«Transafricaine»… tel est l’épithète qui nous vient à l’esprit pour qualifier l’initiative de l’association «Osmose,Développement et Cultures», ordonnatrice d’un festival qui compte désormais parmi les valeurs sûres de l’actualité culturelle estivale. Transafricaine , en ce qu’elle construit une passerelle durable entre Afrique et Occident, témoignant du va-et-vient perpétuel des influences et courants artistiques entre l’Afrique et le reste du monde, et donc interculturelle en qu’elle avantage le dialogue et la confluence des tendances créatrices actuelles, la 3ème édition du festival SUN ART de Lourmarin (14-18 juillet 2010), confortée par le succès de sa mouture 2009 , est aussi pluridisciplinaire et intergénérationelle. Elle s’engage en effet dans une dynamique toujours plus ambitieuse, en proposant cette année une programmation à faire pâlir d’envie les poids lourds de l’événementiel ethno-world.
Car, en gagnant des signatures convoitées comme celles de Cheick Tidiane Seck (parrain de l’événement), Paco Séry, Akékoï, Fatouma Diawara et Lamine Keïta, SUN ART s’impose désormais dans le peloton de tête des manifestations culturelles dédiées à la contemporanéité artistique africaine. Plus encore, SUN ART se positionne en label de référence et en meneur de jeu d’une avant-garde artistique qui peine parfois à accéder au podium de la reconnaissance. Et la présence exceptionnelle d’Archie Shepp, l’un des derniers mohicans du free jazz originel, incarnant à lui tout seul l’ idée d’ouverture et d’échanges, ne fait qu’accroître notre curiosité pour un événement qui offre une approche syncrétique des expériences esthétiques post-coloniales, africaines et afro-américaines.
La rencontre d’Archie Shepp et Cheick Tidiane Seck, prévue en concert de clôture le samedi 16 juillet, marquera d’un «waving flag» sur la carte d’une Afrique rêvée, le point de convergence du blues mandingue et ses couleurs sonores hautement énergisantes, d’un afro-beat aux rythmiques soutenues et d’un jazz vibratoire fait de puissantes envolées free , émargeant ainsi aux fondamentaux d’une culture africaine moderne qui se nourrit de convergences. Apogée symptomatique de l’afro-fusion qui sous-titre l’événement, cette rencontre sera à n’en point douter l’un des moments forts du festival, comme elle promet aussi d’être la parfaite illustration de cette vision transafricaine de l’art que semble défendre Hélène Buisson et Jean-Folly Kpodar, les parents du festival.
Temple alternatif d’une création panafricaine en pleine expansion, le festival SUN ART grave sur son frontispice une intention qui étonne les curieux et ravit les connaisseurs: «Rencontres, partage et élégance» ! Une médiation culturelle relativement prometteuse, conçue par une équipe organisatrice qui se préoccupe autant de la qualité du transfert que de son contenu, et s’attache à bâtir en l’espace d’un long week-end forcément ensoleillé les fondations d’une véritable interpénétration entre acteurs et spectateurs, entre l’imaginaire africain et les mentalités occidentales, entre les rêves d’exotisme et la découverte de réalités culturelles lointaines.Tout comme en 2009, SUN ART , c’est aussi la transposition au coeur d’une des plus belles cités de Provence, d’un “village africain” où le public qu’on souhaite nombreux pourra goûter sans doute un bon maffé, un poison sauce gombo ou un foutou-igname. Tout est prévu pour combler les sens et l’esprit: expositions d’oeuvre d’art (Exposition ETHIO-PICS à l’espace Henri Bosco), débats littéraires, contes pour enfants, danse, théâtre et même un bal lors de la soirée d’ouverture le 14 juillet avec un «repas aux saveurs d’Afrique», des danses traditionnelles du Togo avec le collectif Kobama et un défilé de mode signé Bibiche.
NJ
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