On lui a fait payer une amende. Puis il a été livré à la police, menotté, conduit au poste, déshabillé, fouillé, bousculé, intimidé.
Il pleure franchement désormais et je me sens très indiscret. Ses yeux sont grands, brillants, ombrés, ses oreilles percées.
Les gendarmes ont relevé le numéro de son passeport, le nom de ses connaissances. Il doit présenter le lendemain un billet de retour qu'il n'a pas. Et fini le jonglage dans les rues!
Comment va-t-il gagner sa vie? Comment les gens chez qui il dormait lui garderont-ils leur confiance? Un voleur!
Je regarde le paysage urbain derrière la vitre. Des bannières rouges signalent un fast-food américain. Les affiches célèbrent du fromage et des expositions.
Je suis du bon côté. Ce n'est qu'un artiste de rue que je frôle pendant quelques instants, puis je l'oublierai. Son monde n'est pas le mien. Il ne me viendrait même pas à l'idée, à moi, de voler une paire de chaussettes.