Magazine Journal intime

On n'choisit pas sa famille...

Publié le 23 juin 2010 par Tazounette

 

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J’ai mis un temps fou à accepter de faire le deuil de la sœur dont je rêvais.

J'ai mis un temps fou à accepter la vie qu'elle s'était choisie pour elle...

J’ai mis un temps fou à accepter cette distance qu’elle imposait entre nous.

Un temps fou à accepter que je n’étais pas et ne serai jamais cette sœur qu’elle voulait.

J’ai lutté pour ne pas sombrer lorsque petite elle ne faisait que me malmener, à coups de moqueries, de rabaissements, faisant écho souvent aux critiques de ma mère. Me trouvant du même coup esseulée, sans épaule, sans aide. Cherchant toujours à lui faire plaisir pour espérer un mot gentil, dont j’écopais lorsque je lui étais utile à quelque chose, la porte se refermant sur ma face dès l’instant de congratulation passé, effacé, gommé.

J’ai passé des années à lutter pour lui ressembler. Pour devenir potable quand je la trouvais magnifique. Elle, me narguant passablement lorsque la pilule avait gommé son acné et qu’elle ne m’était pas encore permise, amplifiant mes complexes de ce rêve que j’aurais voulu toucher du doigt. Une princesse de glace… Rien ne pouvant réchauffer son cœur de pierre, bien caché sous des atours plus que convainquant. J’étais tour à tour le fou quand elle voulait s’amuser un peu, le larbin quand elle avait besoin de moi et le souffre-douleur le reste du temps. N’ayant ni l’aide de ma sœur lorsque ma mère s’acharnait dans ses colères injustes, ni l’aide de ma mère lorsque ma sœur en profitait. C’est moi qui me plaignais, pas ma sœur qui m’en faisait un peu trop. A moi de me taire, de ravaler ce sentiment amer d’injustice. Lorsque c’est le mensonge qui obtient grâce aux yeux du décideur…

Je me suis sentie si seule à donner. Le peu de gentillesse qui émanait d'elle n'était palpable que lorsqu'il y avait un intérêt pour elle, une contrepartie... Jamais de réciprocité, ou si peu. J’aurais tant voulu qu’on soit ensemble, qu’on fasse des choses de filles, parler de nos filles, de nos calvaires de mère ou de femme, parfois…

Longtemps j’ai cru qu’elle voulait que je sois autrement. Plus douce, moins changeante, moins sensible, moins rêveuse, moins optimiste, moins vivante. La vérité est tout autre, je crois. Elle aurait préféré que je ne sois pas. Tout simplement... Je n'étais qu'une ombre sur son tableau... 

Lorsque j’ai décidé de changer de vie, que je m’étais échouée ici, à Bruxelles, tentant de tout mener à bout de bras, j’ai eu le malheur de m’épancher un rien au téléphone, de lui raconter un peu la façon dont je me sortais de tout ça. Sa seule réponse : « Ecoute, moi aussi j’ai mes problèmes, alors ta vie, tu te la gardes pour toi !». Je lui ai raccrochée au nez aussi sec. Le coeur cognant comme à son habitude quand il s'agissait d'elle... Je ne l’ai plus jamais rappelée depuis. C’était il y a plus deux ans. Epoque où j’ai reçu un mail tout aussi froid m’expliquant que les seuls rapports qu’elle entendait entretenir avec moi étaient de l’ordre de la juste distance, employant l’image des hérissons pour que je comprenne mieux ce qu’elle tentait de m’expliquer. La juste distance pour que les piques ne fassent jamais mal. La juste distance, une chose qui est de mise, pour moi, lorsqu'on se frotte à des gens qu'on ne connaît pas, et qu'on reste sur son quant-à-soi. Mais avec sa famille ?!? Ce àA quoi j’ai répondu que dans une famille on était censé accepter les autres tels qu’ils sont et les aimer ainsi, malgré tout.

