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Lecture et relectures

Publié le 21 juin 2010 par Droledeprincesse

livre

Et vous, quel livre aimeriez-vous relire ?

Le JDD posait ce dimanche la question à quelques célébrités (économiste, écrivain, journaliste ou banquier).

Tous, à une exception près, ont cité des classiques, tantôt les Histoires de Shakespeare, tantôt le Bateau Ivre de Rimbaud ou l’Education Sentimentale de Flaubert. Autant de textes et d’auteurs étudié sur les bancs de l’école ou de la Fac par obligation d’abord, par plaisir parfois mais que chacun se prend visiblement à (re)-savourer d’une lecture plus attentive et d’un oeil plus mature une fois parvenu à l’âge adulte. L’obligation disparaît alors pour céder la place à la surprise de découvrir combien ces textes classiques sont empreints de modernité et font échos à notre vie actuelle.

Teresa Cremisi, pdg de Flammarion traduit merveilleusement l’émotion procurée par cette relecture en quelques lignes :

« Quand on décide de relire un texte, c’est que l’on cherche à renouveler une excitation.

On veut retrouver ce que l’on sait nous convenir.

Ajouter un nouveau plaisir, modifié par le temps qui passe, à des plaisirs anciens ».

S’il est un ouvrage dont je vais m’offrir prochainement la relecture avec un plaisir infini, c’est bien Belle du Seigneur d’Albert Cohen, dont les 845 pages m’avaient séduites alors que je n’était qu’une lycéenne, puis passionnée une fois devenue femme. Qualifié de « Chef d’oeuvre absolu » par Joseph Kessel, ce roman de longue haleine (débuté en 1930 et publié en 1968) avait alors reçu le Grand Prix du roman de l’Académie Française.

Belle du seigneur

« Alors il lui ferma les yeux, et il se leva, et il la pris dans ses bras, lourde et abandonnée, et il alla vers la chambre, la portant, contre lui la serrant, et de tout son amour la berçant, berçant et contemplant, muette et calme, l’amoureuse qui avait tant donné ses lèvres, tant laissé de fervents billets au petit matin, berçant et contemplant, souveraine et blanche, la naïve des rendez-vous à l’étoile polaire ».

J’ai récemment réaménagé mon salon et chamboulé ma grande bibliothèque. Ce remue-ménage m’a donné l’occasion de reprendre chaque livre en main, de le refeuilleter, de me souvenir ou au contraire, de ne plus rien savoir d’un roman. L’envie de relire certains d’entre eux est alors apparue comme une évidence.

Ainsi, ce que j’avais cru n’être rien pour moi, c’était tout simplement toute ma vie…

S’il y a bien un objet dont je ne me séparerais pas, c’est bien un livre et les miens m’accompagnent depuis l’enfance, dans chacun de mes lieux de vie et à chaque étape de mon existence.

Alors, au hasard et parce qu’il fallait bien commencer par l’un d’entre eux, j’ai relu Affaires personnelles de Jean-Marc Roberts, un roman aux pages jaunies dont je n’avais presqu’aucun souvenir, l’histoire d’une femme aimée par deux hommes : « Nous n’avions jamais été tous les trois aussi près du chiffre deux… »

Affaires personnelles

Et Daniel Cohen de conclure…

« Un jour, j’ai commencé à relire les livres de mon adolescence, ceux que j’avais découvert avant d’avoir 20 ans, que j’avais lus par morceaux, dans le désordre, et que j’ai relus d’une traite, sur deux étés. Je pense que je les relirai tous, une nouvelle fois, le jour qui n’est pas encore venu, où je voudrai prendre la mesure du temps qui passe, retrouver l’émotion adolescente que produit la lecture de ces belles histoires d’amour qui finissent mal et font penser à celui qui les relit :

Ainsi, ce que j’avais cru n’être rien pour moi, c’était tout simplement toute ma vie. »


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