Les Jolis “comptes” du Sentier….Aujourd’hui Le Chat Botté

Publié le 24 mars 2010 par Lepaf

  Un meunier ne laissa pour tout pactole, à trois mômes qu’il avait, que son moulin, son âne et son greffier.

Il leur avait dit : “Je bouge plus, moi les mouches elles me trouveront assis. Le drame avec la vie, c’est qu’on en sort pas vivant! ”

“Mais faites gaffe, si la connerie n’est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille.”

Les partages furent bientôt faits : ni le notaire, ni le proc n’y furent point appelés. Ils auraient eu bientôt mangé tout le fric de leur vieux. L’aîné eut le moulin, le second eut l’âne, et le plus jeune n’eut que le matou. Ce dernier en chialait presque  d’avoir un lot de consolation :

“Mes frères, disait-il, pourront faire leur beurre dans l’association de malfaiteurs; pour moi, lorsque j’aurai becté mon chat, et que je me serai fait une Quechua de sa peau, il faudra que je clamse.  Dans la vie on partage toujours les emmerdes, jamais le pognon.”

Le Chat, qui entendait le laius, lui dit d’un air posé et sans déconner :

- Plus t’as du blé, moins t’a de principes. L’oseille c’est la gangrène de l’âme.

et puis il ajouta 

- Il vaut mieux s’en aller la tête basse que les pieds devant.
 

“Arrétez de flipper mon maître; refilez moi la musette à Virenque et faites moi faire une paire de pompes, et vous verrez que vous n’êtes pas si mal barré que vous croyez.”

Le maître du Chat qui en tenait une couche, lui avait vu tant faire le bouffon pour prendre des rats et des souris, comme quand il se cachait dans la farine pour mimer celui qui avait fait le grand saut, qu’il esperait encore ne pas atterir Chez ma Tante.

Lorsque le Chat eut ce qu’il avait demandé, il attendit que quelque jeune lapin naif, vînt se fourrer dans son sac pour manger ce qu’il y avait mis.

Quand je pense que ma dernière compagne m’avait complimenté de la sorte, fit le rusé félin :  

“ Vous vous comportez comme une salope pourtant vous n’avez pas un physique de salope. Vous vous êtes fait arranger ou quoi?”

A peine fut-il couché, qu’il prit son pied : un jeune étourdi de lapin entra dans son sac, et le maître Chat le prit et le tua.

Il se mit à bredouiller ….

- Si c’est toujours les mêmes qui gagnent, y’a jamais de revanche….c’est dégueulasse mais c’est comme ça.

Tout glorieux de sa proie, il s’en alla chez le roi et demanda à lui causer. On le fit monter à l’appart de Sa Majesté, où étant entré, il fit une grande révérence au roi, et lui dit :

” V’là, sire, un lapin de garenne : c’est mon boss, m’sieur le marquis de Carabas qui régale.

- Dis à ton maître, répondit le roi, que je le remercie et que je le kiffe grave. “

Une autre fois, il alla présenter deux perdrix au roi, comme il avait fait du lapin de garenne. Le roi les reçut encore avec plaisir, et lui fit donner de quoi se rincer la dalle.

“Une perdrix, c’est plus con qu’un dauphin, d’accord… mais ça vole…” remarqua-t-il

Le Chat continua ainsi, à porter au roi du gibier de la chasse de son maître. Un jour qu’il sut que le roi devait aller à la promenade, sur le bord de la rivière, avec sa fille, la plus belle meuf of the world, il dit à son maître :

“Si vous voulez suivre mon conseil, vous serez pété de thune : vous n’avez qu’à faire trempette dans la rivière, à l’endroit que je vous montrerai, et ensuite me laisser faire. “

Le marquis de Carabas écouta Minou l’embrouille. Dans le temps qu’il se baignait, le roi vint à passer, et le Chat se mit à crier de toute ses forces :

“Au secours ! au secours ! voilà monsieur le marquis de Carabas qui boit la tasse ! “

A ce cri, le roi mit la tête à la portière de sa caisse, et, reconnaissant le Chat qui lui avait fourgué tant de fois du gibier, il ordonna à ses porte-flingues qu’on allât vite au secours de monsieur le marquis de Carabas.

Pendant qu’on retirait le pauvre marquis de la rivière, le Chat s’approcha du carrosse et dit au roi, que dans le temps que son maître se baignait, il était venu des voleurs qui avaient chouravé les fringues, quoiqu’il eût crié au voleur ! de toute ses forces ; le drôle les avait cachés sous une grosse pierre.

“Qu’il s’agisse de rasoirs, de clés de voiture ou de femmes, j’ai tout en double.” ironisa le cat.

Le roi ordonna aussitôt aux officiers de sa garde-robe d’aller quérir un de ses plus beaux costars pour monsieur le marquis de Carabas. Le roi lui fit mille caresses (non mais ça va pas d’écrire des trucs pareils !!), et comme les beaux habits qu’on venait de lui donner relevaient sa bonne mine (car il était beau et bien gaulé), la fille du roi le trouva fort à son gré, et le marquis de Carabas l’alluma de regards, fort respectueux et un peu tendres, qu’elle en devint raide dingue à la folie.

Le chat murmura à l’oreille de la princesse :

 Ça prouve qu’on peut être pucelle en tout! Moi, j’me demandais ce qui n’avait pas encore servi chez toi. Et bien, je viens de m’apercevoir que c’est la mémoire!

