Magazine Journal intime

Bella Ciao

Publié le 07 mai 2007 par Mirabelle

Elle lui manquait encore, parfois. Quand tout allait mal. Et que l'instinct lui criait de l'appeler. Alors elle se souvenait de cette rupture. Son numéro, toujours en tête, toujours dans le répertoire. Il aurait été si simple de le composer... Il faudrait alors se confronter à la réalité. Au refus. Et elle ne voulait pas de cette confrontation.
Quand tout allait mal, elle lui manquait encore, parfois. Son humour noir lui manquait. Son rire lui manquait. Ses chansons d'Higelin lui manquaient. Toujours une pensée pour elle quand elle entendait "Champagne" à la radio. Sa voix grave lui manquait. La simple idée qu'elle était là, toujours, en toile de fond, lui manquait.
Il aurait été si simple de composer son numéro. Mais si douloureux aussi. Alors elle gardait ses souvenirs. Y repensait, comme une vieille femme au coin de son feu, son tricot sur les genoux. Pour lui tenir chaud. Les rires. Les lettres enflammées à des inconnus entrevus dont elles s'étaient amourachées. Les déceptions aussi. Le vélo en Italie. Les nuits blanches à parler. Les soirées pyjamas improvisées.
Quand tout allait mal, son prénom lui revenait, toujours. Envie de la voir. Pour être plus légère. Dédramatiser. Rire dans le bordel de sa chambre. Ecouter Téléphone. Prendre un thé dans la cuisine. Faire un pain de thon. Courir après le chat et gagatiser, en la faisant rire, parce que ça l'amusait toujours, quand elle gagatisait devant le chat. Prendre des nouvelles de sa famille, qu'elle aimait bien.
Mais elle ne composait pas son numéro. Elle ravalait le manque. Ca passerait, tôt ou tard. Et elle se disait que finalement, l'amitié, ce n'était pas si différent de l'amour. Pour la préserver, pour la chérir au fond de soi, on ne l'abandonne jamais complètement. On l'idéalise. On la tourne en nostalgie. En regrets. Oui décidemment, l'amitié, ce n'était pas si différent de l'amour.


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