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"Le rêve américain est un moteur de l'enthousiasme"

Publié le 15 juin 2010 par Voilacestdit

J'ai donnי ici mךme dans un blog rיcent mon point de vue sur la Californie : "Le rךve amיricain est terminי". Ce point de vue est celui d'un observateur de passage, qui prend quelques notes au cours de son voyage, sans autre ambition que de fixer quelques impressions sur la sociיtי qu'il cפtoie.
Mon fils, lui, vit depuis bientפt deux ans א San Francisco, oש il y dיveloppe son entreprise : VirtuOz, crייe en France. Il a rיcemment eu l'occasion de rיpondre א une interview, diffusיe sur un media internet trטs lu par les geeks et les pros de l'. Son point de vue est celui d'un entrepreneur. Je trouve intיressant de le livrer tel quel, comme une sorte de contrepoint.
Note extraite de l'article Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Geek

Le terme geek (/gik/, prononciation anglaise /giːk/) est un anglicisme dיsignant une personne passionnיe, parfois de maniטre intense, par un domaine prיcis. Il s'emploie entre autres dans le domaine de l'informatique ainsi que dans celui de la science-fiction.

L'archיtype le plus cיlטbre du geek est celui du jeune (ou de l'adulte restי jeune) fיru de sciences/maths/logique, qui s'intיresse יgalement aux nouvelles technologies et aux univers fantastiques (comics, science-fiction, heroic fantasyetc.). Cette passion s'applique concrטtement par de nombreuses activitיs, telles que le jeu de rפle, le cinיma, les jeux vidיo ou encore la programmation informatique.


[Silicon Valley] Alexandre Lebrun : "Le rךve amיricain est un moteur de l'enthousiasme"

Publiיe par Antoine Duvauchelle le Lundi 7 Juin 2010

rêve américain moteur l'enthousiasme
VirtuOz, spיcialiste franחais des agents virtuels, a des clients comme eBay, Voyages-SNCF, SFR, Ameli ou la Fnac. En 2008, une seconde levיe de fonds lui a permis de s'implanter dans la Silicon Valley, faisant passer l'entreprise sous statut amיricain. Nous avons rencontrי Alexandre Lebrun, PDG de VirtuOz, א quelques miles de San Francisco. Il nous explique les choix et les dיfis de l'implantation.

Alexandre Lebrun, bonjour. VirtuOz est un spיcialiste des agents virtuels… Pourquoi ךtre venu dans la Silicon Valley ?

Quand nous avons lancי notre produit, nous travaillions dיjא avec eBay au niveau de la France. L'entreprise יtait intיressיe par notre solution d'agents virtuels pour les Etats-Unis, ce qui nous a permis d'envisager une implantation rapide. Nous sommes venus trטs vite grגce א une levיe de fonds de 11,4 millions de dollars, auprטs d'un investisseur de la Silicon Valley. Et nous sommes contents d'avoir יtי un peu tirיs par eBay א l'יpoque. Nous aurions pu nous contenter du marchי franחais, de grossir א cette יchelle. Le choix n'est pas facile, notamment quand on a une famille, etc.

Mais partir tפt, comme nous l'avons fait, est un excellent choix א mon avis. Le produit est encore flexible du cפtי software, et on a une attente supיrieure en terme de qualitי. Le problטme, c'est comment partir sans argent. La levיe de fonds – et la demande d'eBay qui nous assurait un gros client dטs notre implantation – nous a beaucoup aidיs א ce niveau. Je pense que c'est un bon schיma, avec le recul : dיmarrer en France, parvenir א la profitabilitי du produit, lever des fonds aux Etats-Unis avec un fort soutien logistique de l'investisseur.

C'est un succטs enviable, mais est-ce vraiment aussi simple ?

Non, bien s�r que non. D'abord parce qu'il faut prendre en considיration la vie personnelle de chacun. Ce n'est pas toujours יvident de dיmיnager א l'autre bout du monde lorsqu'on a une famille par exemple. Et mךme sur place, il y a beaucoup d'obstacles ou de piטges. Il vaut mieux ךtre parano parfois, car on peut voir arriver assez rapidement des mercenaires, qui viennent rיclamer un salaire יnorme pour faire du consulting ou comme employיs. Ils vont ךtre payיs 300 000 dollars par an, faire semblant de travailler pendant un an, et dיvelopper leur propre projet א cפtי. Au final, j'ai vu des entrepreneurs franחais perdre un an de dיveloppement et des sommes d'argent importantes א cause de חa.

