Trois heures du matin. Je me réveille ‘frais comme un gardon’. Mes neurones tournent à cent milliards de tours/seconde, je veux dire bien mieux que mon ordinateur poussif. Comparaison très scabreuse, qui révèle combien je suis – vous aussi – conditionné par mon environnement.
J’ai dû faire une série de rêves chahutés. La misère du monde, les enfants affamés, les regards implorants et accusateurs à la fois des miséreux. La beauté, aussi, surtout, de cette vitalité humaine, capable du meilleur : la gratuité, la gaieté… et du pire, la cruauté, la crapulerie…Il y a bien une demi-heure que je tourne en rond dans ma tête, assis dans le noir (sauf la lune)avec un petit verre de vin rouge coupé d’eau et une petite cigarette coupée de filtre. Silence. ‘Et si j’avais tout faux ?’. Nouveau petit verre et petite cigarette. Etc. La ‘bête folle’ va-t-elle se calmer, peu à peu ?… Oui, dans le sens où j’ai perdu énormément des pensées vertigineuses qui m’ont assaillies. Puisque me voilà dans la lumière, à écrire ces lignes, pâles reflets de mes considérations silencieuses et lucides sur ma ‘condition humaine’ de‘conditionné’.
Je suis addict au tabac et à l’alcool : drogué. Cela est mon seul ‘luxe’, qui me coûte bien plus que ma nourriture, même plus que mon loyer. Je m’en sors en me passant d’objets courants de la société de consommation où je suis : voiture,frigo, téléphone portable, télévision, voyage, gueuleton, spectacle… sauf exception, sur invitation de plus en plus rare. Vais-je finir comme Diogène,qui, lui, se passait de tabac et d’alcool ? Je ne l’envisage pas ! Mais j’envisage la fin, si triste, comme d’habitude : la mort, dans la sordide solitude et la sordide souffrance…