J’ai mis un an à accepter le simple fait qu’elle ne m’aimait pas. Je ne le comprenais pas. Moi, j’aime les miens de façon inconditionnelle… Enfin, il me semble. Même si j’aurais préféré parfois que ma mère ait été autrement, que ma sœur soit plus ceci ou cela. Mais l’amour est là, malgré tout. Je n’acceptais pas que ma sœur ne veuille rien de moi, ni pour moi, même que j’aille mieux.

Tout au long de notre enfance et une partie de notre adolescence, nos rapports n’ont été que conflits : jalousie, bagarres incessantes, envie. Dès que les cousins faisaient partie des vacances, elle se les accaparait et me mettait à l'écart, mais de bien moche façon en faisant des blagues que je ne pouvais pas comprendre, des choses de grande. Je regardais son oeil méchant, sa lèvre retroussée et son petit rire de fierté, les cousins riant de même, et moi d'un seul coup couverte de honte. Je trouvais refuge auprès de ma grand-mère qui m'aimait plus que les autres. Et j'étais bien près d'elle, son optimisme à toute épreuve détaignant un peu sur moi...

Ma mère n’était pas étrangère à cette ambiance pipée… Ma mère a toujours cherché à attirer l’attention, à être au centre des débats, quels qu’ils soient. Et je suppose aisément que c’est elle en grande part qui a aiguillé les choses, sachant qu’il n’en fallait pas plus au caractère louvoyant de ma sœur… Je ne dis pas que j’étais blanche comme une oie… Point du tout. Moi, le grand cœur en mal d’amour, j’étais prête à tout pour attirer l’attention de ces deux grandes dames. Quitte à me satisfaire d’une attention négative : disputes diverses, engueulades ou remontrances plutôt que la moindre indifférence.

Depuis quelques années, ma sœur a besoin de rejeter les siens. De vivre une rupture. D’abord elle l’a fait en tentant de changer ma mère. Elle luttait contre ma mère de toutes ses forces dans la moindre conversation. Et ma sœur en pleurait de lui exprimer le « non », le refus, le rejet, le « non ce n’est pas toi qui a raison ». Et j’écoutais leur guerre si vaine. Ma mère ne changera jamais, elle aurait pu le faire, apaiser ses tourments dans un travail du même genre que le mien… Mais elle n’a pas envie, ni besoin de changer. Elle en souffrirait bien plus, de ne plus avoir l’ascendant sur personne, c’est ça qui la fait exister… Alors je regardais ma sœur exprimer ce qu’elle n’avait jamais osé exprimer pour tenter de faire tomber la tour. Elle n'est jamais tombée. C’est peine perdue…

C’était à Noël, l’année 2008. Nous étions tous réunis. L’ambiance était atrocement pesante. Quelques restes nauséabonds d’une franche dispute entre ma mère et ma sœur, l’été précédent, fleuraient ici et là. Une hypocrisie latente comme savent si bien les faire toutes les familles du monde, lorsqu’aucun sujet n’est bon à aborder au risque de troubler l’ordre qui semble régner. Lorsque l’air de la pièce est si lourd, tous les cœurs semblant scruter les autres alentour. On évite de se regarder trop longtemps, on se sourit pour éviter les sujets qui fâchent. On parle pluie et beau temps. On tente d’oublier les haussements de tons qui font les rapports entre Papa et Maman, lorsqu’ils partagent une cuisine et qu’aucun n’est content des agissements de l’autre « sur son terrain »… Et puis le matin du 25 est arrivé. Tous rescapés de l’effroyable réveillon plombé de la veille, l’électricité à son comble. Il suffisait d’une étincelle pour que tout explose et elle n’a pas tardé à apparaître… Il était 8h00 environ lorsque tous ceux de la maisonnée se sont réveillés : mon frère, mes parents, les cousines (mes filles, celle de ma sœur) et moi. Ma sœur et son mari dormant dans les chambres derrière la piscine. Nous attendions l’arrivée de ma sœur et mon bof avant de réveiller les petites et de leur faire découvrir le sapin orné de cadeaux… Ca piaillait sévère du côté de leur chambre. Et le temps passait. Ils sont arrivés vers 10h30. Et j’étais offusquée. Nous ne nous sommes pas préparés pour les attendre. Les filles commençaient à pleurer. Pas plutôt entrée, je tombe direct sur le râble de ma sœur… Il faut savoir que durant toute cette attente, les langues se sont déliées : mon père y est allé de ses petites phrases, envenimées par ma mère, et la sauce ayant bien prise, c’est mon Taz qui fut un sémillant détonateur. Je lui ai rappelé que Noël était la fête des enfants et qu’on était censé se lever tôt pour que les filles aient un semblant de fête. Pas de chance, mon bof était malade. 40 de fièvre, le pauvre ! C’est sûr, à son âge, on encaisse pas ! Et alors ? C’est pour ça qu’on gâche le Noël de 3 gamines ? Je suis devenue hystérique comme peut l’être un Taz qui attend avant de lâcher son fiel… Et ma sœur de nous demander depuis quand on laissait pleurer des enfants « dans cette maison » !!!!

