Comme d'aucuns le savent, 92% des billets écrits par les blogueurs sur la grande toile prient les lecteurs d'excuser une production famélique, comme si les blogueurs devaient quoi que ce soit à leur lectorat. Ou bedon ils tentent de trouver l'inspiration en parlant de leur manque d'inspiration. Oui, ce manque peut mener à des textes intéressants, bien que pas tous, comme en font fois les «Qu'est-ce que tu veux qu'un chanteur chante?» de Claude je-coupe-la-file et «écris-moi des mots qui sonnent; écris-moi des lignes qui swiguent comm’ du Sting (ça c'est de la rime!); qui sonnent comm’ du Jackson (houuuuuu!)» du frisé aux lunettes fumées. Voici pourquoi je préfère souvent me taire.
Mais je m'égare, car mon silence n'est pas causé par un manque d'inspiration mais bien de temps.
Pourtant je suis à la maison à temps plein depuis 2 mois, seul avec le plus jeune des héritiers (la plus vieille va à la garderie causer princesses et «paille de maine - piouuuu! piouuu, les toiles d'araignées...» et Dame V. va gagner le beurre et la croûte et la mie). Alors, pourquoi n'écris-je pas? Il n'a qu'un an après tout, ce bébé, il fait des siestes, il ne parle pas, il ne marche même pas encore…
Dès avril, je m'étais fixé comme objectif de faire le ménage d'une pièce par jour et de prendre le café avec les amis quelques fois par semaine. Puis j'ai révisé l'objectif à une pièce et un café par semaine. Puis… Aujourd'hui, je marche sur les céréales molles pieds nus sans sourciller et quand un ami appelle, j'ai trop mal au dos pour aller répondre et je préfère rester assis sur le plancher au milieu des blocs et des couches sales. Il me reste les soirées, après 20h30, quand la maison devient silencieuse. J'ouvre alors le fichier «ZeRoman» et le temps de m'y replonger, mon cerveau supplie pour une tonalité fixe.
Comment ils font tous les autres? Ceux qui écrivent des romans malgré leur progéniture? Comment ils font, tous ces Véronique-et-Louis de ce monde pour avoir une vie créative et familiale et sociale? La mienne se résume habituellement à Facebook où je lis les petites pensées de mes amis… Mais il ne faut pas que j'y passe trop de temps, car chaque fois que l'un d'eux écrit «je m'emmerde» ou «petite soirée plate à ne rien faire», j'ai des envies d'étranglement.
On me souffle que tout cela passe, que plus les enfants vieillissent, plus les parents ont d'espace. Mais je soupçonne que ce soit une promesse pour me faire tenir le coup, qu'arrivé à la rivière, il n'y ait pas de pont.
J'exagère, je rigole, vous le savez bien. La preuve est que j'ai pris le temps d'écrire ce billet.
Et ç'a ne m'aura pris que 3 jours.