"Contre la philosophie" de Guillaume Pigeard de Gurbert (6)

En parlant de manœuvrer les populations.En parlant d'écran.Cela semble toujours un peu cliché de désigner la télévision comme un outil d'abrutissement, d'entrave et de manipulation des masses et pourtant, il semble bien qu'on vit une époque/lieu où ce processus a atteint son objectif, comme son quota de résultats. La multiplication de la surface écran, c'est-à-dire ce qu'on regarde mais ne lit pas (du moins, c'est l'un de ses aspects), va avec la prolifération de la politique de contrôle, par une sorte de séduction. Que ce soit par les publicités flashy, le ton "magazine" que l'on voit maintenant sur internet (ton qui n'existait pas quand internet était un territoire de geeks) et sur les téléphones (je me rappelle d'un cours où vous parliez de ce pseudo (ψευδής : mentir) nomadisme de l'époque). L'écran n'est pas tant ce par quoi l'on montre que ce par quoi l'on (vous) capte. Comme la télévision de Fahrenheit 451. Bien sûr, il s'agit d'usage et non de nature. Même et peut-être surtout quand c'est fait avec la froideur, le trop de sérieux d'Apple. Les grands enfants sont joyeux.
Puisqu'ici je parle généralement de joystick.
Le produit livre, la "littérature" vue et surtout marchandée par les grands éditeurs et les sociétés, vécue par les masses, me semble autant un moyen de contrôle. S'il fut un temps sans doute où le prolétaire trouvait digne de lire un classique pour avoir un peu d'esprit et n'être pas un mouton de bourgeois, aujourd'hui l'on voit tout le dégât, l'immense catastrophe du livre du circuit éditeur/journaliste/auteur/télévision. Et ce n'est pas Libé ou Rue89 qui va échapper à cela, avec toute la mauvaise foi tralala qui est propre au métier aujourd'hui. Il ne devrait d'ailleurs pas décemment avoir de rubrique littéraire avant d'avoir trouvé un roman. Le papier du livre devient là un écran supplémentaire. L'usage de la première personne du singulier et du présent (seulement à l'indicatif) ne fait que nous montrer l'infantilisme du milieu.
Le jeu vidéo est loin d'échapper au contrôle du pouvoir. Pire, il est un moyen radical de tuer la révolte de l'enfant. Combien de faux révoltés passant trois heures par jour pad en main. Combien surtout de personnes à 20 ou 30 ans nostalgiques du gros pixel et fiers d'une "culture vidéoludique" ? Il faut chercher loin et beaucoup pour trouver des productions minoritaires où l'on a osé la folie et la défiance. Pour ceux qui connaissent, c'est le passage de GTA à RDR qui montre que l'on a finalement plié sous les dollars.
Pour revenir au texte "Contre la philosophie", je ne sais pas quels sont vos projets. Je me suis beaucoup plus attaché à la partie "philosophique" qu' "épiphilosophique", mais il semble que vous ayez là matière à un ouvrage. Je veux dire : peut-être que tout n'est pas perdu et que cela aurait comme un succès ou une efficace d'être lu par plus de personnes. De là à réveiller le peuple...
Les billets de la thématique :

1. 04/2010 Premier billet // http://encreblog.blogspot.com/2010/04/contre-la-philosophie-de-guillaume.html
2. vendredi 30/04/2010 // http://encreblog.blogspot.com/2010/04/contre-la-philosophie-de-guillaume_30.html
3. jeudi 06/05/2010 // http://encreblog.blogspot.com/2010/05/contre-la-philosophie-de-guillaume.html
4. lundi 10/05/2010 // http://encreblog.blogspot.com/2010/05/contre-la-philosophie-de-guillaume_10.html
5. mercredi 02/06/2010 // http://encreblog.blogspot.com/2010/06/contre-la-philosophie-de-guillaume.html