J’ai appris 6 mois plus tard, que ma pauvre sœur ne s’était pas remise de mon humeur du 25/12/2008. Comment voulez-vous qu’on se comprenne ? Je suis un volcan, elle est une mer qui veut rester d’huile. Elle a peur des moindres ronds dans l’eau, du moindre soupçon de vague. Elle confond petite brise et tempête. Je suis le feu, elle est la glace. Elle a peur des sentiments, elle a peur des humeurs. Elle a besoin d’une constance qu’on ne peut pas lui donner, que la vie même ne pourra jamais lui donner ! Elle confond énervement, impatience et profonde colère… Elle confond calme feint et sécurité… Et pour combler le tout, elle écope d’une mère et d’une sœur totalement volcaniques.

Certes mon père et mon frère sont encore de cette trempe et peuvent faire contre poids, mais est-ce que cela veut dire que tout est compromis entre elle et nous ?

Je le crains... Et c’est la raison pour laquelle j’ai cessé, grâce à mon travail psy, d’avoir des attentes vis-à-vis d’elle, que j’ai arrêté d’espérer d’avoir un jour une sœur conforme à mes attentes. Comme j’ai arrêté d’espérer être un jour conforme aux siennes. Et j’ai eu mal au cœur si longtemps de savoir qu’on avait déjà passé plus de 30 ans à se passer à côté et qu’il allait falloir continuer, parce que…

Durant toute l’année écoulée, ma sœur a rejeté mes parents, leur déversant des mails d’une saleté hallucinante, à la limite de l'ordurier. Des relans de vieilles rancoeurs non digérées et brassées à l'infini dans une tête rompue à la mauvaise foi, au calcul, au mensonge...  Décortiquant leurs propos pour leur faire dire ce qu’elle voulait entendre. Elle a été odieuse. Ignoble. Terrassant chaque tentative de ma mère pour regagner son cœur. Et fermant portes sur portes sur ma mère qui ne comprenait pas… Et entre deux conquêtes de ma mère, cette dernière déblatérait sur le compte de son aînée à grands coups de verbes. Théâtral. Trop intense pour être vraiment honnête. Elle tentait juste de se convaincre elle-même, et moi j'ai pris cela pour argent comptant. Elle m’a trompée. Elle m’a convaincue que finalement elle n’irait plus lui courir après. Je l’ai crue, malheureuse que je suis ! J’ai oublié que lorsqu'elle est si vindicative et si acerbe, ce n'est que dans l'espoir de faire taire son grand coeur pour simplement paraître au-dessus de tout quand son coeur est en plein dans la mouise. Sa façon de flatter, d’abonder dans le discours de l’autre pour lui soutirer les confidences. Et puis, parce qu’on est traître ou qu’on ne l’est pas, alors que je croyais qu’elle avait tiré un trait sur cette odieuse gamine qui vivait son adolescence à 37 piges, alors que je croyais qu’elle allait attendre que ce soit sa fille qui revienne vers elle, ventre à terre, ma mère m’a appris qu’elle était allée lui rendre visite il y a peut-être 2 ou 3 semaines. Et que c’était de nouveau le grand amour depuis ! 

