Nous nous sommes vus à Tunis comme d’habitude, les sortis, les copains... nos petites soirées à deux sur son canapé, où il me tient par la taille, on se parle beaucoup mais on ne se raconte pas nos vies.
Nous avons partagé ce dîner chinois et le lendemain nous avons partagé un voyage éprouvant dans mon passé. Quand un soir, mon ex, mon fantôme... celui qui a en partie fait de moi ce monstre... est venu me narguer en présence de D.
Mimi la diva, ne s’est pas laissée faire, et su faire face, à jouer à la grande femme indifférente. La petite Mimi n’avait qu’une envie, c’est de se blottir dans les bras de D. et de verser quelques larmes. Nous étions en public, comme nous sommes les deux seuls à être au parfum de notre histoire : sa grande main sur mon genou tremblant et les mots « je suis là avec toi » ont suffit à calmer mes ardeurs. Cinq minutes après, et grâce à sa présence (dans ma vie et pas seulement ce soir là), il m’a fait oublier les 10 dernières années de ma vie, qui habituellement quand elles réapparaissent me torturent pendant des jours avant d’accepter de retourner près du squelette dans le placard.
En rentrant, je ne sais pas comment le remercier et je m’imagine qu’un sms semble de rigueur : « C’est la seule fois où mon passé rencontre mon avenir ailleurs que dans ma tête, le seul constat que j’ai fait c’est que je me fiche de ce qui a pu m’arriver jusque là, j’ai confiance en l’avenir et g envie d’aller de l’avant. Bonne nuit chéri »
Notre petite vie pépère faisait son petit bonhomme de chemin avec des sms remplis de tendresse, allant du tu vas bien chéri(e) à soigne ta toux... je t’adore. Le « je t’aime » n’a pas été prononcé, ... nous n’avons aucun mal à nous parler, à échanger à se rassurer. Je me rends compte que lui aussi est un homme très seul et très malheureux... très peu sûr de lui et qui a besoin de soutien. Je le lui dis et je lui dis que son masque leurre peut être tout le monde mais pas moi. Que je suis là pour l’homme et non pas l’acteur... encore et encore... que sa célébrité, je ne la partagerais jamais et je ne suis pas du tout flattée de sortir avec l’acteur (la preuve, je ne le dis pas) mais je suis fière d’être avec l’homme, le garçon... qui a besoin de repères pour exprimer ce qu’il a de mieux en lui.
Un jour je reçois un sms « Merci d’être là mon ange .... Merci de me rendre si heureux... tu es je pense la plus belle chose qui me soit arrivée, alors, OUI, je te sens, je te vois, je te veux... et dire que je reprends confiance en moi, et je reprends l’espoir d’aimer qq1 et Dieu sait combien c dur. Alors merci de me voir comme tu le fais... et d’être à mes côtés mon Amour... MERCI »
Je ne sais pas quoi répondre, je n’ai pas envie de répondre, ni de me projeter dans un avenir heureux, ni même de le croire. Mais je ne peux pas le laisser en plan, après une telle révélation.
« Tu me rends au moins la même chose, gt une loque et tu m’as ramenée à la vie. Alors j’aime tellement ce que je vis que je ferais n’importe quoi pour continuer. Je te regarde avec de grands yeux parce que tu le mérites et des g passé l’âge d’idéaliser : tu ES ce mec génial et je suis là avec toi. »
Il me propose de le rejoindre à Milan pour un festival auquel il participe. Je ne sais pas... ça ne me brusque plus mais ça m’effraie. Ne pas y aller me frustrerais. Je ne sais pas quoi dire... Il souhaite m’offrir le séjour. J’accepte à condition que je paie mon billet. Ça m’évitera de me sentir redevable, je ne supporte pas ce sentiment.
Nous négocions les termes du contrat. Et je prends mon billet. Heureuse de pouvoir découvrir son travail en terrain neutre, de pouvoir lui tenir la main pour marcher et l’embrasser à pleine bouche en pleine rue.
Le soir où nous nous séparons pour nous retrouver qq jours plus tard, il se déclare et m’envoie ce « je t’aime » tant attendu, par sms bien entendu.
Je ne me vois pas « transférer ce message » en le renvoyant vers le même numéro. Ce n’est pas ce que je ressens, je ne ressens que de la peur couplée à de la joie... comme une sorte de cocktail euphorisant, favorisant les angoisses.
Je dois lui répondre, les idées fusent mais je ne trouve rien de bien concluant à écrire. J’écris, j’efface... et une heure entière passe.
Je renvoie « G écris une 100aine de lignes que j’ai effacées. Je pense que je chercher tjrs à fuir le moment où on se dit les mots magiques. Tu me touches comme personne ne m’a jamais touchée. J’aime l’homme que tu es avec moi et j’aime la femme que tu me donnes envie d’être pour toi. J’espère que ce bonheur sera inaltérable, parce que s’il reste aussi pur, tu peux me prendre dans tes bras, je t’aime déjà »
Le message n’est pas je t’aime... mais si on reste comme ça, je pourrais t’aimer.
