Magazine Journal intime

La prospection téléphonique : un métier à risque.

Publié le 22 juin 2010 par Wawaa


Définitivement je déteste le téléphone. Raison nouvellement invoquée : la prospection téléphonique. Le truc inventé rien que pour te faire chier au moment où t’es tout seul chez toi, bien tranquille, affalé dans le canapé, te reposant de ta sale matinée au boulot, digérant ton repas … tu t’apprêtes à délicatement laisser tomber lourdement tes paupières pour une sieste alors que tu viens d’allonger tes jambes. Quand soudain « Driiiiiiiiiiiiiiiiiiing Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing ». Tu ouvres tes yeux que l’énervement a très vite injectés de sang. Tu décroches le téléphone en t’auto-calmant « Tu es une fougère, c’est peut-être important, tu es fougère, tu es à l’état végétal, tu ne mords pas, tu es gentille ». Tu réponds « Oui, allo ? ». Dans ta voix ça s’entend un peu qu’on te dérange. « Société AQA, Assurances Qui t’Arnaquent, bonjour Mme Machin, conseillère en assurance bien et personne, madame, je viens vous … ». Je ne la laisse pas finir et je lui dis poliment que je ne suis pas intéressée.  Mais étant donné qu’elle lit un texte tout cuit sur un écran, histoire de ne pas s’emmêler les pinceaux, elle continue sa lecture mécanique. Quand tu commences un peu à durcir le ton, parce que ton but c’était quand même de piquer un somme dans le fond du canap’ et non pas de papoter avec une conseillère en assurance, elle commence à perdre pied mais continue quand même. Finalement,  quand tu lui dis avec violence « JE SUIS PAS INTERESSEE , AU REVOIR » et que tu lui raccroches au nez, t’en es venu à bout de cette Mme Machin, qui s’appelle Roberte, parce qu’elles disent (ou ils) toujours leur prénom pour « amicaliser » la conversation. C’est très calculé tout ça, c’est du marketing social. On essaie de t’amadouer.


Ce qui est marrant aussi avec la prospection commerciale par téléphone, c’est qu’ils choisissent aussi de t’appeler quand tu viens de remplir ton assiette avec ton filet de poisson frais, juste bien grillé et tes petits légumes poêlés. Tout est chaud et prêt à être mangé. Tu salives, ton estomac gargouille. Tu t’assois à table les yeux plein de paillettes en voyant ton assiette. Quand tout à coup « Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing ». T’as les boules. Tu te dis « Bon, c’est peut-être important » alors tu te lèves, tu vas décrocher. « Bonjour Mme Untel, ici Sarah de CassecouilleGel. ».


CassecouilleGel, vous connaissez pas ? Les plats surgelés par correspondance qui font refroidir ton assiette. Comme c’est la énième fois qu’elle rappelle et qu’à chaque fois tu lui dis de pas rappeler, tu coupes direct « Je suis pas intéressée, au revoir ». Ca jette un froid, mais avec CassecouilleGel, moi je suis comme ça. Tu retournes dans la cuisine mais ton assiette n’est plus du tout fumante.T’as les boules, je te dis, t’as les boules.


Quelques temps après, CassecouilleGel, société tenace, mais un peu gelée de la cervelle, rappelle. Sauf que c’est pas toi qui répond, mais ton père qui faisait la sieste et le téléphone était juste à côté de son oreille. Inutile de vous faire un dessin. CassecouilleGel en a pris pour son grade avec des « Vous commencez à nous faire chier ». Parce que c’est le cas, ils nous font chier. Ca a valu à mon père de se faire dire qu’il était pas très gentil mais faut jamais embêter Papa Wawaa pendant sa sieste.


C’est leur spécialité chez CassecouilleGel d’emmerder le monde. Une  fois  un type était passé à la maison pour nous vendre des légumes et des volailles surgelées. Beh moi, je leur avais expliqué pour commencer que mes parents n’étaient pas là. Quand t’as 27 ans c’est une excuse, qui même si elle est vraie, fait toujours bizarre à l’interlocuteur. Ensuite je leur avais aussi dit de regarder tout autour d’eux « Voyez on a un jardin avec NOS légumes et des pâtures avec NOS volailles, et on les met dans le congélateur, donc on n’a pas besoin de vos produits ». « Oui mais, vous savez, vous pouvez avoir des remises ». « Bah on se fait nous même des remises ici ». « Puisque vos parents ne sont pas là, on repassera ». Et le voilà parti le monsieur avec son assistante muette. Beh oui, repassez monsieur, vous allez voir quel accueil chaleureux mes parents vont vous réserver.


Cassecouillegel ils appellent très souvent. On a beau leur dire qu’on est pas consentant, ils comprennent pas. Moi je dis que la prochaine fois, faut leur parler de harcèlement téléphonique, d’autorité compétente, de police, de porter plainte.

Tout ça pour dire qu’être prospecteur téléphonique c’est quand même risqué. La santé mentale est en jeu et puis ça doit pas être marrant de se faire jeter par des gens toute la journée et surtout de savoir qu’on va déranger les gens. A moins d’avoir un côté sado-masochiste téléphonique prononcé « Ohhhh oui jetez moi au téléphone j’aime ça » ou « Ah ah ! Le vieux qui dort dans son canapé je vais te le réveiller tu vas voir ! ».

Et comme j’aime pas le téléphone, c’est encore moins un métier pour moi.


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