La semaine prochaine, c'est le grand jour. Le premier tour des élections présidentielles ! Je suis ça de très très près, en bon républicain ! Victor, je t'ai déjà dit que "républicain" ne veut plus rien dire... Peu importe ! Le plus préoccupant, c'est la gauche ! Je m'interrogeais ici sur le sens de la gauche au XXIème siècle et je trouve que cette question est de plus en plus d'actualité avec le virement centriste de ces politiques, là, les anciens ministres... Ah flûte, je ne retrouve plus leurs noms... Roooo... Aide-moi Mirabelle ! Michel Rocard et Bernard Kouchner. Vaaala ! Bon. Un tel aveu de faiblesse, à une semaine de scrutin, c'est dramatique ! Ne m'en parle pas, Victor...
Si, si, parlons-en, justement ! Bon. Je ne sais pas si tu maintiens ton avis sur la candidate, Mirabelle... Je le maintiens, mais moins qu'auparavant... Ah, c'est à dire ? Eh bien. Elle m'est moins antipathique. Mais je persiste à dire qu'elle manque cruellement de crédibilité. Elle joue trop la carte de l'image et n'a pas de propositions concrètes. De plus, elle n'a pas le talent d'oratrice de son principal adversaire, elle est moins charismatique, ce qui joue contre elle. Je te trouve cependant nettement moins catégorique qu'avant ! Certes. J'ai si peur d'un 2ème 21 Avril, et je redoute tant Sarkozy, que j'ai mis un peu d'eau dans mon vin. Mais juste un peu, hein ! Nous verrons ça...
Revenons à nos moutons ! M'est avis que le Parti Socialiste est bien mal parti ! Je partage ton opinion ! Tu partages trop mon opinion, Mirabelle, c'est fatigant ! Un peu de débat, que diable ! Je ne vais pas nous inventer un désaccord pour te faire plaisir ! Bref, passons... Avec leur appel à se rapprocher du candidat Bayrou, Messieurs Rocard et Kouchner font un aveu terrible : celui de la faiblesse du Parti Socialiste, qui peine à rattraper le candidat de l'UMP. Et ce constat est douloureux pour les gens de gauche. Dont je fais partie, bien que je sois encore dans la tranche des indécis !
Et puis il y a eu cette rumeur, lancée par le Nouvel Observateur. Les Renseignements Généraux auraient commandé un sondage donnant Sarkozy en tête au premier tour, devançant Bayrou et Le Pen, au coude à coude (et Le Pen l'emporterait sur le fil, gloups). Ségolène Royal serait donc éliminée ! Oui. Mais les Renseignements Généraux ont démenti avoir commandé une enquête, d'autant moins qu'ils ne réalisent, en principe, plus aucune prévision électorale depuis 2004. A prendre avec des pincettes, donc... Il n'empêche que cela t'a fait peur ! Oui. Le doute m'a assaillie : et si je devais voter utile ?
A l'origine, je ne suis pas en faveur du vote utile. Au premier tour de la présidentielle 2002, j'avais voté pour le facteur, peu convaincue par la campagne de Lionel Jospin et surtout, persuadée que les petits partis ont leur place autant que les grands. Et puis je n'aime pas l'idée de faire entrer les gens dans un moule. On peut être d'un même courant et diverger sur certains points, comme le montrent les candidats de gauche à propos de l'immigration, par exemple. Et puis il y a eu le 21 Avril 2002. J'en avais parlé ici, ici, et là, Victor, souviens-toi... Oui, je m'en souviens ! Comment pourrais-je oublier une telle atrocité ?
Je ne suis pas une optimiste. Et je m'aperçois que malheureusement, l'histoire a tendance à se répéter, même si les époques changent. Et je ne suis plus si certaine que nous échappions à un 2ème 21 Avril. Alors ne dois-je pas faire ce qu'il faut pour empêcher cela, même si je ne suis pas séduite par Ségolène Royal ? J'hésite. Mais j'imagine la France sous un certain Nicolas Sarkozy. Je réentends ce qu'il a pu dire sur la pédophilie, sur le suicide... Cet homme me fait peur. Dois-je voter utile ? Hein ? Victor ? Ca, c'est un choix personnel...
Si je vote pour Ségolène Royal, ce ne sera pas par gaieté de coeur, mais pour donner une chance à la gauche de se rattraper. Pour barrer la route à Nicolas Sarkozy, aussi, sans doute ! C'est vrai. Je n'aime pas trop l'idée de voter "contre" quelqu'un, mais il y faut s'y résoudre. C'est triste, je trouve, d'avoir à voter "contre" des idées qui nous font peur, au lieu de voter au nom d'un idéal, d'un rêve, de se sentir porté par un candidat... En votant contre Nicolas Sarkozy, tu garderas pourtant une certaine idée de ce que devrait devenir la France d'après toi. Tu te fixes à des principes. C'est aussi louable. Humm... Je ne sais pas...
Ce qui me gêne, dans le vote utile, c'est qu'il étouffe le débat. Quand on vote utile, on s'adresse forcément aux partis les plus puissants des deux camps. CQFD. On n'entend plus alors les Besancenot (il n'aura pas ma voix cette année, mais il approche les 5% d'intentions de vote, tout de même !) ni les Dominique Voynet et autres Arlette Laguillet. Mais si on considère que "de toute façon tout le monde va voter pour Royal ou Sarkozy, je peux bien voter pour quelqu'un d'autre", il y aura toujours un doute. Celui de contribuer à se faire répéter l'Histoire. Car l'ombre du 21 Avril plane encore au-dessus de nos têtes...
Magazine Journal intime
Voter utile ?
Publié le 07 mai 2007 par Mirabelle
Mon cher Victor,