Il répond une chose tout aussi floue : « tu es la femme avec qui je peux passer ma vie, à côté de qui je peux mourir, je ressens un amour profond qui me fait mal quand tu n’es pas là. Alors oui, je t’aime, j’aime la femme que tu es, ma femme.... Mimi soit à moi comme moi je le suis et le serais de toute mon âme. »
Je lui ai juste promis de faire le meilleur de moi-même et il a pris son avion et il est parti. Je le rejoins dans deux jours. Et nous avons passé les deux derniers mois de notre vie, à nous rejoindre tous les deux jours.
Je le rejoins à Milan. Après avoir fait une charmante rencontre dans l’avion, un coach privé de ski... craquant ce petit blond :) Mais je pense que je me suis rangée, vu ma réaction... j’ai été sympa mais très indifférente au numéro de charme qui a fait qu’il m’a envoyé son numéro de téléphone dans les 24h.
D. m’attendait à l’aéroport, avec un petit cadeau sur lequel il a gravé le surnom. Il m’emmène dans un hôtel luxueux pour passer la nuit. La communication est fluide... Nous nous connaissons depuis toujours. Je suis tellement bien avec lui. Le lendemain, nous allons à Folgarida, une station de ski à 3 heures de Milan. Comme de vrais globes trotter, nos valises à la main, comme de parfaits inconnus que nous sommes dans cette ville, ce pays, ce monde.
Un séjour de rêve, où j’ai refusé de me faire entretenir. J’ai payé pour certaines choses histoire de ne pas me sentir « profiter » et d’avoir l’esprit et les sentiments clairs.
Une communion totale... main dans la main, rue après rue, mot après mot. Il ne ressemble en rien à l’idée que je me faisais du couple et de la vie de couple mais il a vraiment tout ce qu’il me faut.
Je n’arrive pas à lui dire « Je t’aime » pourtant lui n’a aucun mal à le dire... mais je sens que je peux mourir dans cette station magnifique à 2000m d’altitude moi qui ai toujours voulu mourir de malheur, là à cet instant t je peux mourir de bonheur.
Alors, je me suis lancée et je l’ai dit : « Je t’aime »... Je me sentais enfin soulagée... enfin libre, enfin moi-même ...
Le lendemain, plus fière que jamais devant son œuvre... je me sentais enfin vivre... Enfin, ma vie avait un sens. Adieu côté bling bling de fille de Flen, qui ne vit que de ça et de ces contrats qu’elle arrache avec une rogne qui traduit son mal de vivre, par pic vis-à-vis d’elle-même, de son père, de son patron et de la société...
Nous sommes dans ce cinéma et je me sens plus proche de lui qui jamais. Quand, dans une foulée de sms et de coups de téléphone qui lui annoncent que le Prince Saoudien est là et qu’il veut le rencontrer.
Nous nous dirigeons vers la réception, il s’avance vers un groupe de personnes. Je suis un peu excitée et tendue.
Il me présente H.Bellagha, son ami peintre qui vit en Italie, une sommité dans son domaine... « Miimii, Honorée... »... et, il continue « Et, ma mère... »
Aïe ! J’avais oublié que la rencontre devait se faire ici.
Historiquement, j’en ai marre de jouer à la parfaite belle fille potentielle, à la parfaite fille de ma mère, à la parfaite fille à marier... Je décide d’être normale... à la limite dédaigneuse. Je m’en fiche que ce soit sa mère... Je la traiterais normalement, comme je traite le peintre et aussi le prince saoudien.
Putain, qu’est ce qu’il me reluque ce vieux depuis qu’on a été présentés!
D. fais son « show » et pendant ce temps, je suis avec sa mère... la discussion est tendue, on n’a rien à se raconter, on ne se connaît pas. Je suis « la » copine, elle est « la » mère, tout est clair. On n’a qu’un sujet commun « D. »
Bon, au bout de 10 min, je montre mon jeu, je ne suis pas la pétasse cruelle et hautaine que j’ai l’air d’être, je suis bien dans ma peau, je travaille, je ramène de l’argent, je fais la prière et je me fiche de la vocation et de la notoriété de votre fils madame ! C’est juste votre petit garçon que je veux !
Elle est jeune, jolie et fine. Elle a l’air discrète et réservée ... mais aussi omniprésente.
Nous dînons, je me lâche complètement, je me fiche des retombées, elle rentre chez son amie, le peintre, je ne le reverrais surement jamais... et quant à moi, quitte à ce que ce soit la dernière nuit dans les bras de mon homme avant la riposte maternelle... c’est moi qui dors avec lui !
