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Paris carnet de la patience 11

Publié le 20 juin 2010 par Filippo Zanghi

Paris carnet de la patience 11

Métro. Ternes. Faubourg Saint-Honoré. Daru. Courcelles. Lisbonne. Messine. Lancereaux. Narvik. Messine. Miromesnil. Métro.
Avenue de Messine. Pentue. À une extrémité, le portail aux dorures qui mène au Parc Monceau (c'est là que j’avais laissé traîner la pochette qui contenait tout notre pécule, à mon frère et à moi, quand nous étions venus à Paris ensemble, pour la première fois, il y a dix ans peut-être – ce qui avait provoqué notre retour anticipé). À l’autre extrémité, une banque, dont la vitrine est ainsi libellée: "Vous avez droit à une vraie banque". Constructions massives, art nouveau pour la plupart, il me semble. Façades opulentes. Ambassade de Colombie (à vérifier). Notant qu’une transversale se nomme rue de Messine, je l’emprunte. Je cherche à déchiffrer le nom d'un architecte et la date du premier ou du second immeuble, quand j’entends renifler: je tourne les yeux et j’ai à peine le temps de croiser une jeune femme en sanglots qui, d'une main, pousse un vélo et, de l'autre, s’abrite le visage. Plus loin, là où la rue fait un coude, deux hommes regardent dans sa direction (donc dans la mienne). En approchant, je comprends que l’un d’eux, pour le moins, est le gardien de l’immeuble devant lequel il se tient et d’où sort une autre jeune femme qui salue le gardien du ton de l’habitude et du quotidien, au moment où je les croise. Retour avenue de Messine, que je continue à descendre, côté gauche. Un enfant remonte le trottoir à vélo. Visage qui pourrait très bien être sicilien: pâle, yeux noirs, sourcils assez touffus. Plus bas, son père le hèle. Il fait demi-tour. Arrivé à leur hauteur, je note qu’ils se parlent dans une langue étrangère, que je n’arrive pas à déterminer. Mais, comme je remarque, au même instant, de l’autre côté de l’avenue, une boutique portant le nom de Bougalski (ou quelque chose dans cet ordre), je songe aussitôt que ce doit être du russe et que ce père et son fils ont un appartement dans le quartier, en attique, dans lequel ils ont investi une infime partie de leur immense fortune.

par Filippo

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