Il m’apparaît plus intéressant de comprendre la polarité dans
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Pour mes trente ans, ma mère et ma sœur ont entrepris de me faire une fête dans le petit appartement où j’ai grandi et dans lequel ma mère vit toujours. Elles avaient créé une exposition avec mes dessins d’enfance. Ma mère m’a également montré, durant la soirée, « mes premiers livres », car j’écrivais des histoires et je prenais soin de faire les illustrations, la page couverture et les reliures de toutes sortes. L'un d'entre eux racontent l'histoire d'une famille ne comprenant pas pourquoi l'ourson en peluche de la plus jeune fille (donc moi) a grossi. À la fin de l'histoire, ils vont chez l'optométriste et s'aperçoivent qu'il s'agissait simplement d'une question de perception, ils avaient tous les yeux croches. Mes films cultes de petites filles jouaient en boucle à l’écran de la télévision du salon. Je revisitais ainsi le petit 4 1/2 de mon enfance, dont les murs étaient tapissés de mes dessins, à travers mes yeux d’adulte.
J’avais l’impression de rendre visite à Dionysos!
Tout ce que je voyais autour de moi était ces petites figures euphoriques qui baignent certainement, encore aujourd’hui, quelque part en dehors de l’espace-temps. Des figures dont le visage ressemble à des fleurs célébraient la vie en offrant parfois des fleurs au soleil. En fait, à l’époque, mon père avait une grosse barbe dont on ne pouvait distinguer la limite avec ses cheveux. C’était frisé, donc ça donnait vraiment l’impression d’une fleur. Je sais que bien des gens, et surtout des poètes quétaines, comparent les femmes à des fleurs. Ce n’est pas pour avoir l’esprit polémique, mais pour moi, ce sont les hommes qui ressemblent à des fleurs. Souvent, j’ajoutais des bulles qui permettaient de voir ce que chaque petite figure euphorique pensait, car je savais bien que tout le monde pensait à quelque chose. Plus le temps avançait, plus les figures étaient développées, évidemment, mais toujours aussi joyeuses de vivre dans le non lieu des pages blanches, feuilles mobiles et carton de construction dont elles ne niaient pas la bidimensionnalité. L’euphorie de mes petits bonshommes éthérés m’apparaissait démesurée tant je les avais souvent dessinés. Au beau milieu de cette célébration de petits hommes euphoriques et entre quelques ballons, je l’ai trouvée, la force antagoniste. C’est un petit dessin créé au crayon-feutre sur une feuille mobile. On y retrouve un char d’assaut et un canon, ainsi qu’un message disant tout simplement : « j’aime la guerre ». Pétrifiant!