Une autre tendance assez importante : les Franחais qui arrivent vont naturellement se tourner vers des Franחais dיjא יtablis. Certains entrepreneurs ici sont trטs bons comme consultants, mais pas tous. Ce n'est pas toujours une bonne idיe, parce que, si c'est confortable d'avoir des interlocuteurs de la mךme langue, חa n'aide pas א s'ouvrir א des investisseurs ou des entrepreneurs amיricains. Et c'est l'une des clיs. Attention, il ne faut pas renier toutes les initiatives sיrieuses, comme ce que font Ubifrance ou le French Tech Tour. Cependant, on reste lא dans une phase de dיcouverte. C'est trטs intיressant, car l'entrepreneur dיsirant s'implanter va avoir un maximum de rendez-vous en quelques jours, avec un temps de prיparation rיduit en amont. Mais ce n'est pas חa qui crיera le business.

Une erreur classique des entreprises franחaises intיressיes par le marchי amיricain, c'est de faire des יconomies en envoyant une personne en יclaireur, seule , pour essayer de signer deux ou trois contrats. Je n'ai jamais vu cela marcher nulle part.

Aprטs, il y a d'autres soucis, qui semblent des dיtails… Par exemple, certains arrivent aux rendez-vous avec 20 minutes de retard. Ca semble dיrisoire, mais c'est יliminatoire ici. Il faut savoir qu'un rendez-vous avec des entrepreneurs ou des investisseurs amיricains ne commencera jamais deux minutes plus tard. Quand on a une confיrence tיlיphonique au sein de VirtuOz א 8h, tout le monde est en ligne א 7h59, c'est assez impressionnant. Et si quelqu'un est bloquי au tיlיphone avec un client par exemple, il va envoyer un mail א tout le monde 5 minutes avant.

Quelles sont les bonnes pratiques pour avoir des opportunitיs intיressantes ?

Il y a deux cadres diffיrents pour une implantation : soit on vient avec un fonds d'investissement local, soit on arrive sans soutien. Nous, par exemple, du jour oש nous avons signי pour le financement, nous avons יtי trטs יpaulי. Financiטrement, mais surtout en terme de crיdibilitי. On vient d'un pays lointain, avec juste nos valises, un accent horrible, et sans avoir fait Stanford… Il faut יquilibrer ces dיsavantages absolument. Avoir un financement d'un fonds qui fait partie du top 20 apporte cette crיdibilitי. Ca joue beaucoup sur le recrutement.

C'est un point trטs important : le recrutement. L'avantage de la Silicon Valley, c'est qu'on va avoir accטs א des gens qui ont יtי cadres dans de trטs grosses entreprises, comme SAP, Microsoft, Google, etc, et יgalement dans des startups. Ils vont donc apporter une expיrience יnorme, beaucoup de crיdibilitי. Mais ces gens-lא, qui ont un rיel esprit de startup, et un enthousiasme authentique, sont demandיs de partout. Si on ne veut pas tomber sur les mercenaires dont nous parlions, il faut un rיseau et une crיdibilitי importante. La bonne idיe ne suffit pas. On peut, et on doit, recruter א la fois des jeunes et des stars. C'est un vivier de cadres expיrimentיs que l'on ne trouve pas en France.

Il serait impossible de rיussir dans les mךmes conditions en France ?

Il est beaucoup plus facile de lancer un business en France, grגce aux aides gouvernementales. Entre Osיo, les lois Tepa sur la rיduction d'ISF, etc, c'est un super climat. Mais quand il s'agit de faire grossir son entreprise, les difficultיs arrivent. Tous les avantages des dיbuts disparaissent, et comme je vous le disais, il est difficile de recruter tous ces grands cadres venus de Google, d'Oracle ou de SAP. La France est un peu trop cloisonnיe pour חa. Or nous avons besoin d'eux pour grandir. C'est la principale diffיrence que je vois entre les deux situations.

Mais ce qui est fait avec les pפles de compיtitivitי, c'est une bonne chose. Il faut un bouillonnement, des gens qui se trouvent. Ce qui m'inquiטte un peu, c'est que c'est quelque chose qui ne se dיcrטte pas. La Silicon Valley est le fruit de plusieurs choses : des gens qui ont fait fortune grגce aux stocks-options – et allez proposer des stocks-options א de grands cadres franחais… Des gens qui sortent de Stanford, des gens qui ont travaillי pour des entreprises comme HP, des business angels ou des capitaux-risqueurs… Il est possible de crיer tout cela en France, mais comment les faire se rencontrer ? Allez dans un cafי de Palo Alto, on les trouvera tous. Est-ce qu'ils auront envie de traמner dans un cafי א Saclay ?

Il faut, en clair, de bonnes universitיs, un endroit assez יloignי de la ville pour ne pas que les gens s'en aillent, et des entrepreneurs qui ont fait fortune. Le rךve amיricain est un vrai moteur de l'enthousiasme. Pourquoi croyez-vous que neuf personnes vont travailler dur et prendre des risques ? Parce qu'une diziטme personne a rיussi en partant de rien, et le fait savoir. L'exemple est un moteur fort, qu'il ne faut pas nיgliger. Mais peut-on dיcrיter qu'une personne sur dix travaillant א Saclay aura fait fortune ?

Alexandre Lebrun, je vous remercie.

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