Mère un jour... (Ironie du sort !)...  

Une question, cependant, me taraude : Quelle est cette chose dont ma sœur a besoin pour laisser ma mère revenir ainsi ?

Lorsque j’ai compris que je n’avais plus à courir après des illusions, j’ai stoppé net tout rapport avec elle. J’ai tout de même reçu un mail plus que douteux l’hiver dernier. Ma sœur pensait que je ne lui répondais pas "parce que j’étais vexée" qu’elle ne soit pas venue à Noël. Je lui ai juste répondu que les rapports qu’elle tentait vainement d’instaurer avec nous ne m’intéressait plus désormais. J’ai jeté la boîte e-mail qui recevait encore ses diatribes et j’étais bien tranquille. En vérité.

Jusqu’à ce qu’elle trouve ma nouvelle adresse et qu’elle m’écrive à nouveau des mails, depuis une semaine… Des mails bizarres, où elle me sert des vérités qui ne sont pas d’elle, des phrases toutes faites. Et je déteste lire ces mots et ne pas la voir dedans, ELLE. N'y voir aucune intention pour moi, juste une politesse... J’y vois des mots, des tournures, vides et froides. Je déteste. Je déteste être dans la position de « devoir répondre » et savoir que ce qu’elle attend en retour c’est le même vide dont elle m’affuble. Des politesses aux entournures, des galipettes hypocrites pour faire croire à n’importe quoi. Quand on sait que derrière, il n’y a pas de mieux. Elle garde juste à l’esprit qu’on va lui garder sa fille pendant 1 semaine, et cela suffit pour qu’elle se sente obligée de flatter son monde. J’ai répondu froidement. Sans lui donner davantage ni même les informations qu’elle demandait. Pourquoi vouloir me faire croire que ma vie l’intéresse quand elle m’a déjà dit que la sienne lui suffisait ? Elle ne voulait pas du mauvais, pourquoi lui servir du bon ?

Elle a trouvé chez ma mère les informations qu’elle souhaitait obtenir et m’a écrit un second mail pour bien me montrer qu’elle avait réussi à les obtenir malgré tout... La vie est un éternel recommencement, je le crains fort. Qu’elle recommence donc toute seule, si ça lui chante. Qu’elle revienne donc la bouche en cœur sans demander pardon aux autres.

Elle ne passera plus par moi !!!

Faire comme si de rien n’était. Garder ma ligne directrice. J’ai dit NON. C’est fini pour moi. Je sais que lorsque la joie sera passée d’avoir laissé sa fille à garder à nos parents, elle trouvera un autre prétexte pour leur claquer la porte au nez. C’est son petit jeu. Le même qui amuse tant les petits chatons. Un fil de laine plus ou moins long, qu’on tient fermement et tantôt on le lui donne, tantôt on le lui enlève. C’est un jeu infaillible. Le chaton devient fou…


Ma sœur tient le fil. Et ma mère est ce petit chaton qui veut jouer, qui veut le lien avec elle. Elle ne se rend pas compte que ma sœur joue. Joue avec elle de la plus abjecte des façons.

Je n’espère qu’une chose : que ma mère s’en rende compte. Qu’elle arrête de donner à ma sœur ce qu’elle attend, qu’elle arrête d’être sa victime. Mais ma mère aime les causes perdues... Elle a couru vers ma soeur sans avoir peur des balles perdues. Elle se pense tellement gagnante... 

Elle me fait tant et tant de peine...

Que ma soeur passe donc à côté de sa vie et de la nôtre, elle n’est pas une belle personne ! 


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