Faites du shopping, qu'ils disaient

Publié le 16 juin 2010 par Anaïs Valente

L'autre jour, je me baladais dans les rues commerçantes de ma petite ville adorée lorsque, flaaaaaaaaaaaaaaaaaaash, coup de foooooooouuuuuuuudre, je repère un magnifique gilet dans une vitrine.  Un gilet fait pour moi, dixit ma « carte des couleurs qui me vont », reçue lors d'une analyse couleurs faite par une pro, dans le but de diminuer ma facture de fringues (quand on connaît ses couleurs, on zappe définitivement les autres), mais qui n'a fait que l'augmenter, tout compte fait (quand on connaît ses couleurs, on n'a pas d'autre choix que de renouveler intégralement sa garde-robe).

Donc, j'ai le coup de foudre pour un gilet estival, court, noué sur le devant.  Et fuchsia.  D'un fuchsia super super fuchsia.  Bien flashy.  Parfait pour moi, je le sens je le sais.

Je m'y vois déjà, adulée et riche vêtue de mon nouveau gilet, que je mettrais sur une tenue toute blanche ou toute noire.  Voire toute grise, why not. Rhaaaa, comme je m'y vois...

Je décide donc d'aller l'essayer.  Aujourd'hui.  (Enfin hier, vu que vous lirez ce billet demain...)

En entrant dans la boutique, la vendeuse me salue d'un agréable « bonjour » plein de soleil.  Je ne l'avais pas vue, occupée qu'elle était à ranger des vêtements.  Ou plutôt, je l'avais vue, mais l'avais prise pour une autre cliente.  Elle annonce à la criée une réduction de jenesaispluscombiendepourcent.  Peu importe, je suis prête à payer le prix plein pour le gilet de ma vie, pardi.

Je me mets donc à arpenter le magasin à la recherche de mon gilet.  Je le trouve en beige.  Je le trouve en bleu.  Je le trouve en lilas.  Mais je ne le trouve pas en fuchsia, damned.

Je m'approche alors de la vendeuse, revenue à son comptoir, et l'interroge « vous n'avez plus le gilet rose de la vitrine ? »

Et elle de me répondre « si, il en reste un » (mon cœur fait des bonds de joie dans ma poitrine : « un, c'est parfait, il m'en faut un »).  Et d'ajouter « il est là-bas », en me montrant le gilet lilas (mon cœur se met à pleurer des larmes de sang).

La vendeuse se dirige vers le gilet lilas, tandis que je lui demande si c'est bien le même coloris, car celui de la vitrine me semble bien plus rose.  Rose plutôt que mauve, quoi.  Elle saisit le gilet lilas, se dirige vers la vitrine d'un pas assuré, tandis que je marmonne quelque chose sur mon doute à propos des couleurs qui ne sont pas, d'après moi, similaires.  Une fois devant la vitrine, elle ajoute « en effet, ce n'est pas la même couleur ».  Ben ça, je le savais moi être myope, mais moi pas être daltonienne hein.

Puis détache l'épée de Damoclès qui était suspendue au-dessus de ma tête et que je sentais me frôler la chevelure, en concluant « il ne me reste que celui de la vitrine et (voix sèche et irrévocable, ne laissant planer aucun doute sur l'issue de la conversation) je ne vais pas défaire ma vitrine maintenant ».  Adios son sourire plein de soleil, bonjour l'air renfrogné synonyme de « elle fait chier cette cliente à vouloir justement CE gilet ».

Bon.  Soit.  Je me tais.  Je la ferme. Et je sors du magasin, aussi penaude qu'un chien pris en flagrant délit de vol de saucisses.  Je lance un vague « au revoir », toujours sous le choc.  Pas le choc de ne pas ressortir avec le gilet de ma vie.  Le choc d'avoir été traitée de la sorte.  Comme une merde, pour parler crûment.

C'est bien vrai ce qu'on dit, que les commerçants namurois ont tout sauf le sens du commerce.

Et de me demander pourquoi j'ai pas argumenté « OK OK, restez calme, là, respirez lentement, je comprends que vous ne vouliez pas défaire votre vitrine MAINTENANT, mais quand la déferez-vous, juste pour information ?  Et une option sur le gilet une fois la vitrine défaite, y'a moyen ?  Et si je double le prix du gilet ? Vous comptez le vendre en quelle année exactement ? Je peux déjà le réserver pour 2015 ? »  Passque bon, les vitrines, ça sert à montrer les marchandises, mais quand les marchandises dans la vitrine sont le dernier exemplaire disponible, on les y laisse pour les jeter quand l'automne pointe le bout de son nez alors ???  Moi pas vraiment comprendre les règles...

Et le pire dans tout ça, c'est que j'ai cherché sur internet, ce magasin a des petits frères partout en Gelbique.  Donc, si ça tombe, avec un peu de bonne volonté, la vendeuse aurait pu me le trouver ailleurs et le faire rapatrier, si elle était trop fade ou trop respectueuse d'un règlement quelconque pour aller dans la vitrine.  Pffff.

Bon, je vous laisse, je m'en vais entamer ma période de deuil.

WANTED : gilet rose fuchsia à nouer sur le devant, pitiéééééééééééééééé...

PS : le nom du magasin ? Nooooon, je ne peux... vous insistez ?