Le courant passe, elle est jolie et discrète... son ami peintre est trash et sympa... j’adore ce moment que je passe et je le vois heureux et c’est tout ce dont j’ai besoin. J’en avais marre de le voir jouer un rôle en société et être heureux quand il est seul avec moi.
Mais attends, c’est exactement ce que je vis, moi aussi... Pourtant, je ne suis pas actrice. J’étais juste en mal de vivre avant lui.
La nuit était magnifique, comme chaque nous que nous passons ensemble.
Le lendemain, nous retrouvons la maman, et nous atterrissons dans l’antre du peintre. Un atelier tout droit sorti d’un conte pour enfants adapté pour adultes (Charly and the chocolate factory, Alice in Wonderland, avec un arrière goût de caverne d’Ali Baba, en plein milieu de Milan).
Il m’offre une toile, qu’il a faite pour moi... Il avait dit que D. le lui avait demandé mais il avait émis la condition que lui et moi nous apprécions, avant de le faire.
J’offre le déjeuner pour lui et sa maman, je l’apprécie, elle ne veut que le bonheur de son fils... ça se voit. Elle sortira ses griffes, si seulement je pensais à lui faire du mal. Entretemps, elle comprend bien que je n’ai aucune intention d’aller dans ce sens... ni d’ailleurs de me considérer de la famille... ça ne va ni dans un sens, ni dans l’autre. Et, elle voit expressément que je souhaite rester en dehors du trio infernal. Je parle de ma famille, je banalise pour montrer à quel point nous sommes une famille « normale ». Si elle savait...
Je suis un monstre de manipulation, je sais exactement sur quelles cordes il faut tirer pour gagner la confiance d’une mère. J’excelle à cet exercice. Je savais qu’elle allait m’adorer sans grand effort.
Bingo ! Elle dit à son fils qu’elle m’adore.
Franchement, j’ai fait mon show pour la conquérir... mais bon... en réalité, je pense que j’en aurais pas eu besoin, je n’avais qu’à être moi-même puisqu’elle m’a bien plu. Elle aurait vu mon mal être et ça m’aurait fragilisé.
Je ne suis très bien que quand je suis avec D. Le reste du temps, je ne suis que bonne à travailler, manipuler, cacher, jouer et être la fille de mes parents.
Ma méfiance est croissante dans ce bus, pourtant je ne peux pas lâcher sa main. Il m’accompagne à l’aéroport. Je veux rentrer en courant, retrouver ma maman, pleurer un bon coup et dire : « Maman, je crois que je peux encore aimer, mais j’ai peur ne me lâche pas» et je voudrais greffer ma main à jamais à la sienne, et ne jamais le quitter.
Nous faisons le tour des magasins, je ne veux rien acheter ... Il me force à choisir des trucs pour ma famille... chacun des membres, mes frères, ma mère, ma sœur et même ma grand-mère... j’avais juste envie d’hurler « Stop, stop... arrête cette torture, les choses prennent une tournure trop sérieuse. On ne peut pas rester et vivre ici... où on est inconnus et seuls... » Arrivés à la caisse, il paie.
J’en ai les genoux qui tremblent, je ne sais même pas quoi faire. D’habitude, je remercie ceux qui veulent m’en mettre plein la vue vainement avec leurs cartes de crédit. Je sais que là, il n’a plus un sou mais que qu’il privilégie ma famille.
Là c’est décidé, j’ai envie de rentrer. Mamaaan !
On s’assoit au café de l’aéroport : Bon, je suis solide moi monsieur, alors voilà le deal... je sais que tu es effrayé pour ton avenir professionnel, tu peux compter sur mon soutien, ma présence, mon aide, mon secours, mon objectivité, mon opinion... je serais juste et présente, je te dois bien ça. Il est épaté, rassuré... c’est tout ce qu’il voulait entendre « Nous sommes deux, je suis avec toi... quoiqu’il arrive, ça m’est égal » qui sous entendait « peu m’importe que tu sois déchu de ta place de belle gueule renommée pour ton sourire de travers, peu m’importe que tu te mettes à vendre des patates, je te sens capable de réussir quoi que tu fasses et de toutes façons, ça ne changera jamais ce que je pense de toi. Je veux juste que tu sois heureux »
Je le sens anéanti par le bonheur... l’angoisse des deux côtés été palpable... Je préfère m’en aller quand, il m’attrape par la main « Si tu veux qu’on officialise les choses »... Horrifiée, je suis horrifiée... Mon regard en dis long, il se rattrape « Nos grands mères son vieilles... si un jour il arrive quelque chose, ou si tes parents en sont gênés... Je suis prêt»
« Tu penses vraiment que je peux être la femme de ta vie ? »
« J’en suis sûr ! »
Je l’embrasse et je monte dans l’avion.