Magazine Journal intime

Ménage Ménard

Publié le 13 juin 2010 par Hunterjones
Ménage Ménard
Quand je fais ma demie-heure de jogging devant la Wii suivi des 100 redressements assis dans mon sous-sol je suis généralement à la fin de tout ça en grosse sueur sale.
Comme ce matin.
Je me déshabille, laisse mon linge réduit à l'état de torchon au lavage et monde flambant nu prendre ma douche au troisième étage.
C'est dans cette tenue d'Adam que ce matin j'ai croisé sur mon chemin un gros monsieur dans mon salon.
"DekessékrissBabbleBabblefuck?!!" ai-je dis en substance.
"Monsieur Jones?" m'a dit le gros inconnu, habillé.
"OuaisouaisOUI" ai-je dis nu et gêné.
"Jonathan Ménard de Ménage Ménard, c'est ce matin qu'on venait... vous aviez oublié?"
"Zêtkikriss?" ai-je dis de plus en plus énervé tentant de cacher mon généreux appareil avec le sac de pain dans la cuisine.
Ménage Ménard
"Madame Fingling nous as appelé pour qu'on lave vos murs pis vos plafonds pis vos fenêtres..."
"Pismonanuskriss?" là je perdais patience, le sac de pain ne contenait que deux croûtes et merde je jasais avec un obèse nu dans ma cuisine. C'eût été lui le nu qu'au moins je ne lui aurais pas vu la virgule tellement il étais gros mais là j'avais l'air d'un ver suintant cherchant l'ombre.
J'ai finalement compris que ma belle avait donné suite au "C'est pas toi qui ferais ça de toute façon" lancé il y a un mois et que ce gros homme et les trois loubards qui l'accompagnait allait laver nos murs, nos plafonds, nos stores et toutes ses choses que l'on ne regarde jamais vraiment.
Je me suis frayé un chemin jusqu'à ma chambre entre les 4 molosses comme une cheerleader se faufilerait entre quatre joueur de ligne défensive au football et suis allé me vêtir. Ces quatre gars-là faisaient facilement 1000 livres à eux quatre. Quand je suis redescendu, mes plans d'écouter un film étaient anéanti.
Ménage Ménard
J'avais prévu écouter, peinard, Il Grido de Michelangelo Antonioni, inspiré par mon récent voyage en Italie. PFFF! rapidement je montais l'escabeau pour replacer un rideau qu'un obèse avait eu peine à enlever et qui ne pouvait visiblement pas remonter plus de deux marches sans risquer sa vie (et risquer de démolir mes escaliers).
Quand je suis revenu dans la cuisine, un autre gros buvait au goulot notre 2 litres de liqueur.
"Mais...mais...qu'es-ce qui vous prend?" ai-je laissé tomber.
"BRuiiiiiiiiip! c'est pas...c'est pas...(plus fort) C'EST PAS TOI POFFO QUI A ACHETÉ LE 2 LITRES DE COKE?" a -t-il hurlé pour le deuxième étage.
Ménage Ménard
Le dénommé "Poffo" qui ressemblait effectivement vaguement au lutteur des années 80 du même nom , mais avec 200 livres de plus est descendu dans les escaliers pour lui parler. Enfin parler...
"Duh!" fût le son qui sortit d'entre ses mauvaises dents.
"C'est du Pepsi" ai-je précisé au criminel.
"Diète" ai-je rajouté devant son absence de réaction.
"Scurrrrrrrrrrrrrrrrrrrruuuuuuuuppsez!" a-t-il gargarisé avant de remettre la bouteille au frais.
"C'est du Cherry Coke que j'achète d'habetude le gros!"
"Ta yeule le gros"
Rendu là je ne sais plus qui parlait à qui mais je n'étais pas de ses gros.
Pendant que la belle avait kidnappé les enfants pour aller faire des commissions toute la journée j'étais prisonnier de cette maison avec quatre concurrents de The Biggest Loser. Ménage Ménard est resté de 8h00 le matin à 15 heures en ma compagnie.
Ménage Ménard
Zont joué sur ma Wii, m'ont demandé de me tasser de la verrière, du salon et du sous-sol si bien que j'ai dû me loger un temps sur la galerie de mon cabanon arrière.
Comme en punition.
Les regardant au loin fumer leurs clopes en mangeant leur McDo sur l'heure du midi.
L'un d'entre eux m'a entretenu du bienfait des sudoku, un autre a déplacé mes livres de Bowie à Berlin, d'Albert Camus par Catherine Camus,Ménage Ménard de Miles Davis, de Pink Floyd raconté par son batteur, le coffret Stanley Kubrick réunissant les films 2001:a Space Odyssey, A Clockwork Orange, The Shinning, Full Metal Jacket et Eyes Wide Shut et mon coffret de tout Velvet Underground.
Tous ses articles sont stratégiquement et décorativement placés dans la partie du sous-sol qui est mienne. Mon ultime refuge. Ma tanière.
Ça m'a irrité.
D'autant plus que je n'ai pas pu écouter ma musique car les quatre gros écoutaient le poste Galaxie R'n'B dans le volume dans le piton sur ma télé toute la journée.
Quatre bébés éléphants faisant craquer mes planchers toute la journée.
Je me suis procuré deux nouveaux morceaux d'Arcade Fire, les ai glissé sur mon Ipod et suis allé prendre une longue marche pour les découvrir.
Quand je suis revenu chez moi j'ai croisé un des gros flambant nu à son tour, dégoulinant dans ma verrière.
"WuDeFucKossosésakriss?"
Ménage Ménard
"Zinquiétez pas Monsieur Jaune on va torcher vot' verrière itou fallait que je fasse une dip dans vot' piscine y fait trop chaud pis j'ai pas mon maillot"
Quand l'amoureuse est arrivée j'étais au sommet de l'escabeau, les quatre gros étaient partis et je m'apprêtais à me laisser tomber avec la ceinture bien ajustée autour du cou et reliée à une poutre du plafond.
J'avais laissé une note disant simplement :Ménage Ménard
"Zont même pas replacé les meubles pis les cadres..."
"Tu peux pas mourir de même de toute façon, Hunter" m'a dit la belle.
"214 livres auraient fait céder la poutre." a-t-elle poursuivi.
C'est donc vrai.
Jogging again.

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