Fête du Précieux Sang

Publié le 04 juillet 2010 par Hermas

LA FETE ET LE MOIS DU PRECIEUX SANG DE NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST

Située alors dans l’octave de la Nativité de Saint Jean Baptiste, la Fête du Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ était célébrée le 1° dimanche du mois de Juillet.

LE Ier DIMANCHE DE JUILLET. LA FÊTE DU PRECIEUX SANG DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST.

(cf. Dom Guéranger, année liturgique

Jean-Baptiste a montré l'Agneau, Pierre affermi son trône, Paul préparé l'Epouse: œuvre commune, dont l'unité fut la raison qui devait les rapprocher de si près tous trois sur le Cycle. L'alliance étant donc maintenant assurée, tous trois rentrent dans l'ombre ; et seule, sur les sommets où ils l'ont établie, l'Epouse apparaît, tenant en mains la coupe sacrée du festin des noces. Tel est le secret de la fête de ce jour. Son lever au ciel de la sainte Liturgie, en la saison présente, est plein de mystère. Déjà, et plus solennellement, l'Eglise a révélé aux fils de la nouvelle Alliance le prix du Sang dont ils furent rachetés, sa vertu nourrissante et les honneurs de l'adoration qu'il mérite. Au grand Vendredi, la terre et les cieux contemplèrent tous les crimes noyés dans le fleuve de salut dont les digues éternelles s'étaient enfin rompues, sous l'effort combiné de la violence des hommes et de l'amour du divin Cœur. La fête du Très-Saint-Sacrement nous a vus prosternés devant les autels où se perpétue l'immolation du Calvaire, et l'effusion du Sang précieux devenu  le breuvage des humbles et l'objet des hommages des puissants de ce monde. Voici que l'Eglise, cependant, convie de nouveau les chrétiens à célébrer les flots qui s'épanchent de la source sacrée :

Qu'est-ce à dire, sinon, en effet, que les solennités précédentes n'en ont point sans doute épuisé le mystère ? La paix faite par ce Sang dans les  bas lieux comme sur les hauteurs ; le courant de ses ondes ramenant des abîmes les fils d'Adam purifiés, renouvelés, dans tout l'éclat d'une céleste parure; la table sainte dressée pour eux sur le rivage, et ce calice dont il est la liqueur enivrante : tous ces apprêts seraient sans but, toutes ces magnificences demeureraient incomprises, si l'homme n'y  n’y voyait les avances d'un amour dont les prétentions entendent n'être dépassées par les prétentions d'aucun autre amour. Le Sang de Jésus doit être pour nous à cette heure le Sang du Testament, le gage de l'alliance que Dieu nous propose la dot constituée par l'éternelle Sagesse appelant les hommes à cette union divine, dont l'Esprit de sainteté poursuit sans fin la consommation dans nos âmes. Et c'est pourquoi la  présente Fête, fixée toujours à quelqu'un des Dimanches après la Pentecôte, n'interrompt point l'enseignement qu'ils ont mission de nous donner en ce sens, mais le confirme merveilleusement au contraire.

«  Ayons donc confiance, ô mes Frères, nous dit l'Apôtre; et, par le Sang du Christ, entrons dans le Saint des Saints. Suivons la route nouvelle dont le secret est devenu nôtre, la route vivante qu'il nous a tracée au travers du voile, c'est-à-dire de sa chair. Approchons d'un cœur vrai, d'une foi pleine, purs en tout, maintenant ferme la profession de notre inébranlable espérance; car celui qui s'est engagé envers nous est fidèle. Excitons-nous (Exode XXIX, 8) chacun d'exemple à l'accroissement de l'amour . Et que le Dieu de paix qui a ressuscité d'entre les morts notre Seigneur Jésus-Christ, le grand Pasteur des brebis dans le Sang de l'Alliance éternelle, vous dispose à tout bien, pour accomplir sa volonté, pour que lui-même fasse en vous selon son bon plaisir par Jésus-Christ, à qui soit gloire dans les siècles des siècles (Hébreux IX, 20) ! 

