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Soixanteetun

Publié le 04 juillet 2010 par Rafetnol
Résumé de l'épisode précédent : Elle est belle, elle suit un inconnu qui ne l'a pas remarquée, elle tombe dans les griffes de l'infâme Dr VonSchrecklichSOIXANTEETUNQuelques semaines plus tard... Aussi loin qu'ils pouvaient s'en souvenir, leur amour avait l'évidence de la rencontre d'Adam et Eve. Il leur semblait qu'ils avaient toujours vécu ici, dans ces quelques pièces et ce grand jardin clos ; avec ce drôle de serviteur muet qui mesurait près de deux mètres en hauteur comme en largeur, qui était affublé d'une bosse sur l'épaule droite et d'une jambe plus courte que l'autre, terminée par un morceau de bois mal taillé et dont les gestes, d'une douceur incomparable, lui conféraient la grâce d'une danseuse de ballet.   SOIXANTEETUNLeurs journées étaient entièrement dévouées à la luxure. Et aussi loin qu'ils s'en souviennent, ils n'avaient jamais eu d'autre activité ni d'autre goût. Ils parlaient peu, généralement dans le simple dessein de mieux guider leur plaisir, ou sinon pour en partager les sensations. Leur serviteur les visitait, cinq ou six fois par jour, pour leur porter un repas léger et frais fait de fruits et de boissons discrètement sucrées et enivrantes ou pour les conduire au bain où généralement ils se livraient à la même activité que dans les autres pièces ou dans le jardin.
SOIXANTEETUNLe temps, dans ces conditions, s'écoulait comme l'eau dans le grand bassin où ils se baignaient : sur un rythme immuable et accompagné d'un son frais et cristallin. Jamais ils n'eurent la moindre sensation du nombre d'heures, de jours, de semaines, de mois ou d'années qui avaient pu s'écouler depuis le premier instant et, si l'éternité n'avait pas de sens pour eux, ils en expérimentaient un peu plus chaque jour les vertus que tout physicien aurait aimé théoriser. Et ce bonheur était tel que ni lui, ni elle, ne céda à la tentation d'ouvrir une porte qui leur avait été défendue depuis toujours, même s'ils ignoraient qui le leur avait défendu.
SOIXANTEETUNPendant les quelques semaines qui séparent la capture de la jeune fille de ce moment où nous les retrouvons, l'infâme Dr VonSchrecklich fuma avec impatience dans son bureau. Son assistante lui rendait visite cinq ou six fois par jour pour lui faire compte rendu des activités des deux jeunes gens. Tableaux et graphiques s'accumulaient, aux murs et en tas sur son bureau, prévoyant un final que VonSchrecklich attendait comme un volcan attend d'entrer en éruption. Quel odieux tour le savant nazi avait il encore manipulé?
****George Delerue - Thème de Camille (B.O.F. Le Mépris de Jean-Luc Godard)
****A suivre...
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