L'année du CAPES a certainement été celle où j'ai le plus travaillé durant mes études, tant le programme et l'enjeu étaient de taille... Ma motivation était triple : la fierté d'abord, puisque j'aurais assurément mal vécu d'échouer, l'envie d'enseigner ensuite, bien que je doive avouer que cela restait très vague pour moi, et la crainte de devoir rentrer bredouille à la maison et me soumettre à nouveau à l'autorité parentale...
Nous étions très nombreux à être inscrits au niveau national, académique et même de l'IUFM. La réunion de rentrée m'a laissé le souvenir d'un beau foutoir, d'un tas de consignes données dans tous les sens... Je m'étais personnellement un peu rencardée et j'avais retenu quelques principes de base, qui allaient m'aider à établir une stratégie : assister à tous les cours, m'inscrire au CNED pour compléter les apports, constituer une équipe de travail pour rendre la charge moins lourde et faire des statistiques pour travailler davantage certaines questions.
Concernant le dernier point, il faut savoir qu'au CAPES d'histoire géographie, il y a 4 "questions" d'histoire (une pour chaque période) et 3 "questions" de géographie. Chaque année, 2 questions d'histoire et 1 de géo sont changées, ce qui permet à ceux qui sont retoqués de ne pas avoir à tout recommencer. Les bruits de couloirs et les avis des enseignants supputtaient que la médiévale tomberait, ainsi que la question sur la geographie de l'Amérique du Nord. Après avoir fait mes petits calculs, je suis arrivée à la même conclusion et ait donc accentué mes efforts sur ces thèmes, tout en ne négligeant pas les autres "au cas où".
Lors de cette fameuse plénière de rentrée, je scrutai mes semblables à l'affût de l'équipier idéal. Je connaissais peu de monde, n'étant pas par nature très versée dans le copinage à tout va, les corporations ou les soirées étudiantes. Je repèrai rapidement, grâce à ses judicieuses interventions, une femme plus âgée que la moyenne qui avait travaillé dans l'aménagement du territoire. Une personnalité et un profil interessants... J'allais vers elle à la fin de l'AG me présenter et lui proposer de travailler en équipe. Elle accepta et nous formâmes toute l'année une équipe du tonnerre, moi la plus jeune de la promo (20 ans) et elle la plus âgée (37 ans).
Je devins incollable sur les XIV et XVèmes siècles en Europe (période passionnante, entre Peste noire et guerre de cent ans) et sur l'ALENA, les twin towns et autres aspects de la vie économique et des échanges en Amérique du Nord. Et comme j'ai de la chance (oui, je le reconnais, professionnellement, j'en ai^^) c'est sur ces thèmes que nous avons planché en février 2004. Je savais en sortant que j'avais réussi mes disserts, il ne me restait qu'à me préparer à l'oral, chose que je ne craignais point, car, comme ils le disent dans ma famille, "je serais capable de convaincre les Inuits qu'ils ont besoin de frigos" (est-ce vraiment flatteur?^^).
Oral en juin à Paris, par une chaleur de folie et une grève des trains. Je garde plutôt un bon souvenir de ces trois jours, un peu flous, un peu dans un état second. Je fais la maligne aujourd'hui mais je stressais quand même pas mal, même si cela ne se voyait pas. En sortant de la dernière épreuve, assise sur mon sac de voyage, au milieu de la gare de l'Est, perplexe devant l'agitation des autres humains présents, je savourais la paix retrouvée après cette année de concentration...
Les résultats sont tombés sur minitel (ah, le bon vieux minitel) en juillet, tardivement... Je l'avais décroché, et plutôt bien en plus. Pour fêter ça, j'achetai une voiture, entrant de plein pieds dans l'univers des grands "qui travaillent pour mériter leur salaire et dépenser des sous"...