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(12) Une encre sympathique très sympathique

Publié le 17 juin 2010 par Luisagallerini

- Je ne comprends pas, que signifie ce texte ? demanda-t-elle, interloquée.

- J'ai recopié sur ce bout de papier des inscriptions présentes sur l'amulette, mais invisibles à l'œil nu. C'est en appliquant des algorithmes d'extraction de composants chimiques pour affiner la datation de la pièce que j'ai isolé un élément organique tout à fait inattendu : du lait. Je savais que l'on fabriquait de l' encre sympathique à base de lait et qu'il fallait appliquer de la poudre noire, comme de la cendre ou de la mine de crayon broyée, pour que l' écriture apparaisse. Je vous laisse imaginer la suite, et ce qu'est devenue la cigarette que je fumais. Le résultat est entre vos mains, et il est écrit en français.

La vue troublée par l'émotion, Marie considéra à nouveau l'inscription.

- Bénit soit-il, lut-elle à haute voix, Sloane le père protecteur de ses enfants, des richesses, et des travaux. Quand l'échelle aux sept barreaux croise les rayons affligés, alors 16 et 3 et 2 et 13 se transforment en 16 et 10 et 7 et 1 : 4 et 15 et 14 et 1 en donnent la clé. Le cœur et la plume ont quitté les plateaux, souvent sous le crayon se cache l'écrit.

(12) Une encre sympathique très sympathique

Interdite, elle ânonna plusieurs fois la citation. Philippe ne la quittait pas des yeux.

- Pour ma part, admit-il, je m'avoue vaincu. Ces phrases ne m'évoquent rien.

- On dirait une énigme... C'est extraordinaire ! Mais pourquoi avoir dissimulé une énigme sur une amulette ?

- Je n'en ai aucune idée. Je pensais que peut-être, vous comprendriez ces phrases.

Marie leva sur lui de grands yeux étonnés :

- Pourquoi les comprendrais-je mieux que vous ?

- Je ne suis pas très doué pour les énigmes, ça ne date pas d'hier ! L'intuition n'est pas mon fort, ce qui bien sûr, représente un handicap pour mes recherches. D'un autre côté, cela m'évite de me disperser, ou de m'enliser sur de mauvaises voies. Mais j'allais oublier, ajouta-t-il brusquement, j'ai entièrement déchiffré le papyrus. Je vous ai imprimé une copie de son contenu, avec la traduction, ainsi que des photos des deux autres papyrus du Rituel de l'embaumement.

- Vous avez eu le temps de tout traduire ?

- Disons que la nuit a été courte. Au fait, avez-vous mis le papyrus en lieu sûr ?

- Oui, ce matin même. Pourquoi cette question ?

- Je suis convoqué demain midi par la direction du musée. J'ai reçu une mise à pied aujourd'hui, je suis démis de mes fonctions jusqu'à nouvel ordre. Remarquez, ce n'est pas plus mal, ça me laissera plus de temps pour mes travaux, commenta-t-il d'une voix amère.

Sa dernière remarque ne trompa pas Marie. L'anxiété le rongeait autant que le sentiment d'injustice.

- Je suis persuadé qu'ils attendent que je me mette à table, reprit-il. Madame Peignot n'est pas dupe, elle a bien compris que je cachais quelque chose. Mais elle n'a aucune preuve, et je ne cèderai pas au chantage, même si ma charge de cours est en jeu. Le poste que j'occupe, de toute façon provisoire, est bien moins important pour ma carrière que le papyrus que vous avez découvert. Et puis il y a autre chose, poursuivit-il et l'intonation de sa voix changea. Si la conservatrice apprend l'existence de ce papyrus, elle s'appropriera sans aucune hésitation mes travaux de recherche, après bien sûr, avoir fait main basse sur le rouleau.

Il lui prit la main. Cette fois-ci, Marie ne la retira pas. Ses yeux brillaient d'une telle intensité qu'elle en oublia les éventuelles conséquences.

- Il faut garder tout cela secret, le papyrus, l' amulette, tout. Ce sera notre secret, vous êtes d'accord ?

- Ai-je le choix ? bredouilla-t-elle.

- On a toujours le choix, tout est question de décision. Voici mon plan : vous protégez le papyrus jusqu'à ce que je publie mon article, et je vous aide à faire en sorte que tout le monde pense que vous l'avez acquis légalement.

- D'accord, répondit-elle d'une voix éteinte ; vous avez raison, c'est la meilleure solution pour nous deux.

Comprenant à cet instant que la peur était entrée dans sa vie par la même porte que le hasard, Marie déglutit péniblement. De ses doigts glacés, elle serra la main de Philippe, chaude et ferme. Bien que ce fût là un bien maigre réconfort, connaissant à présent le revers de la médaille, elle n'avait aucune envie de s'en séparer.

Fin du chapitre ! A présent, à vous de jouer : sur un post dédié, l'énigme de l'amulette est ouverte à tous, chercheurs de trésors et amateurs de casse-tête en tout genre.
Pour vous laisser un peu de temps (Marie est très rapide!), les publications seront exceptionnellement interrompues pendant 2 semaines; elles reprendront le lundi 5 juillet. En attendant, des articles indépendants seront publiés.
Bonne chance à tous, et rendez-vous sur le post consacré à l'énigme. Saurez-vous la déchiffrer avant Marie ?

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