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18 juin : l’honneur et l’indépendance

Publié le 21 juin 2010 par Fbaillot

Voici ce que j’ai déclaré le 21 juin 2010 devant le monument aux morts de Templemars

Il me paraît important de donner une certaine solennité à ce soixante-dixième anniversaire de l’appel lancé par le général De Gaulle sur les ondes de la BBC.

Les contemporains de cette époque nous l’ont expliqué, à l’époque Charles De Gaulle est un jeune général inconnu du public. Il a simplement compris qu’il faut entrer en lutte contre l’envahisseur, mais aussi qu’il faut se donner à Londres les moyens de recomposer un état-major et un véritable appareil d’Etat, capables de stimuler les énergies, de coordonner les réseaux de résistance, de nouer des liens avec ce qu’il reste des militaires qui ne se sont pas rallié au maréchal Pétain, des responsables politiques qui ne se sont pas réfugiés dans la collaboration, le désespoir ou l’abandon, et des représentants des pays qui vont renverser avec nous le régime nazi.

Cet appel à la BBC suit la déclaration de capitulation du maréchal Pétain au micro de Radio Paris, le 17 juin. C’est le début de la guerre des ondes, et c’est un peu l’entrée de notre pays dans l’ère contemporaine, l’utilisation de ce tout nouveau média qu’est alors la radio. La BBC est écoutée par quelques heureux élus, qui vont faire fonctionner le bouche-à-oreille et vont en décupler la force.

Vous le savez, il ne reste pas de trace enregistrée de ce premier appel. Celui que nous venons de vous faire écouter date du 22 juin, et il diffère quelque peu de l’original . Mais l’esprit est le même. Entre le 18 juin et le 31 décembre 1940, le général parlera 26 fois à la radio, étendant son audience, construisant petit à petit son autorité. C’est seulement au mois d’août, lorsque les accords avec Churchill reconnaissent un statut personnel des Forces françaises libres et le ralliement de divers territoire de l’Afrique française, qu’un regain de départs aura lieu. L’exil à Londres, loin de ses attaches, n’est pas simple pour la poignée de fidèles plutôt jeunes, majoritairement de milieux modestes, qui doit organiser un séjour loin de sa culture et de ses racines dans un contexte rempli d’incertitudes, alors que sa propre nation est envahie.

Il faudra attendre mai 42, deux ans après la défaite, pour voir à la une du journal clandestin « Libération » la photo de cet homme dont les Français ignorent encore le visage et lire un peu plus tard à la une de « Combat » ce titre « un seul chef : De Gaulle ».

La suite nous la connaissons : l’amplification de la lutte contre le nazisme à l’intérieur et à l’extérieur de notre pays, la découverte de ce projet abject, l’unification des pays alliés pour mettre cette dictature à terre.

Mais aujourd’hui, je voudrais que nous gardions à l’esprit la détermination de ce jeune général qui a su faire partager sa conviction que la nation pouvait se relever de l’anéantissement.

Je voudrais simplement en guise de conclusion vous proposer cette réflexion d’un autre homme politique qui aura gouverné notre pays un peu plus tard, et que je crois nous pouvons nous appliquer collectivement, mais notamment à nous qui avons en charge des collectivités petites ou grandes. Il s’agit de Pierre Mendès-France, président du conseil de juin 1954 à février 55.

« On ne doit jamais s’occuper de savoir si l’on est payé en retour. Un homme politique doit dire ce qu’il pense, il doit être au service des convictions, il doit défendre ses convictions, il doit se battre pour ce qu’il croit être le bon, le bien. Eh bien, il y aura des cas où il sera mal entendu, mal écouté, où il n’aura pas gain de cause. S’il est sûr que ce qu’il dit, ce qu’il croit c’est la vérité, du même coup il est sûr qu’à la longue il aura raison, peut-être sans lui, peut-être après lui. Dans l’intervalle on aura perdu du temps, on aura fait du mal, mais s’il a raison, s’il est sûr qu’il l’emportera, il doit s’efforcer de faire avancer cette maturation le plus possible. C’est pour ça qu’il doit se battre. »

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