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Les friches et la thrombose

Publié le 29 juin 2010 par Fbaillot

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Michel Pacaux et Christian Decocq viennent de présenter en session plénière de la communauté urbaine le rapport qui avait été commandé par Martine Aubry à la “mission d’information et d’évaluation sur les friches industrielles et les pollutions historiques”. Le document qu’ils nous ont remis à cette occasion mérite une lecture attentive.

Les friches industrielles sont le reflet de notre passé laborieux et traduisent à quel point celui-ci a modelé notre paysage, nos traditions, notre culture, notre environnement. Le Nord-Pas-de-Calais comptabilise en effet la moitié des friches nationales, et la métropole lilloise concentre 6673 sites repris dans la “base de données des anciens sites industriels et activités de service”, soit autant que la ville de Paris !

Précisons que toutes ces sites ne sont pas des friches au sens littéral : une friche industrielle est “un espace de plus de 2000m², bâti ou non, inoccupé ou sous utilisé et qui contribue à la déqualification d’un territoire”. Sur les 6673 sites métropolitains cités plus haut on ne dénombre “que” 156 friches stricto sensu.

Précisons par ailleurs que notre commune ne comporte pas de friche, mais néanmoins 29 sites “BASIAS” et 5 “installations classées pour la protection de l’environnement”, qui peuvent être source de nuisances pour la santé, la salubrité du voisinage, ainsi que pour l’agriculture, l’environnement, la protection de la nature et la conservation du patrimoine.

Ce patrimoine est particulièrement encombrant pour nous et pour nos héritiers.

En premier lieu, les activités que ces espaces abritaient étaient particulièrement polluantes, et nécessitent des chantiers gigantesques pour se débarrasser des effets qui perdurent. Parfois même, il n’existe pas de solution de dépollution, hormis la patience de plusieurs générations.

Ensuite, ces vieilles cathédrales de l’industrie constituent souvent des verrues peu appréciées des riverains, des responsables politiques, des visiteurs.

Mais parallèlement, ces espaces abandonnés représentent un formidable fantasme pour la reconquête des villes victimes de la désindustrialisation, une réserve foncière, souvent au centre des cités, à proximité des voies de communication. Beaucoup a déjà été fait, et l’inauguration à Lomme de Euratechnologie sur le magnifique site d’une ancienne filature en est un peu l’emblème : du passé, on peut ne pas faire table rase, et retrouver de l’activité, du dynamisme là où l’abandon semblait inéluctable.

Bref, les friches industrielles constituent une richesse, notre richesse. Mais les enjeux ne sont pas minces : reconvertir ces lieux du passé pour des projets pleins d’avenir, c’est possible, mais cela nécessite la mobilisation de beaucoup de moyens, à une époque où l’argent public se fait rare. C’est pourtant un impératif : si nous voulons préserver nos espaces de nature, il nous faut retrouver des cœurs de villes, des espaces urbains denses où l’habitat et l’activité font bon ménage.

La reconquête des friches industrielles représente aussi la perspective de décongestionner les axes lourds de circulation, et notamment l’autoroute A1 que nous connaissons si bien : si l’on réinstalle des activités près des zones d’habitat, on fait reculer artihmétiquement l’utilisation de la voiture…

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