité devant le tribunal de la raison souveraine de Dieu, pour répondre aux questions qu'on pourra lui faire. Dis-nous donc, folle et impudente passion de la colère, dis-nous le nom de ton père, de la mère qui t'a malheureusement donné le jour, et des enfants corrompus qui sont nés de toi ? Dis-nous qui sont ceux qui, par la guerre qu'ils te font, peuvent t'exterminer et te faire disparaître ? À toutes ces questions quelles réponses va nous donner la colère ? Il me semble l'entendre nous répondre : «Plusieurs causes ont concouru à me donner l'existence : je n'ai pas seulement un père, mais j'en ai plusieurs, et le premier qui concourt à me donner l'existence, c'est l'orgueil. J'ai aussi plusieurs mères parmi lesquelles vous devez remarquer la vaine gloire, l'avarice, l'intempérance, la luxure. Mes filles sont la pensée des injures, la haine, les querelles et les inimitiés; et les ennemis qui me tiennent enchaînée, comme vous le voyez, sont les vertus opposées à mes filles; ce sont encore la patience et la modération; mais la vertu qui ne cesse de me tendre des pièges et qui me fait le plus de mal, c'est l'humilité.» Vous apprendrez dans le temps de qui cette vertu tire son origine. C'est dans ce huitième degré que se trouve la couronne de la douceur. Celui qui, par la complexion de sa nature, est d'un tempérament doux et tranquille, pourrait peut-être bien ne pas la mériter. Mais il la mérite, cette belle couronne, celui qui, par ses efforts laborieux, a remporté la victoire sur la colère, en passant successivement par les sept premiers degrés.
saint Jean Climaque : L'Échelle sainte
«De la douceur, qui triomphe de la colère.» (RU)