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Magie des fêtes

Publié le 10 décembre 2007 par Eric Mccomber
Depuis une semaine un bruit meuble mes nuits. Ça ressemble tellement à un match de tennis que mon inconscient range avec automatisme le son dans cette catégorie. Chaque fois que j'émerge d'un rêve, je suis persuadé intimement que deux barjos font un tie-break dans la rue d'Angoulême. Je dois faire un effort pour effacer cette notion et la remplacer par le doute, l'interrogation, la spéculation. Je suis sorti dehors. J'ai guetté sur le balcon. J'ai demandé à mon voisin de palier. Rien à faire.
Ce matin j'ai posé la question à LeTonnelier. Il me fait :
— Un bruit constant, ouais, toute la nuit, ouais…
Se retournant vers les potes :
— ... Qu'est-ce que je disais, hein ?!
— Oui, et pas que cette nuit ! Toutes les nuits ! Comme un long match de…
— BEH OUAIS ! ROOOGHR ! Il assure, LeTonnelier, hein !? IL ASSUREUH !
— Euh ?!
— Toute la nuit, il assureuh ! Ah elle en redemande, oh ! Oh ! Oh !
— Mais non, c'est pas…
— LETONNELLIER-LE-MARATHONIEN-DE-LA-FOUTRIEEEUUH !
J'ai abandonné. C'est pas du tout un matelas. Ça, y en a, mais ça dure jamais plus de trois minutes. C'est d'un triste !
L'an dernier, dans Belleville, j'en ai eu un, marathonien. Un arabe. J'étais bien content de savoir qu'y avait encore des hétéros qui se consacraient à la bagatelle. Les tantouzes, je savais, et les gouinettes aussi. Dans ces professions, c'est la norme, presque. Enfin, à Belleville, ça y allait trois fois dans l'après-midi, deux fois le soir, une fois la nuit. Le matin ça roupillait. Respect. Elle faisait du bruit, la petite dame. Puis elle partait vers les onze heures. Chercher la bâfre, je crois bien. Une heure après, elle remontait les sept étages… et hop !… L'acier des ressorts gémissait !… Ça craquait de partout. Les parquets de toute la cahute, on aurait dit qu'ils voulaient se décoller les uns des autres pour monter faire un tour au septième. Tout le mur ployait. Ça faisait peur. Je venais de me séparer de la ptite. J'étais reconnaissant pour la distraction.
Il vente beaucoup en Charente, depuis une semaine. Ce soir, après ma petite pizza du dimanche au Café de la Place, je suis parti à la recherche du match de tennis. Ça a été long. Mais j'ai trouvé. Quelques dizaines de mètres à l'Ouest, une boutique a installé un Père Noël, y a dix jours. Une grosse baudruche qui escaladait le mur du magasin, comme s'il allait porter des cadeaux par la cheminée. On dirait bien qu'il a été pris par la bourrasque. Il semble s'être détaché de toutes ses amarres sauf de celle qui lui maintenait la tête. Il a fait plusieurs fois le tour du support du réverbère qui s'avance dans la rue. Depuis cet incident, si je comprends bien, il se balance comme ça au gré du vent, le cou enroulé dans la corde. Ce sont ses bottes, qui font ce bruit, en s'entrechoquant.
Faudra bien que quelqu'un aille le décrocher de là.

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