Magazine Humeur

La mystérieuse disparition des chouchous... Ep. 2

Publié le 10 juin 2010 par Sophiel

point d interrogation

Il resta seul avec la suspecte et attaqua sans préambule :

  • -   Nom, prénom, adresse, âge, profession !
  • -   T’as des enfants ? lui répondit la gamine, mains sur les hanches.
  • -   Euh…non, bafouilla Peignefin interloqué par l’aplomb de la-présumée- innocente-en-attente-d’être-déclarée-coupable.

Ici, l’auteur se permettra un aparté afin d’apporter au lecteur quelques informations utiles concernant son personnage principal :

Peignefin n’a pas d’enfants. Oh, ce n’est pas que la chose ne l’eusse point effleurée une ou deux fois, non, mais l’idée même de se reproduire en risquant d’engendrer un être qui ne soit pas en tous points conforme à son idéal – à savoir lui en miniature – a résolument inhibé ses ardeurs. Enfin, la fréquentation assidue de ces petits animaux lui fait apprécier d’autant plus le calme douillet de sa garçonnière.

  • -   Bien, reprit-il, ton nom je te prie !
  • -   Je te dis le mien si tu me dis le tien !

L’inspecteur soupçonna qu’il avait affaire à une coriace.

En homme expérimenté qu’il était, il décida d’entrer dans son jeu pour endormir sa méfiance :

  • -   Peignefin, je m’appelle Peignefin.
  • -   Ce n’est pas un nom ça ! lui asséna-t-elle en suçotant une mèche de cheveux blonds.

Il vit alors dans ce geste un excellent moyen de revenir à ses chouchous :

  • -   Ce serait plus hygiénique si tu t’attachais les cheveux. Les filles, ça adore se faire plein de coiffures compliquées, non ?
  • -   Moi, je préfère les cheveux lâchés.

Décidemment, cette petite lui donnait du fil à retordre, mais, son flair lui disait qu’il était à un cheveu de la faire tomber et surtout qu’elle commençait furieusement à lui prendre la tête !

  • -   Bon, fini de rigoler ! Je SAIS de source sûre que tu es parmi les dernières à avoir utilisé les chouchous ! Comment étaient-ils ? Usés, effilochés, dégarnis, décatis, distendus ou bien pimpants, élastiques, éclatants ?
  • -   Moi, j’utilise pas de chouchous ! Ceux que Maman achète, ils glissent tout le temps et je les perds toujours dans la cour de récré !
  • -   Ah ah ! Je te tiens ! C’est donc toi la coupable, graine de délinquante ! Je le savais ! Je le savais !

Mme Mèredefilles, attirée par les rugissements victorieux de l’inspecteur, surgit dans la pièce :

  • -   Mais enfin, que se passe-t-il donc ?
  • -   Il se passe, Madame, que votre fille vient d’avouer ! Parfaitement ! Les chouchous n’ont pas été kidnappés, ça non, ils ont été sciemment perdus, exactement comme le Petit Poucet et ses frères !!! Sauf qu’ils n’ont pas eu la chance de semer des petits cailloux pour rentrer au bercail, eux ! Pauvres, pauvres, pauvres chouchous !

Mme Mèredefilles, à peine plus ébranlée que sa cadette, haussa les épaules :

  • -   Mais je sais ! Ceux-là, je les récupère tous les mois ! L’institutrice a la gentillesse de les conserver dans une grande boîte à chaussures !
  • -   Que ne le disiez-vous pas tout de suite ! La maîtresse ! Mais c’est bien sûr ! Elle les vend au marché noir pour s’acheter des serre-têtes ! Classique !
  • -   Mais puisque je vous dis qu’elle nous les rend !
  • -   Parce que vous savez vous, combien de chouchous vous avez perdu par mois ??
  • -   Euh… Non, c’est vrai, pas exactement… Mais vous croyez vraiment que…
  • -   J’en suis sûr ! Pas plus tard que l’autre jour, j’en ai épinglé une pour une sombre histoire de barrettes ! Je vais même vous dire : On serait face à un gang que ça ne m’étonnerait pas…

Mme Mèredefilles était effondrée. Se pouvait-il que la charmante Lily soit une criminelle ? Et sa collègue Béatrice, si gentille et si douce avec les enfants, le cerveau d’un gang sans scrupules ? Les neurones de la pauvre femme entrèrent en collision, provoquant des courts-circuits aux dégâts probablement irrécupérables…

Peignefin, quant à lui, satisfait d’avoir résolu une enquête de plus, s’apprêtait à contacter ses collègues du haut banditisme lorsqu’il entendit une voix murmurer dans son dos :

  • -   Ca fait longtemps que les maîtresses ne dealent plus de chouchous. Avec la concurrence chinoise, ça ne rapporte plus un sou. Le coupable, moi, je le connais…

Cette affaire devient de plus en plus compliquée. Peignefin et l’auteur se demandent comment ils vont s’en tirer…



Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine