Le blues du dimanche soir

Publié le 28 juin 2010 par Sophiel

Qui ne connaît pas cette petite boule insidieuse qui se glisse au creux de l'estomac le Dimanche soir à partir de 18 heures ?

Ca commence dès l'enfance.

Au moment d'aller se coucher, une frimousse malheureuse pointe son nez, les mains sur l'estomac :

- Maman, j'ai mal au ventre...

On tâte, on ausculte, redoutant la gastro, l'appendicite ou autre bactérie qui va nous gâcher le début de semaine (déjà qu'on n'était pas d'humeur...). Mais non, rien, que dalle, on finit par se dire que c'est une ruse pour s'endormir dans le lit de papa-maman et on renvoie illico le petit futé dans son dodo douillet, histoire de profiter de notre soirée jusqu'à minuit, parce que c'est encore le week-end.

Soudain, l'illumination ! Et si la petite boule s'était invitée dans le bidon de notre bébé ?? Quoi, déjà ? Impossible ! A leur âge, no stress, on rigole avec les potos à l'école, on apprend un peu avec la maîtresse et on a trois fois rien comme devoirs vu que c'est interdit par l'Education Nationale !

Pourtant, on s'interroge : S'il est prouvé que les enfants sont plus précoces que nous au même âge, il est donc logique qu'ils le soient en « petite boule ». On rappelle manu militari notre chérubin atteint du virus du Dimanche soir, et on applique la formule « Dialoguez avec vos enfants, ils peuvent comprendre » prônés par les pédopsychiatres (et oui, encore eux !!!).

Le petit arrive, un peu vert il est vrai, on le fait asseoir et on se met en devoir de lui expliquer la vie :

- Mon chéri, ce que tu éprouves en ce moment au creux de ton estomac est le fruit d'un état momentané de stress psychologique. Ceci se traduit par des symptômes physiques tels que les maux de ventre, la migraine, ou bien parfois l'insomnie. La cause se trouve dans ton subconscient qui t'envoie un message, conscient cette fois-ci, de ton mal être. Néanmoins, tu as les capacités intellectuelles de combattre ce passage à vide, tu...

A ce moment-là du discours, le visage de notre garçon vire au vert olive. Sans prévenir, il vomit tout ce qu'il peut sur son pyjama, ce qui fait bien rigoler le père qui, pas plus que le fils, n'a rien capté à nos explications.

Néanmoins, on soutient que les vomissements peuvent aussi être révélateurs de sa détresse psychologique, qu'un tel acte n'est pas anodin et qu'il faut consulter un spécialiste sans tarder !

Le père tente de nous calmer, nous assoit à côté du fiston - enfin, pas trop près quand même, parce qu'il ne sent vraiment pas bon - et nous assène la terrible vérité :

- On reparlera de ta théorie dans quelques années. Je te rappelle que le névrosé en question à deux ans et demi, qu'il ne va pas encore à l'école, qu'il est gardé, chez lui, par une gentille nounou, donc, côté détresse psycho-machin, tu repasseras...

Mais, je suis d'accord avec toi : Si les symptômes persistent, on l'emmènera chez le pédiatre !

On ne dit rien, on nettoie le vomi, on couche le malade avec une dose d'anti-vomitif, se lamentant silencieusement que personne n'ait pensé à soulager notre petite boule à nous.

Car moi, j'ai le blues du Dimanche soir...

En été, point de nouveaux textes (ou presque) mais quelques rediff...