Nous ne devons pas omettre de rappeler ici que cette fête est le monument de l'une des plus éclatantes victoires de l'Eglise au dernier siècle. Pie IX avait été chassé de Rome, en 1848, par la Révolution triomphante; dans ces mêmes jours, l'année suivante, il voyait rétablir son pouvoir. Les 28, 29 et 30 juin, sous l'égide des Apôtres, la fille Aînée de l'Eglise, fidèle à son glorieux passé, balayait les remparts de la Ville éternelle ; le 2 juillet, fête de Marie, s'achevait la conquête. Bientôt un double décret notifiait à la Ville et au monde la reconnaissance du Pontife, et la manière dont il entendait perpétuer par la sainte Liturgie le souvenir de ces événements. Le 10 août, de Gaëte même, lieu de son refuge pendant la tourmente, Pie IX, avant d'aller reprendre le gouvernement de ses Etats, s'adressait au Chef invisible de l'Eglise et la lui confiait par l'établissement de la Fête de ce jour,  lui rappelant que, pour cette Eglise, il avait versé tout son Sang. Peu après, rentré dans sa capitale, il se tournait vers Marie, comme avaient fait en d'autres circonstances Saint Pie V et Pie VII ; le Vicaire de l'Homme-Dieu renvoyait à celle qui est le Secours des Chrétiens l'honneur de la victoire remportée au jour de sa glorieuse Visitation, et statuait que la fête du 2 juillet (note : fête de la Visitation, dans le rite tridentin, toujours en vigueur dans  des paroisses, dans des Communautés, des Séminaires, et des couvents, déplacée le 31 mai depuis la réforme liturgique de 1969) serait élevée du rite double-majeur à celui de seconde classe pour toutes les Eglises : prélude à la définition du dogme de la Conception Immaculée, que l'immortel Pontife projetait dès lors, et qui devait achever l'écrasement de la tête du serpent.

Le mois de juillet était plus particulièrement à la dévotion envers le Précieux Sang de Jésus. Et l’on y récitait en particulier les Litanies du Précieux Sang, qui suivent. La fête a été supprimée avec la réforme liturgique de 1969. Il ne faut pas pour autant oublier cette pieuse pratique qui s’inscrit dans la tradition vivante de l’Eglise. En effet, les jours où le prêtre peut célébrer la Messe « de la férie » (du dimanche précédent) car il n’y a pas de mémoire obligatoire d’un Saint, il lui est possible, et on peut que recommander cette pratique, de célébrer une Messe votive, et notamment, le jeudi, la Messe votive du Très précieux Sang de Jésus. Il est recommandé aussi dé réciter les Litanies du Précieux de Jésus, qui se trouvent toujours dans le Rituel Romain.

Hymne Des Premières Et Des Deuxièmes Vêpres

1 –Que les chants de fête résonnent sur les places de la cité ;

Que la joie éclate au front des citoyens,

Et que tenant en mains les torches enflammées,

Enfants et les vieillards s’avancent dans un ordre parfait

2 -Mourant sur l’arbre de douleur

Le Christ par mille blessures a répandu son Sang.

Nous qui honorons ce fait sauveur, dans notre gratitude,

Il nous convient au moins de répandre nos larmes.

3 – Le crime du Premier Adam

Avait attiré sur le monde une ruine terrible :

Mais par son innocence et son amour

Le nouvel Adam est venu nous rendre la vie à tous.

4 - Si le Père Souverain a entendu du haut du Ciel

Le grand cri de son Fils mourant,

N’a-t-il pas dû plutôt, apaisé par son Sang

Nous accorder son pardon.

