Trentesix

J'en peux plus de ce boulot. Je vais me tirer. Demain j'arrête. Je plaque tout, je prends ce que j'ai et je pars. Je rends mon tablier. Je sais pas ce qui me détruit le plus. D'abord la précision, je sens bien que je me bousille les yeux un peu plus à chaque jour. J'ai tout le matériel dont j'ai besoin, au moins pour ça mes employeurs, malgré leurs origines douteuses, sont aux petits soins avec moi. Ils me payent grassement aussi d'ailleurs. Mais en échange ils me mettent une pression impossible...
Puis faut voir où ils nous font travailler. Je sais bien que cette activité demande de la discrétion - on doit emprunter un chemin différent à chaque fois, jamais le même deux fois de suite. Ils ont été très pointilleux là dessus. Je sais qu'ils nous font suivre par des gens à eux de temps en temps pour être sûrs qu'on ne leur fait pas faux bond sur cette règle qu'ils ont placé au dessus de toutes les autres. "Ne pas se faire prendre" et en deux "ne pas donner les autres si on est pris"...
Quand je vois la pauvre Rachel, ce qu'elle est devenue. C'est la mère de mes deux patrons. Elle est gentille comme tout comme ça en surface mais je vois bien qu'en dedans elle est toute amertume, aigreur et rancune. C'est eux qui prennent en premier, bien fait. Je dois dire que c'est comme une petite victoire à chaque fois quand elle les rembarre, même si après je trinque pour elle. La pauvre est devenue presque aveugle aujourd'hui à force de recopier encore et encore ces fichues trames et ces fichus hologrammes qu'on trouve maintenant sur les billets. Ha oui, on fait des faux billets...
Ce matin quand je suis arrivé, Rachel n'était pas là. Les frangins m'ont dit qu'elle ne viendrait plus. "Elle te passe le bonjour". J'ai essayé de rester de marbre : "ha? ben vous la saluerez pour moi. J'espère qu'elle va bien". Mais en dedans j'ai eu une peur de tous les diables qu'ils aient fini par se débarrasser d'elle. Avec eux je m'attends à tout. Je vais blinder ma sortie, faire en sorte qu'ils ne puissent pas m'atteindre et me tirer d'ici, loin. J'espère qu'Elle voudra bien partir avec moi... 
****...To Be Continued
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Brought to you with the "film noir" inspiration of 
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