Magazine Journal intime

De quelques intellectuels qui nous restent…

Publié le 02 juillet 2010 par Alainlecomte

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Après mes billets récents sur « Finkie » et sur Onfray, on pourrait croire que je passe mon temps à ironiser sur les philosophes français. Non, ce n’est pas le cas, il ne s’agissait d’ailleurs que de ce que le texte suivant appelle « l’intelligentsia médiatique ». Il reste fort heureusement, dans le paysage intellectuel français, quelques penseurs lucides, qui savent remettre à l’endroit « l’ordre des effets et des causes », voici ce que répond, dans « le Monde » daté du 2 juillet, le philosophe Jacques Rancière à une question portant sur l’apparent dépérissement de la pensée en France :

Sur le fond des choses, il est certain que, depuis trente ans, la réac­tion académique, le retour procla­mé à la bonne vieille philosophie politique et le poids de la pensée dite républicaine ont fermé la France ou ont marginalisé ses chercheurs et chercheuses par rap­port aux recherches qui se déve­loppaient notamment dans le monde anglo-saxon : études posl-coloniales, travaux sur le genre et critiques des identités. Quelle par­ticipation aux discussions sur la pensée postcoloniale attendre dans un pays où les législateurs commandent d’enseigner les « aspects positifs de la colonisa­tion» et où l’intelligentsia média­tique déverse jour après jour ses fantasmes anti-arabes et antimu­sulmans ?

Cette France-là assurément n’in­téresse personne à l’étranger. Il n’en va pas de même pour celles et ceux qui poursuivent l’effort des penseurs des années 1960 pour redéfinir l’image de la pensée, les formes de la communauté et les voies de l’émancipation. On dira que c’est une France de morts et de septuagénaires. Mais la ferveur avec laquelle les premiers sont lus et les seconds écoutés par les jeu­nes qui veulent aujourd’hui chan­ger le monde permet de penser que le travail d’étouffoir a atteint ses limites et que de nouvelles audaces de pensée vont naître.


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