5 – Tous ceux qui lavent leur robe dans ce Sang,

La purifie de ses taches, avec cet éclat empourpré

Qui les fait  aussitôt ressembler à des Anges

Et plaire au Divin Roi.

6 – Que désormais plus personne ne s’écarte par inconscience du droit chemin ;

Mais qu’on s’efforce d’atteindre le terme final ;

Dieu qui nous soutient sur le chemin

Accordera une noble récompense.

7 – Soyez-nous propice ô Père tout-puissant,

Afin que ceux que vous avez rachetés par le Sang de votre Fils

Et que vous consolez par l’Esprit de Paix,

Soient conduits vers la hauteurs célestes.

Amen

V/. Daignez donc secourir vos serviteurs,

R/. Que vous avez rachetés de votre précieux Sang.

Prions :

Si cette fête doit passer comme toute fête ici-bas, son objet reste et fait le trésor du monde. Qu'elle soit pour chacun de nous, comme elle l'est pour l'Eglise, un monument des plus sublimes faveurs du ciel. Puisse chaque année, en ramenant son passage sur le Cycle, trouver en nos cœurs de nouveaux fruits d'amour éclos sous la rosée féconde du Précieux Sang. Amen

Voici l'Hymne des Matines de la fête,

Le Créateur, dans sa juste colère,

a sous les eaux vengeresses englouti l'univers coupable,

Noé seul étant sauvé dans l'arche ;

puis la merveilleuse violence de l'amour a lavé dans le Sang l'univers.

Imbibée d'une telle pluie de salut,

l'heureuse terre, qui n'abondait qu'en  épines, a produit des fleurs;

et l'absinthe a pris le goût du nectar.

Soudain le serpent cruel a perdu son poison funeste,

 et des bêtes féroces est tombée la fureur :

du doux Agneau blessé telle fut la victoire.

O de la science souveraine profondeur insondable !

O suavité jamais assez louée d'un cœur rempli d'amour !

L'esclave était digne de mort, le Roi subit la peine dans sa bonté.

Quand par des fautes nous provoquons la colère du Juge,

alors mettons-nous sous l'abri de ce Sang toujours prêt à plaider pour nous :

l'armée des maux suspendus sur nos têtes alors se dissipera.

Racheté par vous, plein de vos dons, que l'univers vous loue en sa reconnaissance,

ô guide de l'éternel salut, divin auteur de la grâce,

qui possédez avec le Père et l'Esprit les royaumes bienheureux.

Amen.

Litanies du Précieux-Sang

Rituel Romain, titre XI, ch. 3 ; approuvées par S. S. Jean XXIII le 24 fév. 1960.

Indulgence partielle (Enchiridion indulgentiarum, 1999, concession 22)

Sources : . texte latin: AAS 52 (1960), 412-413

LATIN

FRANCAIS

Kýrie, eléison.
Christe, eléison.
Kýrie, eléison.


Christe, audi nos.
Christe, exáudi nos.


Pater de cælis, Deus, miserére nobis.
Fili, Redémptor mundi, Deus, miserére nobis.
Spíritus Sancte, Deus, miserére nobis.
Sancta Trínitas, unus Deus, miserére nobis.


Sanguis Christi, Unigéniti Patris ætérni, salva nos.
Sanguis Christi, Verbi Dei incarnáti, salva nos.
Sanguis Christi, Novi et Ætérni Testaménti, salva nos.

Sanguis Christi, in agonía decúrrens in terram, salva nos.

Sanguis Christi, in flagellatióne prófluens, salva nos.
Sanguis Christi, in coronatióne spinárum emánans, salva nos.
Sanguis Christi, in Cruce effúsus, salva nos.
Sanguis Christi, prétium nostrae salútis, salva nos.
Sanguis Christi, sine quo non fit remíssio, salva nos.

