Magazine Journal intime

Etats généraux des mères au foyer : 6e témoignage

Publié le 30 juin 2010 par Frédérique Paresseuse

La mère joie

C'est au tour d'une blogueuse de témoigner aujourd'hui. Son pseudo ? La mère joie. Tout un programme...

Qui es-tu ?

Je suis la Mère Joie, 36 ans, actuellement en Congé Parental d’Education et arrêtée dès la 4ème semaine de grossesse de mon deuxième. Par conséquent, je ne travaille pas depuis trois ans.

Combien as-tu d’enfants ?

J’ai deux mioches : Mademoiselle Commandante, 11 ans ¾ au Collège et le Grognard, 2 ans ½ en apprentissage de la propreté.

Quel boulot faisais-tu avant ?

Je travaillais avec des groupes dans le social et en milieu rural.

Pourquoi as-tu fait le choix de rester chez toi ?

C’est un choix tout à fait égoïste, pas forcément centré sur le bien-être de mes gosses. Pour des raisons pratiques et économiques entre autres. Il y a aussi le choix de pouvoir passer plus de temps en famille. Et finalement, ce qui en ressort, ce qui est important pour moi, c’est de pouvoir donner l’éducation que je souhaite pour mon Grognard à temps complet et de le voir évoluer au quotidien.

Pourquoi toi et pas lui ?

J’avais envie d’un allaitement exclusif long, pour lequel les besoins gargantuesques du Grognard étaient peu conciliables avec mon emploi et peu conciliables avec les tétons d’un homme.

Pis mon Légionnaire est bien mieux rémunéré que moi et étant enseignant, avait déjà toutes les vacances scolaires et ses mercredis.

Cela dit, ce dernier a déjà été homme au foyer une année avec Mademoiselle Commandante alors que je travaillais et il adore ça !

Décris une journée type :

Je ne vais pas décrire une journée type car elles se ressemblent de moins en moins. Je m’adapte à l’humeur et aux demandes du Grognard. Donc s’il le faut, je laisse tout tomber pour me consacrer entièrement à lui. Je vois au jour le jour pour essayer de trouver le meilleur équilibre entre ce que j’ai à faire, ce que je veux faire et l’attention que mon fils nécessite parce qu’un gamin de cet âge sans compagnie (sa sœur part très tôt et rentre très tard depuis sa rentrée en sixième) s’ennuie et qu’il ne fait plus de siestes depuis belle lurette. Certaines journées sont très fatigantes, bien occupées et très longues en même temps.

Je dois bien avouer que depuis que je mets le Grognard cinq heures par semaine à la halte-garderie (j’ai eu la grande chance d’obtenir une place rapidement il y a six mois) et trois heures par mois chez la nourrice (ainsi, je conserve un mode de garde en cas d’urgence), il est devenu plus autonome et j’ai nettement plus de temps pour moi. J’en profite pour écrire. Et lui qui était très demandeur de l’extérieur se socialise et découvre d’autres fonctionnements que le nôtre (nous vivons très isolés). Lui lâcher la grappe nous a fait du bien à tous les deux, même si ça a été très très dur pour moi au départ.

Finalement, je ne suis seule en continu avec lui que les mardis, jeudis et vendredis.

Qu’est-ce qui te manque le plus de ta vie d’avant ?

Je suis obligée de parler de mon blog car pour moi, il est un réel palliatif à mon métier. Mine de rien, il y a beaucoup de similitudes entre les deux.

Maintenant, le travail d’équipe, mes collègues me manquent. La baisse de revenus est lourde. Et j’ai besoin d’avoir chaque jour un temps où je décompresse, seule. Quand je travaillais, je l’avais en conduisant. Là, je ne m’autorise pas à le prendre. Si j’ai du temps seule, j’écris encore, je ne me pose pas.

Et le moins ?

J’apprécie de ne pas avoir de comptes à rendre à un boss (bon, j’avais quand même une très grande liberté dans mon job), de ne pas courir partout mais surtout de gérer mon planning comme je l’entends et de ne pas être la seule de la maison à travailler durant les vacances scolaires.

Alors heureuse de ta nouvelle vie ?

Ou plutôt de l’ancienne car cette pause professionnelle touche à sa fin…

Je dirais plutôt enrichie qu’heureuse. Heureuse, je l’étais aussi en bossant.

Ca m’a permis des expériences différentes et j’ai bien vécu mon CPE parce que les circonstances étaient favorables (mari très présent et aidant contrairement à quand Mademoiselle Commandante était bébé puisqu’il n’avait pas la même profession) et que j’étais prête à cela, plus mûre.

Une mauvaise surprise ?

La crise des deux ans du Grognard fut épouvantable. J’avais pas connu une telle intensité avec Mademoiselle Commandante et je ne devais pas la supporter toute la journée à l’époque. Je me serais tiré une balle par moments…

J’ai aussi plus tendance à me renfermer sur moi-même. Hors Internet, ça me demande un effort d’aller vers les autres en vrai.

Une bonne surprise ?

Une merveilleuse surprise ! La redécouverte de moi-même et des enfants en tant que personnes dans leur stade d’enfants. Ca a été une révélation. Je ne vois plus les enfants de la même façon.

Comment envisages-tu l’avenir ?

L’avenir… Je suis en plein dedans ! J’ai un métier et une place qui m’attendent (normalement, on ne sait jamais) et ça m’a sécurisée pendant tout mon CPE.

Pour mon retour, je veux renégocier mon contrat pour dégager du temps et mes conditions de travail. Je désire poursuivre un travail personnel d’écriture en parallèle.

Des comptes à régler ? Une grande envie de crier ? C’est le moment où jamais :

Ah ben complètement ! Alors je vais en profiter.

Que les femmes se soutiennent dans leurs choix au lieu de se tirer dans les pattes !

Que le choix de l’une ne remette pas en cause le choix (relatif parfois car le choix peut être par défaut) de l’autre !

Que la mère au foyer (je généralise grossièrement volontairement) cesse de croire qu’elle est une meilleure mère pour ses gosses (elle préserve simplement davantage leur rythme) et que les femmes actives (je généralise toujours volontairement) arrêtent de culpabiliser / « se victimiser avec les doubles journées » (car s’occuper correctement d’enfants, c’est du travail et ce n’est pas s’avancer dans le ménage - du moins, moi je ne le conçois pas comme cela. Je crois qu’on confond souvent Congé Parental d’Education avec le mot éducation dedans avec Agent d’entretien responsable accessoirement de bouches à nourrir).

On n’aime pas toutes être avec des enfants 24h/24 (et pour être à la maison avec des mioches, faut vraiment avoir de la patience), on n’a pas toutes les mêmes aspirations, on n’a pas toutes les mêmes possibilités. Point barre.

Quant aux mamans au foyer avec des gamins tous scolarisés, pourquoi leur reprocher de vivre à la cool ? Qu’est-ce qui dérange tant que ça ? Ne sont-elles pas tout bonnement jalousées parce qu’elle peut se le permettre, elles ? Les gens bosseraient-ils tous s’ils n’avaient plus besoin financièrement de travailler ?

La seule chose risquée de mon point de vue pour les femmes au foyer hors-cadre (exemple CPE) et qui est une mise en garde bienveillante : c’est la dépendance financière au conjoint et le fait de passer à côté d’une partie de sa vie s’il n’y a pas d’activités annexes à la famille car les enfants ne rendront rien en échange de nos bons et loyaux services.

Bref, femmes, faites les choix pour vous !


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossiers Paperblog