Le roi voulut qu’il montât dans sa tire et qu’il fût de la promenade. Le Chat, ravi de voir que son plan commençait à réussir, prit les devants, et ayant rencontré des paysans qui fauchaient un pré, il leur dit :

“Bonnes gens qui fauchez, si vous ne dites au roi que le pré que vous fauchez appartient à monsieur le marquis de Carabas, je vous bute”

Les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît…plaisanta-t-il

Le roi ne manqua pas à demander aux faucheurs à qui était ce pré qu’il fauchaient :

“C’est à monsieur le marquis de Carabas “, dirent-ils tous ensemble, car la menace du chat leur avait foutu les chocottes .

“Vous avez là un bel héritage, dit le roi au marquis de Carabas.

- Vous voyez, sire, répondit le marquis ; c’est un pré qui ne manque point de rapporter abondamment toutes les années.”

- Mr le Marquis se paie ma tête ? interrogea le roi
- Si ce n’était que ta tête ! aurait répondu le Chat s’il avait été là.

Le maître Chat, qui allait toujours devant, rencontra des moissonneurs et leur dit :

“Bonnes gens qui moissonnez, si vous ne dites que tous ces blés appartiennent à monsieur le marquis de Carabas, je vous refroidis “

- Les cons, ça croient en tout. C’est à ça qu’on les reconnaît ….tout compte fait, j’aime mieux cette variante, elle me met plus en valeur, reconnut “pattes de velours”…..

Le roi, qui passa un moment après, voulut savoir à qui appartenaient tous les blés qu’il voyait.

“C’est à monsieur le marquis de Carabas “, répondirent les moissonneurs ; et  le roi était étonné du business de monsieur le marquis de Carabas.

Le maître Chat arriva enfin dans un beau château, dont le maître était un ogre, qui roulait sur l’or ; car toutes les terres par où le roi avait passé étaient de la dépendance de ce château.

Le Chat, légèrement faux-cu, connaissait le CV de l’ogre et ce qu’il savait faire; il demanda à lui parler, disant qu’il n’avait pas voulu passer si près de son château sans avoir une dédicace. L’ogre le reçut aussi civilement que le peut un ogre et le fit reposer.

“On m’a  assuré, dit le Chat, que vous aviez le don de vous changer en toutes sortes d’animaux ; que vous pouviez, par exemple, vous transformer en lion, en éléphant.

- Cela est vrai, répondit l’ogre brusquement, et, pour vous le montrer, vous m’allez voir devenir lion. “

Le Chat eut tant les jetons en voyant un lion devant lui, qu’il gagna aussitôt les gouttières, non sans peine et sans péril, à cause de ses bottes, qui ne valaient rien pour marcher sur les tuiles.

Fais-moi confiance, je te laisserai de quoi mourir… Tout juste….  fit l’ogre, en éclatant de rire…

Quelque temps après, le Chat, ayant vu que l’ogre avait quitté sa première forme, descendit et avoua qu’il avait eu la trouille de sa vie.

“On m’ assuré encore, dit le Chat, mais je ne saurais le croire, que vous aviez aussi le pouvoir de   vous changer en un rat, en une souris ; je vous avoue que je tiens cela tout à fait impossible.

- Impossible ! reprit l’ogre ; vous allez voir. J’me suis jamais fait baiser deux fois de suite.
- Éh ben, tu sais pas ce que tu perds !
murmura le chat

Et en même temps il se changea en une souris, qui se mit à courir sur le plancher. Le Chat ne l’eut pas plus tôt aperçue, qu’il se jeta dessus et la mangea.

Il crut alors bon d’en tirer deux morales, qu’il conviendra de méditer :

” Deux intellectuels assis vont moins loin qu’un con qui marche.

Un minable qui vit sur sa réputation, ben, c’est comme un champion qui ne mettrait jamais son titre en jeu. ”

Cependant le roi, qui vit en passant le beau château de l’ogre, voulut entrer dedans.

Le Chat, qui entendit le bruit du carrosse, qui passait sur le pont-levis, courut au-devant et dit au roi :

“Votre Majesté soit la bienvenue dans ce château de monsieur le marquis de Carabas même si son adresse, elle est comme sa liberté : Très, très provisoire.”

- Comment, monsieur le marquis, s’écria le roi, ce château est encore à vous !

 Le roi, charmé des bonnes qualités de monsieur le marquis de Carabas, de même que sa fille, qui en était folle, et voyant les grands biens qu’il possédait, lui dit, une fois bourré :

“Il ne tiendra qu’à vous, monsieur le marquis, que vous ne soyez mon gendre.

Elle ne te siffle pas encore, çà viendra. Elle a capturé un lion pour en faire une descente de lit! “ répliqua le Chat en modérant les ardeurs du  jeune homme.

Le marquis, faisant de grandes révérences, accepta l’honneur que lui faisait le roi, et, dès le même jour, il épousa la princesse, non sans la flatter…. 
 

 ”Ne bougez pas! restez comme ça! Un Matisse! Si vous étiez nue, vous seriez un Renoir. Mais si vous étiez cassée la figure, nous tenions un Picasso.”

Le chat, philiosphe désabusé voyait les choses autrement :

“En fin de compte, ces femmes là trouvent toujours preneur. Tout le monde visite et un imbécile finit par acheter”

Le Chat devint un caid, et ne courut plus après les souris que pour relever les compteurs.

Moralité

Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner.

Les dialogues en caractères gras sont signés Michel Audiard….