Magazine Journal intime

Quand Sarko s'éveillera, la France tremblera...

Publié le 07 mai 2007 par Mirabelle

J'avais décidé de ne pas commenter les résultats ici. Je sais pourtant que tu es "de mon bord" mais c'est au dessus de mes forces d'espérer encore. Mon cher Victor,
On vote dimanche ! Merci, je sais. J'ai de l'espoir pour deux ma petite fille ! Nous sommes trop peu à espérer dans le même sens. Ah... C'est vrai que les sondages ne sont pas de bonne augure pour la Ségo... Et ce petit Nicolas remue des montagnes pour rameuter les troupes et rassembler autour de lui ! Il faut bien avouer que ce bonhomme-là a des talents d'orateurs que ne possède pas la candidate socialiste... Mais garde espoir, Mirabelle ! Sans espoir, on n'est rien !

A vrai dire, depuis le 21 Avril, les élections occupent une grande part de mon esprit.
Heureusement, le mémoire et les validations sont là pour me ramener à la réalité du quotidien... Certains diront que cette élection prend une proportion surprenante dans ma caboche de jeunette. C'est juste qu'à mes yeux, Sarkozy est très dangereux pour les libertés individuelles et les acquis sociaux. Sarkozy concentrera les pouvoirs autour de lui... Adieu l'Egalité des Chances, adieu la solidarité, bonjour la concurrence, bonjour la loi du "Marche ou crève", bonjour la répression policière... Et tu ne sais pas le pire, Victor, tu ne sais pas ce qui me fait m'arracher les cheveux ! Quoi ?
Le pire, c'est que c'est la DEMOCRATIE qui l'amènera au pouvoir. Ce sont les Français qui lui donneront l'opportunité de repousser l'âge de la retraite à soixante ans, ce sont les Français qui lui permettront de faire du libéralisme le principe clé de l'économie, ce sont les Français qui lui donneront le feu vert pour licencier, délocaliser, accentuer les inégalités.
Il faut reconnaître que la gauche, telle qu'elle est aujourd'hui, ne fera pas beaucoup mieux. Mais ce dont je suis PERSUADEE, c'est que jamais elle ne pourra faire pire. Je redoute le pire, Victor. Parce que, quoi qu'il en dise, Sarkozy a des idées proches de celles du FN. Parce qu'il a la main très longue et qu'il l'AURAIT (soyons prudents, je ne voudrais pas me faire poursuivre pour diffamation...) déjà montré en empêchant la publication d'un bouquin pas très flatteur pour sa petite personne, un bouquin pourtant apprécié par l'éditeur, qui avait assuré à son auteur qu'il serait bientôt publié. Parce qu'il est déterministe, et assume sa position quant au suicide, à la pédophilie. Parce qu'il a doublé tout le monde dans les bureaux de vote et que cela me semble révélateur d'un esprit pas vraiment penché vers l'égalité.

Ce sont les Français qui le mettront au pouvoir, avec une majorité incontestable.
Ce sont aussi les Français qui viendront se plaindre, après ça, du chômage, de la misère, de la crise du logement. Je ne dis pas que la droite est responsable de tous les mots. Mais les idées dont elle est porteuse ne m'incitent pas à croire qu'un jour, les inégalités se réduiront entre les hommes. Au contraire, je suis persuadé qu'elle instaurera une logique de compétition et qu'on finira tous par se taper sur la gueule... La droite et la gauche, ce n'est pas pareil. Beaucoup de gens les assimilent pourtant, dans une devise du "Tous pourris" avec laquelle je ne suis pas d'accord. La droite et la gauche, ce n'est bonnet blanc et blanc bonnet. Et c'est dangereux de ne pas s'en apercevoir.
On avait, quand on y réfléchit, fait à peu près le même coup en 2002. Mis Le Pen au deuxième tour, devançant la gauche. Un score énorme. Et pourtant, tout le monde dans la rue, parce que c'est honteux, Le Pen au deuxième tour. En 2007, ce n'est pas si différent, en fin de compte. Sauf qu'il est beaucoup plus respectable de voter Sarko que Le Pen. Le Pen s'écroule au premier tour et Sarko s'envole en ayant piétiné les plates bandes de l'extrême droite. Le candidat UMP est protégé par son maniement extraordinaire du discours, de la démagogie, par son habileté à bouffer à tous les râteliers, en évoquant, sans que ça choque personne, (et en même temps s'il vous plaît !) Jean-Paul II, Jean Jaurès, Jeanne d'Arc, De Gaulle. Parce qu'il avouait lui-même, à quelques jours du premier tour (je tiens mes sources du "Canard Enchaîné") qu'il ne fallait pas "hésiter à utiliser de grosses ficelles". Faire sa petite sauce, en résumé... O u, dans des termes plus crus, prendre les gens pour des cons...
Alors je suis partagée entre le désespoir et la colère. Il me semble que ceux qui vont voter Sarko se précipitent eux-mêmes à leur perte. Tendent le bâton pour se faire battre. Le 6 Mai au soir, je serai certainement désespérée et au bord des larmes. J'essaie de relativiser. Parce que j'ai des amis que j'adore et qui vont voter pour lui. J'essaie d'être tolérante parce que je les aime, que je les connais et les respecte, parce que ce sont des gens biens. La tolérance, ce n'est pas si facile, et j'ai parfois tendance, je m'en rends compte, à frôler l'intransigeance, surtout quand il s'agit de politique car je me laisse facilement emporter par la passion. J'ai pourtant eu l'occasion de me rendre compte, très récemment, que j'étais capable de me retenir, par affection pour mon entourage. Je remercie d'ailleurs une certaine personne, qui lira sans doute ces lignes, d'avoir su me rappeler que pour passer une bonne soirée, il faut parfois savoir éviter d'aborder le sujet des élections...
Bon. Ceci étant dit, je ne serai pas fière d'être française le 6 Mai. J'irai me coucher la mort dans l'âme avec une petite verveine, après avoir sans doute copieusement critiqué notre nouveau président de la République. Bon. Si les gens le mettent au pouvoir, c'est qu'ils ont bien mesuré le pour et le contre. Mais qu'on ne vienne pas se plaindre après. Parce que je suis sûre que quand Sarko se réveillera, la France tremblera... Et pas qu'un peu !
Eh bien ? Pourquoi cette mine renfrognée ? Parce que ce n'est pas encore pour cette année que je vivrai un 1981 bis. Tu n'étais même pas née à cette époque ! Justement, je le regrette. J'ai envie d'un souffle d'espoir, Victor, et le seul souffle que m'ont procuré les résultats du premier tour a été celui d'un désespoir sans nom, d'une déception amère, l'envie de baisser les bras devant l'aveuglement de mes contemporains.


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