Sanguis Christi, in Eucharístia potus et lavácrum animárum, salva nos.
Sanguis Christi, flumen misericórdiæ, salva nos.
Sanguis Christi, victor dǽmonum, salva nos.
Sanguis Christi, fortitúdo mártyrum, salva nos.
Sanguis Christi, virtus confessórum, salva nos.
Sanguis Christi, gérminans vírgines, salva nos.
Sanguis Christi, robur periclitántium, salva nos.

Sanguis Christi, levamen laborántium, salva nos.

Sanguis Christi, in fletu solátium, salva nos.
Sanguis Christi, spes pæniténtium, salva nos.
Sanguis Christi, solámen moriéntium, salva nos.
Sanguis Christi, pax et dulcédo córdium, salva nos.
Sanguis Christi, pignus vitæ ætérnae, salva nos.
Sanguis Christi, ánimas líberans de lacu Purgatórii,

salva nos.
Sanguis Christi, omni glória et honóre digníssimus,

salva nos.


Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, parce nobis, Dómine.
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, exáudi nos, Dómine.
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, miserére nobis.


V/. Redemísti nos, Dómine, in sánguine tuo.
R/. Et fecísti nos Deo nostro regnum.


Orémus.
Omnípotens sempitérne Deus,
qui unigénitum Fílium tuum mundi Redemptórem constituísti,
ac eius sánguine placári voluísti:
concéde, quǽsumus,
salútis nostræ prétium ita venerári,
atque a præséntis vitæ malis eius virtúte deféndi in terris,

ut fructu perpétuo lætémur in cælis.
Per eúndem Christum Dóminum nostrum. R/. Amen.

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.


Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.


Père du Ciel, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui est un seul Dieu, ayez pitié de nous.


Sang du Christ, fils unique du père éternel, sauvez-nous.
Sang du Christ, Verbe de Dieu incarné, sauvez-nous.
Sang du Christ, de la nouvelle et éternelle Alliance, sauvez-nous.
Sang du Christ, répandu sur la terre pendant son agonie, sauvez-nous.
Sang du Christ, versé lors de la flagellation, sauvez-nous.
Sang du Christ, jaillissant au couronnement d'épines, sauvez-nous.
Sang du Christ, répandu sur la croix, sauvez-nous.
Sang du Christ, prix de notre Rédemption, sauvez-nous.
Sang du Christ, sans lequel il n'est point de rémission, sauvez-nous.
Sang du Christ, nourriture eucharistique et purification des âmes, sauvez-nous.
Sang du Christ, fleuve de miséricorde, sauvez-nous.
Sang du Christ, victoire sur les démons, sauvez-nous.
Sang du Christ, force des martyrs, sauvez-nous.
Sang du Christ, vertu des confesseurs, sauvez-nous.
Sang du Christ, source de virginité, sauvez-nous.
Sang du Christ, salut en tous nos périls, sauvez-nous.
Sang du Christ, soulagement de ceux qui peinent, sauvez-nous.
Sang du Christ, consolation dans les larmes, sauvez-nous.
Sang du Christ, espoir des pénitents, sauvez-nous.
Sang du Christ, secours des mourants, sauvez-nous.
Sang du Christ, paix et douceur des âmes, sauvez-nous.
Sang du Christ, gage de vie éternelle, sauvez-nous.
Sang du Christ, qui libère les âmes du purgatoire, sauvez-nous.
Sang du Christ, digne de tout honneur et de toute gloire, sauvez-nous.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

V/. Vous nous avez rachetés, Seigneur, dans votre Sang.
R/. Et vous avez fait de nous un royaume pour notre Dieu.

Prions.
Dieu tout-puissant et éternel,
qui avez fait de votre Fils unique le Rédempteur du monde
et avez voulu que son Sang obtienne le pardon :
accordez-nous

de vénérer avec tant d’amour ce prix de notre rachat,
et d’être si bien protégés par lui contre les maux de cette terre,
que nous goûtions sans fin la joie du ciel.
Par le même Jésus-Christ, notre Seigneur. R/. Amen.