Description de passage 24: Ce qui n'a jamais été

Publié le 21 juin 2010 par Mari6s @mari6s

Je dédie cette Description de Passage de 300 mots à Pascal, né en août 1955 et parti rejoindre les anges en juin 1958, et à ma Mémé dont la force ne cessera jamais de m'émerveiller.

Regretter ce qui n’a jamais été, c’est regretter ce qui est, ce qui sera. Changez un détail et tout, tout changera, plus rien ne sera jamais pareil, et il restera sans doute d’autres regrets.

Je ne l’ai jamais connu. Et pourtant, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours su qu’il existait, et j’ai souvent senti son absence-présence, sa présence-absence.

J’ai vu quelques photos, mais celle qui me vient à l’esprit quand je pense à lui, c’est celle où il est sur un manège avec son grand frère, son frère qu’il idolâtrait, son frère qui l’adorait. Son sourire et ses longues boucles que j’imagine caramel, malgré le tragique ton sépia de cette image. Un visage étrangement familier, un peu comme ces ancêtres en rangs d’oignon d’il y a un siècle ou plus, mais néanmoins tout proche, bien plus proche.

Il n’est pas, comme dans certaines familles, entouré de silence. On parle de lui, le grand inconnu, le potentiel jamais réalisé, celui qui n’a rien pu devenir que des regrets, ce qui n’a jamais été. Mais que sais-je vraiment de lui ? Curiosité attristée chez moi, mais une torture, sans doute, pour sa maman. Car il aurait pu tout devenir.

Injustice. Oui, c’est injuste, et bien sûr, la vie tout entière est injuste. Mais lui, laissera toujours un vide particulier. Un vide entre son frère et sa jeune sœur qui ne l’a jamais connu ; ma mère. Un vide parmi tant d’autres dans le cœur si solide de ma grand-mère. Un vide dans l’univers des possibles.

Regretter ce qui n’a jamais été, c’est regretter ce qui est, ce qui sera. Mais allez dire ça à ce petit bout de femme le jour du cinquante-cinquième anniversaire de son deuxième enfant, celui qui est parti trop tôt, celui qui n’a rien pu devenir.