Ayant un
jour rencontré des personnes qui médisaient des autres, je me donnai la liberté
de les reprendre avec sévérité. Or voici ce qu'elles répondirent à ma
correction, et l'excuse que m'alléguèrent ces langues médisantes: «Nous ne
parlons de la sorte, me dirent-elles, que par des motifs de la plus ardente
charité, et par le désir sincère que nous avons de procurer le salut à ceux
dont nous blâmons la conduite.» A cette réponse, je vous avoue que je répartis
avec émotion : «Courage, mes amis; avec une charité semblable vous pourrez
accuser de mensonge cet oracle du Saint-Esprit : Je perdrai ceux qui
médisent en secret de leur prochain (Ps 100,5). Malheureux ! Si vous aimez
véritablement ces personnes, offrez pour elles à Dieu des prières secrètes et
ferventes; mais ne blessez pas leur réputation par des paroles infamantes, car
la meilleure manière d'aimer nos frères, c'est de prier Dieu pour eux : c'est
là la conduite qui plaît au Seigneur.»
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la Médisance.»
(RU)